À l’écoute de VISITE RIMÉE, partie Une, on se dit que c’est vraiment dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. Non pas que Rox soit comparé à un ustensile de cuisine usé, mais il est de nouveau question d’expérience. Quel âge a Rox? Celui de faire des albums courts et d’expliquer dans un morceau, rythmé par une ogive signée DJ Twista, le (bon) jeu de mots du titre de son projet. À l’époque on parlait de rap « conscient ». Ici on pourrait évoquer un « rap pédagogique », sans le côté chiant. Encore une fois, rien de péjoratif là-dedans. Pour faire court, ce n’est finalement que le prolongement du « coach de vie » qu’il était déjà en 1997, à l’antenne de Bus et Compagnie [à 3’17] : « … c’est qu’on s’inspire des faits vécus, de tout ce qu’on peut voir par nous-mêmes et qu’on le retranscrit dans nos textes pour montrer aux jeunes, justement, les erreurs à faire ou ne pas faire, essayer de leur montrer un droit chemin, et on écrit en fonction de ça… ». Une ligne directrice dont il essaiera de ne jamais s’écarter tout au long de sa carrière. La résultante d’un point de vue, d’un vécu et d’une longévité qui ferait pâlir Elizabeth II, les changements de blazes en plus : Rox, Anuar, Rox Anuar… pour finir par se réapproprier celui du renard malicieux avec lequel il a commencé sa carrière au sein du D.U.O.. En 2018, Rox propose du « rap thérapeutique » en remerciant le rap de l’avoir sauvé : « Rap Médecine, merci/de m’avoir permis de devenir mc » sur le titre Rap Médecine. Aujourd’hui, si l’on devait faire correspondre un personnage à chaque membre de la « famille du rap genevois », on l’imaginerait sans peine en druide concoctant des potions à base d’herbes médicinales pour soigner les gens de son entourage.

Après ces quelques précisions, on devine donc un quarantenaire éclairé bénéficiant d’un certain recul, plutôt que d’un jeune envahi par l’impulsivité. Il n’en reste pas moins que la transmission de connaissances et la construction de ponts entre les générations semblent lui tenir à cœur. À l’image de la vidéo Grünt#46 tournée au stade de Genève dans laquelle il apparaît assis aux côtés d’un OG Sinatra fougueux et d’un C-ptik, dont la performance est à saluer, balançant ses premières mesures les yeux fermés (comme s’il s’était drapé du voile gris des nuages, peut-être inspiré par la météo du jour). Pour en revenir à Rox, un hommage n’est jamais bien loin. Alors quand vient son tour, il débute par une déclaration sincère à la ville qui l’a vu naître : « Né à la Jonx’, grandi aux Eaux-Vives, traîné à Thônex/Mon amour pour Genève ne s’est jamais atténué… »

En définitive, il s’agit d’une première visite rimée cohérente en forme de bouffée d’air frais, dans un game saturé par la bicrave. Car que fait un verre d’eau ni à moitié vide, ni à moitié plein, mais rempli à ras bord? Il finit par déborder.

VISITE RIMÉE, partie Une est disponible en streaming ici.

par Marty Macfly (insta @ma1hieur0ux)