Inventaire Littéraire « 2 »

3 ans… Le premier « inventaire littéraire » remontait à 2010 ; relégué depuis dans les limbes du site malgré le succès qui était le sien : 0 like, 0 follower, 0 tweet et 0 commentaire. Preuve en était de l’intérêt de la communauté reprenzentienne pour la lecture. CQFD.
« Les livres sont vos amis », dixit Jean Grae dans une itw fleuve en lien ici. Alors au lieu de vous tirer sur l’élastique, quoi de mieux qu’une sélection de 2 livres que vous trouverez chez votre libraire, dans le but de valider la sentence de Miss Grae et d’infirmer par la même occasion le postulat que les reprezentants sont des branleurs. Coïncidence bienvenue, les deux livres ont à voir de près ou de loin avec votre musique préférée. D’une pierre 3 coups.

« L’effroyable imposture du rap » de Mathias Cardet. (191 pages)
La vérité enfin révélée…

Un livre sur le hooliganisme plus tard, intitulé « Hooliblack, naissance d’un hooligan » (bourré d’inexactitudes), « Cardet » nous revient avec un 2e essai ; son « livre noir » du rap. Beau sens du sacrifice. Le bonhomme accouche d’un livre polémique, partiellement justifié, comme l’était à l’époque son lointain cousin « L’effroyable imposture », dont il reprend exprès le titre.
Après une intro à décorner les bœufs qui en laissera plus d’un/e sur le cul, l’auteur entame sa croisade enflammée et controversée (un peu) mais mal écrite (surtout). Hélas sans forme(s), difficile d’entrer dans le fond. Cette pirouette scabreuse, que les esprits les plus mal tournés n’auraient pas reniée, plombe le livre. Tournures de phrases qui laissent songeur, relecture de certains passages pour intégrer les propos, tout devient obstacle à la compréhension de l’information.
On passera sur le légendaire débat adolescent du vrai rap/faux rap, transposé pour le coup en rap game/rap authentique. On passera également sur la liste des rappeurs épargnés par Cardet, dans un encart final, qui renvoie à peu de choses près à la maxime philosophique : « Toutes des p****, sauf ma mère et ma sœur ». On oubliera aussi les liens fumeux établis entre la bourgeoisie garante de l’avènement du rap en France à travers trois femmes (L. Touitou, S. Bramly, M.-F. Brière) et leur responsabilité dans la « survirilisation » de ces messieurs. On retiendra par contre les accointances intéressantes entre la philosophie marcusienne (Herbert Marcuse) et le message prôné par le Zulu en chef Afrika Bambatta : « Peace, Love, Unity and Having fun ». À lire, au moins pour comprendre ce qui vient d’être écrit. À regarder, parce que Cardet est plus captivant à l’oral qu’à l’écrit.

 

« Sur la tombe de ma mère » de Jean Gab’1. (314 pages)
Petit Charles M’Bouss deviendra grand (voyou).

Que celui qui n’a jamais pensé que son blaze « puait la défaite » reçoive la première pierre. « Mc Jean Gab’1 » : plutôt désuet comme nom de scène. Mais si le lien entre l’acteur mort et l’artiste peut sembler quelconque de prime abord, il l’est moins quand on apprend que ce surnom renvoie à sa droiture dans la vie comme dans le vice. Un mec à l’ancienne en somme, forgé au feu. Parce qu’avant d’être rappeur et d’exploser (le rap français) en 2003 avec « Jt’emmerde », le bonhomme était braqueur et même proxo à ses heures perdues. Néanmoins, cette science « mi-psychologique »/« mi-tortionnaire » ne lui convenait pas : Huit « tapins » à raisonner ou à « avoiner » selon la situation étaient ingérables, surtout en « s’amourachant ».
De la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sociales et Sanitaires) jusqu’aux taules d’Allemagne, des braquages aux trafics d’armes ; Jean Gab’1 raconte sa vie d’écorché vif dans un argot à toute épreuve. Son livre se lit d’une traite, sans temps mort, avec toutefois une violence qui s’amplifie au fil des pages. À tel point que son histoire devient pesante sur la fin. Heureusement, des anecdotes savoureuses sur d’anciennes têtes d’affiche du rap participent à détendre l’atmosphère des derniers chapitres.

par Skywalk