L'Itw rpZ: Wild Pich

Parce qu’il n’y a pas que les mcs dans la vie, repreZent s’en va aussi vers les djs pour apprendre à connaître ceux qui nous font bouger chaque week-end… et qui d’autre que ce vieux briscard de Wild Pich pour nous raconter ses débuts et donc aussi les premières soirées hiphop à Lausanne.

Blaze : Wild Pich
Âge : 38 ans
Ville : Lausanne
Discographie : Mixtapes « Wild Pich 1 à 23 » + Classics R’n’B 1 à 3 + Classics Hip Hop 1 et 2, diverses collaborations sur quelques projets avec d’autres DJ’s.
Liens : wildpich.com ou sur fb Dj Wild Pich ou Wild Pich

Pourrais-tu nous décrire, en quelques mots, qui tu es et décrire ton travail et
ton parcours ?

Très jeune je me suis découvert une passion pour partager la musique, un besoin très fort de ne pas être seule dans mon coin pour écouter les morceaux que j’aime. J’ai commencé par rapper, avec quelques scènes dont la Dolce Vita à Lausanne et la Coupole à Bienne. Très vite je me suis tourné vers le deejaying qui n’était pas très répandu à cette époque. Il n’y avait pas de clubs qui diffusaient la musique qu’on écoutait à part quelques endroits spécialisés comme la Coupole ou lors de concert tels que De La Soul, Public Enemy, Caveman, Silver Bullet, Ice T, etc.
DJ Sebb est à l’origine de notre première collaboration pour l’organisation d’une soirée sauvage en plein air au stade de Vidy (il y avait une prise !). Ensuite sont venues les premières soirées organisées à la maison du peuple par Ron T, puis la Dolce Vita s’est mise a organiser des soirées Hip Hop régulièrement, auxquelles DJ Sebb et moi-même étions souvent bookés (un été, je me souviens avoir mixé 7 samedis de suite). Pour l’anecdote, c’était le dessinateur Mix & Remix qui faisait nos affiches et flyers, avec l’humour qu’on lui connaît.
Les soirées se sont enchaînées et j’ai commencé à tourner dans toute la Suisse (Genève, Neuchâtel, Martigny, Zurich, Bienne, Berne, etc.). À noter également de nombreuses collaborations avec NPro qui à la base m’avait proposé d’être DJ exclusif pour sa structure, ce qui au final ne s’était pas réalisé. Quelques dates aussi pour accompagner Sens Unik lors d’une de leur tournée.
Étant friand de vinyls et sans doute par peur de ne plus pouvoir m’en procurer de nouveaux, un ami et moi avons décidé de reprendre le magasin Tracks qui était en vente au début de l’année 2000. Une employée du magasin qui connaissait un des patrons du Loft, nous a permis d’organiser la soirée d’inauguration du shop. Le succès de la soirée m’a assuré une résidence dans le club, tout d’abord un vendredi sur deux, puis tous les vendredis et ceci en compagnie de DJ R Crazy jusqu’en 2005. Ensuite les soirées du Loft se sont ouvertes à d’autres organisations extérieures et je reste résident avec le concept Wild Pich Nite.
À ce jour, une nouvelle collaboration est née avec le label Kach Prod, avec des concepts de soirées, une radio, un site internet et surtout une équipe soudée dans le même état d’esprit qui est à la base de la culture Hip Hop, à suivre…

Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
L’amour de la musique et des gens, se retrouver rassemblés par la même culture.

Pourquoi avoir choisi le rap ?
Dans les années 80, quelques morceaux dont Rappers Delight ou The Message étaient diffusés à des heures tardives sur certaines émissions de radios, ou encore le passage des Break Machine dans Champs Élysée… Mais le vrai déclic a été lorsque j’ai entendu, un jour à la pause de midi alors que j’étais encore scolarisé, le morceau Walk This Way de Run DMC. Je n’ai jamais vraiment aimé le son des guitares, mais le morceau commençant par une batterie dépouillée de toute mélodie, je suis resté scotché par cette rythmique et c’est à ce moment que j’ai recherché tout ce qui avait attrait à cet univers musical alors en pleine expansion.

Tes sources d’inspiration ?
L’énergie brute de cette musique qui se renouvelle d’année en année malgré ce que disent certains puristes. Les artistes qui arrivent à faire passer des émotions à travers cette musique et qui continuent à me passionner.

Quelle est ton actualité en ce moment ?
La collaboration avec Kach Prod, la réalisation de ma nouvelle mixtape Classics Hip Hop part. 3, Hot 18 Radio et l’actualité des soirées.

Des projets à venir ?
Toujours, mais ils apparaissent au fur et à mesure du temps.

Quels sont les sons qui tournent en ce moment dans ton mp3?
J’écoute des nouveautés tous les jours, sinon au niveau albums : 2 Chainz, Kendrick Lamar, DJ Drama, Saigon, Trey Songz, The Weeknd, Brandy et de temps en temps des retours en arrière avec des classiques.

Le dernier livre qui t’a marqué et pourquoi ?
Neuro-esclaves : techniques et psychopathologies de la manipulation politique, économique et religieuse
Il y a un nombre incalculable ne nos faits et gestes qui sont contrôlés par notre subconscient sans qu’on sache très bien pourquoi on les réalise. Connaître le fonctionnement de notre cerveau et savoir échapper aux pièges tendus tous les jours dans notre entourage direct ou médiatique afin d’être libre dans ses choix.

Et le dernier film ?
J. Edgar, pour son côté historique.

Que penses-tu du « rap suisse » ?
Le rap suisse manque cruellement d’autocritique et le fait de « plaire » à son entourage (forcément pas spécialement objectif), n’est pas un gage de qualité. Si un morceau plaît réellement il sera partagé et dépassera les frontières de la Suisse sans problèmes. Je me suis posé plusieurs fois la question ; si j’étais fier de présenter le morceau que j’écoute à une personne étrangère au rap game suisse, et bien souvent la réponse est non… À noter qu’il y a des exceptions qui font vraiment plaisir et j’ai été surpris plus d’une fois.

Quels sont les inconvénients de la « vie d’artiste » ?
Le milieu artistique est une roue qui tourne très vite et qui te pousse à toujours avoir une actualité, ce qui peut représenter un stress constant.

Quels en sont les avantages ?
Le contact avec les gens qui te suivent, les moments d’échange en soirée entre le DJ qui diffuse la musique et le public, il y a une interaction qui peut être très forte émotionnellement.

À ton avis, que manque-t-il pour faire évoluer les artistes « rap » en Suisse ?
Un réseau professionnel qui dirige les artistes, avec à sa tête une personne qui a du « goût » et qui ne soit pas complaisante.

Si tu avais un conseil à donner à un jeune qui commence, que lui dirais-tu ?
De ne pas chercher à plaire à tout prix, les gens suivront l’artiste s’ils aiment son travail, le plus important est d’avoir une personnalité.

En guise de conclusion, ça veut dire quoi repreZenter pour toi?

C’est porter la culture qui nous anime de la meilleure façon afin que ses acteurs et nous puissions en être fiers.