Le break even ou le dos cassé

Franchement, en Suisse, j’ai cotoyé pas mal d’artistes. Y en a qui sont signés en major, d’autres dans des petits labels, et puis bien sûr, ceux qui sont indépendants. Tous essayent de percer à leur manière, que ce soit pour toucher un peu de reconnaissance ou juste vivre de ce qu’ils aiment faire. Mais soyons clairs: je n’en connais pas beaucoup qui arrivent à vraiment dépasser le point mort avec leurs projets. L’expression “break even” leur est inconnue. Moi en indépendant j’y arrive, mais uniquement grâce à ma liberté et le fait que je porte plusieurs casquettes sur la tête. L’industrie par contre… ces chiens. 
On te fait miroiter des chiffres, des playlists, des streams, mais au final, c’est qui qui en profite ? Certainement pas l’artiste. Le plus souvent, il se retrouve coincé dans des contrats de merde où il ne touche presque rien une fois que tout le monde a pris sa part. T’as les majors, les labels, les plateformes… tout le monde vient se servir avant que l’artiste ne voie de la thune, ou minimum couvrir ses frais. Faire de la musique ça coûte cher, et cela malgré l’accessibilité plus facile par rapport à ce que c’était il y a 20 ans par exemple.
Et derrière ça… y a une bande de gros porcs qui pensent qu’à se gaver. Ils se foutent bien de la culture hip-hop, du message ou de l’art. Tout ce qui les intéresse, c’est de faire du fric, de te mettre dans une case, et de te vider de ta créativité pour rentabiliser. C’est dégueulasse. 
Dans cette logique, la musique devient un produit, point barre. Peu importe ce que tu veux exprimer, ce qui compte, c’est les streams, les ventes. L’essence même du hip-hop, cette musique née de la rue, de la lutte et de la revendication, se fait écraser sous le poids du business. Tout ça, c’est juste bon pour remplir leurs poches, et l’artiste, lui, finit par perdre son âme, sa liberté.
Ouais, certains y arrivent, c’est vrai. Mais à quel prix ? Combien ont dû brader leur vision, leurs convictions, juste pour coller à ce que l’industrie attend d’eux ?  Est-ce qu’on peut vraiment parler de liberté artistique dans ces conditions ? Je dis pas que c’est foutu, y a toujours des exceptions, mais soyons réalistes : la plupart des artistes se font exploiter, broyés par un système qui n’a rien à faire de leur art ou de leur message. Et tant que ça continuera, y a peu de chances que les choses changent vraiment. Malheureusement, c’est la triste réalité.

Grëj