(Rétrospective musicale subjective)

L’année où il y eut…

Papoose et ses 12 projets sortis chaque mois de l’année, avant sa retraite annoncée: “I’ve made the decision that 2021 will be my last year rapping, so I am announcing my retirement. It was a decision that I’ve wrestled with internally, but I’ve decided to move on with my life, and focus on my family and investments”. Le projet de OG Brax qui fait mentir l’adage selon lequel « Les jeunes décident tout dans le rap ». Et ben parfois, non. Le titre « Chaque fois que je pose » de Souffrance, en live chez Sykyrock, sous les yeux d’un 7 Jaws médusé et d’un Lujipeka stoïque. Le décès de DMX, à jamais Ruff Ryders, qui laisse derrière lui toute une idée de comment continuer à rapper une fois ses tripes exposées à l’air libre. La réunion des HRSMN que l’on attendait plus: Killah Priest, Canibus, Kurupt, Ras Kass. Le Grünt#46 X Genève, tourné au Stade, avec une brochette de mc’s locaux. L’interview de Sofiane par Mehdi dans « Le Code », deux sommités dans leur domaine respectif. Quarante minutes pour tirer tout le monde vers le haut. Le nouvel âge d’or du rap marseillais, emmené par Jul .Le retour imminent de Hill G aka Ill des X-Men. La série documentaire sur Orelsan « Montre jamais ça à personne », un condensé de vie étalé sur vingt ans.

…et aussi

Malheureusement, une autre disparition tragique, celle de l’acteur Michael K. Williams,  inoubliable Omar dans la série « The Wire ». La question géniale d’un môme à Macron suite à la baffe. L’équipe suisse qui a sorti la France en quart de finale de l’euro! Notre Guy Parmelin national qui fut Président de la Confédération! « Tous mes vœux et au revoir! »

Hit Music Only:

Souffrance  – Chaque fois que je pose (Remix Despo Rutti) 
Ou comment résumer 40 ans de problématiques sociales en une répétition: « Rachid a trouvé du taff, commis au Monoprix/Brahim a trouvé du taff, travail à la chaîne à Poissy ».

M City (Fresh One/Black P/Allagrande) – Tue-les tous
Références d’un autre temps, ambiance crasseuse, exécutions sommaires à bout portant: le groupe M City respire le Queens le temps d’un impératif outrancier. Et concernant l’intitulé du morceau, il y en a pour tout le monde: les traîtres, les rookies mc’s, les curieux et les balances. Peut-être l’antidote à une époque baignée dans une ambiance un peu trop policée et superficielle pour être vraie.

Classico Organisé – Loi de la calle (feat. Lacrim, Alonzo, Mister You, JUL, Niro, Kofs, Le Rat Luciano, DA Uzi) 
A prononcer caïé, évidemment. Sur le papier, le hit n’était pas du tout certain. Trop d’invités, une zumbap trop risquée et pourtant…même les mc’s habituellement au niveau de la mer délivrent des lignes efficaces (« 700Eu c’est le prix du pressing/imagine-toi celui du dressing ») sur une instrumentale sobre et entêtante. Et quel plaisir d’écouter le Rat remettre sa paire de Copa.

Chien Bleu – Un plan
Magnifique clip, refrain imparable, atmosphère planante et textes touchants. Chien Bleu et son équipe proposent ce que l’on voit et entend peu dans le rap actuel: un univers envoûtant et travaillé.

Troy Ave – Chef wit tat pot 
On dit souvent que le rap est une affaire de sensations, la compréhension du texte n’étant pas systématiquement nécessaire. Donc ici, il suffit juste de se laisser aspirer par la peine et la souffrance qui se dégagent de Troy Ave.  Sa voix éraillée sur des violons lancinants donnerait le bourdon à n’importe quel coach de vie. Essayez de contempler un paysage idyllique en l’écoutant: A coup sûr, la tristesse et le désespoir dégoulineront sur l’image.

Jim Jones feat Migos – We set the trends 
Le natif du Bronx croise le fer avec les trois Atlantan sur une prod’ de va-t-en-guerre. Clipé avec une débauche d’imagerie bling-bling digne des grands seigneurs byzantins, les quatre compères signent le dernier banger de l’année.

Nipsey Hussle – Over Time Greatness
Avant d’être excellent, Ie projet est français. Une initiative de deux amis d’enfance, DJ SChlas & Verbal King, qui désiraient rendre hommage conjointement à Nipsey Hussle et Kobe Bryant en mélangeant a capelas du premier et discours du second. Le résultat est musicalement impressionnant.

M. Macfly