Un simple coup d’oeil sur la pochette suffit pour savoir que « Salem City Rockers » n’est pas un album de rap comme les autres et si cette absence de regard nous interpelle, elle nous rappelle surtout qu’il ne faudra pas compter sur La Gale pour porter un oeil bienveillant sur le monde qui nous entoure, l’ambiance s’annonce sombre comme on pouvait s’y attendre, reste maintenant à savoir quelles teintes la Lausannoise lui a données. Teintes au pluriel, car l’on sait avant même l’écoute que La Gale n’édulcorera pas ses propos, mais qu’elle saura nuancer sa musique de par ses différentes influences. Ce n’est d’ailleurs certainement pas par hasard qu’elle a choisi de s’entourer des beatmakers Al’Tarba et I.N.C.H, enfin c’est ce que l’on se dit lorsque l’on reçoit l’album, mais on est assez confiant, La Gale n’est pas du genre à nous décevoir.
Et si la première écoute nous conforte dans nos certitudes (ndlr: on aime ça les certitudes, surtout lorsqu’elles sont confortées), elle nous apprend également que l’écoute de ce « Salem City Rockers » ne peut pas se faire de façon confortable. On s’y attendait un peu, cet album de La Gale n’est pas un album de salon. Très dense « Salem City Rockers » n’est clairement pas à classer dans cette catégorie de musique « prête à écouter » que l’on nous sert généralement et c’est tout à son honneur même si cela risque de rebuter certains auditeurs qui hésiteront à gravir cette montagne. On vous conseillera donc d’écouter cet album par tranche, petit à petit, afin de lui laisser tout le temps et la place dont il a besoin pour s’exprimer convenablement. Quelques petites baffes valant parfois mieux qu’un bon coup de poing… Mais quelque soit la méthode choisie, vous ne ressortirez pas indemne de cette écoute, une fois encore La Gale vise très juste dans ses textes sans pourtant ne jamais en faire trop, laissant parfois l’auditeur déchiffrer les différents messages se cachant là où on ne les attendait pas forcément. Et si les thèmes abordés par La Gale restent sensiblement les mêmes que sur son premier album elle réussit à la traiter d’une manière qui font qu’elle ne se répète jamais, aidée par une très bonne plume et une sincérité dans sa rage qui font dire à Olivier Cachin qu’elle est la seule femme à avoir sorti un album qui tient la route en 2015, et pour une fois on est d’accord avec lui.
Et si cet album tient la route ce n’est pas uniquement grâce aux textes et au rap de La Gale, mais aussi par les différentes touches apportées par Al’Tarba et I.N.C.H qui, tout en restant dans le registre de la mc, ont réussi à apporter différentes teintes à sa noirceur, lui donnant des couleurs de Blues, de Punk, de Trip-Hop voir même d’Orient tout en restant toujours très cohérent dans le choix des samples et du montage des beats dans la plus pure tradition Hiphop, car oui, n’oublions pas que « Salem City Rockers » est avant tout un très bon album de rap, et tant pis pour ceux qui aiment juger les livres à leur couverture.

Salem City Rockers est disponible en digital sur vitesserecords.com et physiquement (en cd et vinyl) chez votre disquaire adoré.