La Chronique D'Un Backpacker : La Fièvre 90s

Depuis quelques mois, j’entends parler sur les réseaux sociaux d’une sorte de retour à « la source », d’un come-back des flows 90s, d’une nouvelle génération de rappeurs qui soi-disant rappent à l’ancienne et c’est ce qui m’a donné envie d’écrire ces quelques lignes.

Chez repreZent on n’est pas des puristes ni des conservateurs, on a simplement une culture Hiphop alors on s’octroie le pouvoir de parler de ce que l’on connaît (ce qui n’est pas le cas de tout le monde), et qui a souvent pour conséquences de heurter la sensibilité des plus jeunes, persuadés d’avoir la science infuse, convaincus que ce qui est nouveau est forcement mieux.

Le but ici n’est pas de jouer les « teachers », mais simplement de te faire comprendre que tu ne peux pas porter de jugement moraliste et global sur un mouvement vieux de 30 ans alors que tu es à peine majeur et que tu écoutes des mp3 depuis 3 ans dans ton iPod.
La force du Hiphop c’est le pouvoir de faire s’exprimer des personnalités différentes avec peu de moyens, que ce soit pour dénoncer, fêter, glorifier ou contester, il y en avait et il y en aura toujours pour tous les goûts, comme en cuisine.

Mais pour être un bon cuisinier, il faut avoir les bases. Et c’est un peu le souci avec cette nouvelle vague de mcs et son public de fans, qui nous présentent son oeuf au plat comme une formidable découverte gustative et un renouveau dans les assiettes.
Une rapide analyse culinaire nous permet de déceler le succès de ces pseudo recettes novatrices, et d’établir le portrait de cette clientèle, si friande de nouvelles sensations qui ont pourtant un goût de réchauffé pour nous les gastronomes confirmés :

– Les affamés du « golden age » qui n’ont pas change leurs playlist depuis 15 ans et ne jurent que par l’époque TimeBomb, La Cliqua, etc. Ils sont passés à côté de tout, persuadés qu’il n’y aura jamais mieux que ce qui se faisait il y a 15 ans et crachent sur tout ce qui sort sans se donner la peine de l’écouter. On leur sort un boom bap, un sample de violon et ils sont contents. On peut les comprendre, ils sont en grève de la faim depuis 2001, et a l’inverse l’autotune les a gavés comme des oies de reprises des tubes d’eurodance des années 90 par la mouvance « dirty electo swag » qui leur rappelait les mercredis après-midi passés à la fête foraine, à gratter un tour d’auto tamponneuse, et dans ces cas c’est régurgitation immédiate… rien qu’à l’odeur.

– Les nouveaux auditeurs, qui n’achètent quasiment jamais de disques, et n’ayant pas de CB demandent la permission à papa-maman d’acheter en ligne. Maman cautionne, car ces jeunes qui rappent ressemblent à leurs mioches, ils ont l’air de bonne famille et ne sont pas vulgaires comme ces racailles de banlieue qui insultent tout le monde. Ces mêmes jeunes qui se prétendent oldschool à 16 ans, veulent marquer la différence avec les copains de classe, bavent devant des clashs à la « whatch your mama », ne connaissent aucun classics et jubilent sur des rimes déjà surexploitées par les pionniers.

En regroupant ces 2 types de personnes on s’aperçoit qu’ils sont tous fan du « c’était mieux avant » alors qu’ils n’étaient pas nés ou bambin, et avant quoi au fait ? On ne sait toujours pas d’ailleurs…

Pour résumer, on sait que les meilleurs plats se font dans les vieilles casseroles, mais pour « la suite » et pour ne pas nous bluffer avec du réchauffé, il est important de savoir ce qu’il s’est passé avant. Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs et surtout d’avancer en innovant, parce qu’au final c’est bien ça le Hiphop non ? Alors, révise tes classics car ils ne sont pas là par hasard et cesse donc de cracher un tant soit peu sur tout ce qui a déjà été fait. Et pour toi le vieux reste connecté aux bons réseaux il y a forcement du bon dans la nouveauté parole de BackPacker!

Jul, Backpacker.