Dooz Kawa, rap de saltimbanque

Aujourd’hui, présentation d’un ovni dans le ciel de la planète rap. Ca commence par le blaze: Dooz Kawa, aka 12 k.o., ça continue dans la voix, puis dans le flow, tous deux hors-norme. La première étonnante, presque enfantine, indomptée; le second inégal, au fil des émotions qu’il transmet. Sa singularité persévère dans ses instrumentales puisqu’il puise dans le jazz manouche avec des grands noms tel que Mito Loeffler ou Bireli Lagrène. Mais le plus frappant dans la musique de Dooz Kawa est son écriture très imagée, jouant sur les sonorités avec style, tout ça orné d’une lucidité désabusée et d’un humour à toute épreuve. Après cette description bizarre, vous ne serez pas étonnés de savoir que le emcee vient de Strasbourg, a grandi en Allemagne et y a découvert le rap dans des garnisons militaires.

A peine quelques milliers de vues sur Youtube et pourtant Dooz a déjà deux albums à son actif alliés à un tas de sons orphelins; le monde avait largement de quoi découvrir son talent, en faire une star internationale, aller tourner des clips à Miami, etc. Mais ne nous attardons pas sur le triste sort des artistes trop talentueux pour être compris, travaillons à les faire connaître. Après un début avec son groupe le T-kaï cee, un premier projet solo sort donc en 2010, album intitulé Etoiles du Sol, plein de sonorités jazz. On y découvre un rappeur mélancolique, solitaire, un poète révélé sur différents thèmes, sombres pour la plupart, ne cachons rien. L’artiste vit dans son demi-monde mais tape des coups de gueule sur des sujets plus larges, pour exemple, Dieu d’amour, belle critique de toute forme de religion au profit de l’amour ou les Hommes et les Armes, plaidoyer contre « les débiles pendant les débats qui laissent parler les armes ». Au final, le dernier titre sera le message d’un éternel déçu des relations, un texte profondément désabusé d’un homme qui finit par déclarer: « je crois pas en l’amour comme source du bonheur ». Lire la suite