L'itw Des Gagnants – M.A.M


Alors qu’il n’a toujours pas reçu physiquement son awards de l’artiste de l’année, MAM est aujourd’hui à l’honneur dans notre maintenant traditionnel interview des gagnants. Cet interview devrait marquer la fin de la série, mais certains artistes ont pris un peu de retard, mais tous les gagnants ont reçu le questionnaire. Bon, on vous laisse avec MAM qui ne dit pas que des conneries comme vous le constaterez.

Blaze :
M.A.M

Date de naissance :
27 Mars 1983

Ville :
Genève

Discographie :
Mama Village (2009)
MV2 (2010)

Liens :
twitter
facebook
mamavillage.ch (en reconstruction)

Tu es entré dans l’histoire de repreZent en remportant l’un des premiers repreZent awards, quelles sont tes premières impressions?
C’est cool! ça marque l’évolution d’un site dont je n’étais pas fan à l’époque, car il se focalisait plus sur une minorité de mc’s « puristes » et pas vraiment de mon coin. C’était aussi essentiellement un chat de critiques non constructives ou tout le monde soutient son pote qui rappe lol. Donc de recevoir le prix d’artiste de l’année pour un rappeur comme moi me prouve qu’il y a eu un réel changement au niveau de la plateforme comme des mentalités.

Est-ce que tu penses que ce genre de manifestation est importante pour la scène romande?
C’est très important. Dans notre pays au niveau du rap tout est à reconstruire, le plus on organisera de manifestations dans le milieu underground le plus on solidifiera le C.V de certains parmi nous aux yeux du grand public et des labels. Et en même temps, on n’a rien d’autre donc ça apaise d’une certaine façon nos frustrations… Ceux qui ne sont pas nominés risque de finir rageux par contre hahah!

Et personnellement, est-ce que cette récompense va changer ta vie?
Changer ma vie non. Mais si dans 10 ans je ne suis pas mort d’une cirrhose et que les Reprezent Awards deviennent une cérémonie culte je serais sûrement une légende pour avoir gagné « best artist » et « best mixtape » à la 1ère édition lol.

Si elle ne change pas ta vie, elle modifiera un peu ta déco, tu vas le mettre où cet award ?
J’aime m’endormir et me réveiller en voyant tout ce que j’aime à côté de mon lit. Donc je pense que je vais les mettre là, juste entre ma bouteille de Ciroc vodka, ma nouvelle paire de Jordans et ma boîte de ceylor…

Revenons à toi, pourrais-tu nous décrire, en quelques mots, qui tu es et décrire ton travail et ton parcours ?
Je suis Mam. Je rappe depuis que j’ai 13 ans, aujourd’hui j’en ai bientôt 28. On me connaît des albums de Double Pact, de mon crew Terrorime ou des tournées avec Stress… Peut-être aussi parce que j’ai fait un beat pour 50 Cent et Ky-Mani Marley…

Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
J’ai toujours été dans la musique… Petit je faisais comme si j’animai ma propre émission radio en enregistrant NRJ sur cassette puis je la rejouais sur ma stéréo en me prenant pour un animateur haha… J’ai aussi eu un groupe de Rock ou j’ai fait de la guitare pendant 6 ans.

Pourquoi avoir choisi le rap ?
Parce que je suis des premières générations où le rap français est apparu. l’âge d’or du rap français dont les Suisses font partie… Je voyais mes grands des Petits Boss marcher avec des meufs qui gagnaient les concours Miss Black, ou bien débarquer dans mon quartier avec leurs Nikes toutes neuves et tous mes potes hallucinaient… C’était le 1er album de Double Pact, les premières soirées, les freestyles dans les maisons de quartier!

Quelle a été ta première expérience avec ce style musical ?
Ca doit être vers 1994-95 avec mes potes Bessa et Shaka… Avant de nous mettre avec Les Petits Boss et Double Pact. On essayait d’écrire, on avait des énormes coupes Afro et on sonnait comme les Sages Po’ lol. On était vraiment les premiers petits à prendre ça au sérieux à part peut-être 1 ou 2 autres autour de nous, dont certains sont encore là d’ailleurs.

Tes sources d’inspiration ?
A l’époque le Wu-Tang, Snoop etc…la Cliqua, Idéal J et les Sages Poêtes de la Rue. Et de nos jours essentiellement du rap américain, du RnB, de la musique brésilienne, mais plus rien de rap français.
Quelle est ton actualité en ce moment ?
Je ne fais rien depuis les fêtes à part boire et sortir, mais en général je suis tous les jours en studio, j’y retourne la semaine prochaine pour terminer mes projets.

Des projets à venir ?
Je suis sur la fin de mon premier album qui devrait normalement sortir entre avril et, mai, dans ces zones-là. On taffe avec Stress et Karolyn sur nos projets respectifs et on met notre grain de sel ici et là pour faire avancer l’autre, c’est la team. Ensuite je pense reprendre les concerts, tourner un peu de mon côté et continuer certainement avec Stress aussi.

Peux-tu nous en parler en quelques lignes ?
J’ai fait une première mixtape qui englobait plus ou moins tous les traits de ma personnalité donc il y en avait pour tous les goûts. Ma deuxième est plus sombre, plus personnelle, c’est juste une période de ma vie. J’essaye toujours de changer de direction tout en gardant des thèmes et des lyrics qui reflètent mon quotidien. Donc pour mon album je veux essayer d’autres choses musicalement, m’ouvrir un peu plus, délirer… J’aimerais toucher un public plus large et faire des morceaux que je n’aurai pas oser faire il y a même 1 an ou deux. Je pense que j’ai déjà mis beaucoup de gens d’accord dans le milieu hip-hop, maintenant je veux aller chercher ceux qui n’en écoutent pas. Tous les genres se mélangent et je suis génétiquement taillé pour ça lol.
Quels sont les sons qui tournent en ce moment dans ton mp3?
Wiz Khalifa, Rick Ross, Natiruts et Revelaçao (musique brésilienne), Diddy & Dirty Money et ma maquette d’album.

Le dernier livre qui t’a marqué et pourquoi?
« Pimp: The Story Of My Life » de Iceberg Slim (Histoire d’un Maquereau en Français). LOL, j’ai appris beaucoup de choses sur moi-même et sur les femmes en lisant ce livre, à ne pas lire si on a une copine… Quoi que si!

Et le dernier film?
« Mike In Brazil » de chez Onion Booty. haha non je rigole c’est un film de cul. Aucun souvenir du dernier film qui m’a marqué, mais un des films que j’ai beaucoup aimés est Slumdog Millionaire.

Que penses-tu du « rap suisse » ?
Qu’il doit rester Suisse ! Suisse veut dire Romand, Allemand et Italien et pas QUE entre Genève ou Lausanne. Pour tout le monde, sinon tire toi d’ici et va essayer en France qu’ils te bottent tes petites fesses lol. Ou retourne au bled en fait, ça remet les idées en place. La plupart n’ont jamais quitté la ville et n’ont jamais fait de concerts ailleurs que dans leur quartier pour leurs potes. Ils ne connaissent pas les consommateurs de musique de leur propre pays donc comment comptent-ils la vendre?

Quels sont les inconvénients de la « vie d’artiste » ?
Les vraies filles qui nous aiment et nous supportent dans la vie ne tolèrent généralement pas longtemps ce qui va avec la vie d’artiste. Donc on finit seul, on écrit des meilleurs textes et on passe sur MTV lol. Sinon je dirai qu’être vraiment artiste c’est être passionné et la passion nous fait souvent abandonner d’autres choses importantes sans aucune garantie de pouvoir vivre de cette passion.

Quels en sont les avantages ?
Je n’ai pas payé une boîte depuis des années, les filles te demandent des photos et savent qui tu es avant de te présenter…lol. Toutes les choses gratuites que les sponsors te filent comme les vêtements et les shoes. Moi le rap m’a fait voyager et même retourner dans mon pays après 14 ans pour un concert!

À ton avis, que manque-t-il pour faire évoluer les artistes « rap » en Suisse ?
Que les grosses machines qui sont en Suisse alémaniques s’intéressent à nous, osent prendre des risques avec des nouveaux artistes différents sous toutes les coutures. Il faut qu’ils comprennent que le rap est le nouveau Rock avec des couleurs Pop de nos jours. Les jeunes de tous les horizons écoutent du rap et ils pourraient kiffer tellement de choses si on avait l’occasion de les leur faire découvrir. Moi j’ai les yeux sur ZH et toutes les villes qui sont entre, beaucoup trop de rappeurs chez moi ont les yeux sur Paris, mais tout ce qu’il y a entre c’est Anemasse ou Belgarde et limite plus de campagne que chez nous! A chacun sa culture, sa démographie et son marché du disque. Mais le vrai problème local est que le marché de la musique a chuté partout, les gens des maisons de disques en Suisse ne sont déjà pas fans de rap, n’y connaissent rien et donc ne voient aucun intérêt a prendre des risques sur un nouvel artiste hip-hop qu’ils ne sauraient pas développer. Surtout qu’économiquement se sortir de la crise passerait, par ne pas signer de nouveaux artistes tout court et miser double sur leurs plus gros vendeurs. On est baisé. lol

Si tu avais un conseil à donner à un jeune qui commence, que lui dirais-tu ?
Arrête… Tu vas perdre du temps et des opportunités de faire quelque chose de constructif de ta vie à vouloir rapper. 2 ou 3 sur des milliers vivent du rap en Suisse. Si ton talent à faire des titres, et non pas à juste rapper, n’est pas surnaturel laisse tomber. Deviens un avocat, fais des études de commerce, de Business et tu pourras toujours être dans le milieu du rap, à un poste peut-être plus lucratif que le rappeur lui-même… Les rêves ne deviennent pas toujours réalité. Ecoute tonton Mam! Il y a laissé des plumes…