4. Comme le nombre de doigts qu’il reste à la main d’un ébéniste. Ou du nombre de litres de vodka Belvedere qu’il faut pour assommer un Polonais. C’est aussi la 4e fournée d’un inventaire qui rassemble d’excellents ouvrages liés au rap.

« Lil’ Wayneopoulos »
Un fanzine petit format (10x17cm) fait « sérieusement sans se prendre au sérieux » selon son auteur Nicolas Peillon, aka purebakingsoda, interviewé ici avec la plus grande des politesses. Les quatre-vingts pages retracent principalement le parcours du petit Wayne, issu de La Nouvelle-Orléans et de ses secteurs délabrés portant de temps à autre des surnoms de fleurs (Magnolia Projects) ou, plus étonnant, de muses grecques (Calliope Projects, Melpomen Projects). Calliope et Melpomène, également filles de Zeus, étaient rattachées à un art différent; respectivement la poésie épique et le chant. Et si l’on se réfère à la carrière de Lil’ Wayne, on pourrait presque croire qu’il les ait prises au mot. Et si le destin de Weezy tenait autant de la mythologie grecque que du rêve américain?


Lil’Wayne & The Hot Boys, Éditions FP&CF, 2020, 80 pages

« Trajectoires extraterrestres »
Dans le rap, il est courant de se considérer au-dessus des autres pour affirmer sa supériorité. Si bien que la dernière vision des dominés.es sera un plan en contre-plongée. Mais les intervenants.tes de ce livre ne se situent pas au-dessus, ni en dessous, mais bien au-delà des autres. Ce recueil d’interviews regroupe des figures atypiques du rap français qui n’entrent dans aucune case et qui ont, encore aujourd’hui, une fâcheuse tendance à se faire trop rares. Volontairement, par oubli, ou malchance. Les Ovnis du rap offrent la possibilité d’en apprendre plus sur leurs parcours et leurs motivations. Les curieux.ses y découvriront des artistes singuliers.ères, tandis que les habitués.ées y dénicheront des anecdotes inédites.


Antoine Laurent, Les Ovnis du rap, Collection Rencontre du troisième beat, Éditions La Tengo, 2018, 165 pages

« G.K.W.A. »
La palme de l’ouvrage le plus long et dense de cette sélection revient à la biographie de Kendrick Lamar. Extrêmement bien documentée, elle a bénéficié d’un travail de recherche conséquent de la part de Nicolas Rogès puisqu’il s’est rendu à Compton, lieu de naissance de K-dot. Une approche méticuleuse, quasi systémique, qui tisse des liens entre les repères sociologiques de l’existence du rappeur (sa famille, ses amis, sa ville) et sa carrière musicale (ses morceaux, son label). Le parcours d’un « bon gamin dans une ville folle », déjouant les pronostics du déterminisme social. Le livre présente également une vision plus positive et nuancée de la ville, réduite pendant longtemps au rang de zone mortifère et criminogène par les médias généralistes. Enfin, pour compléter le voyage dans les faubourgs de Los Angeles, il existe un reportage en trois parties réalisé par l’auteur et disponible sur le site de l’abcdrduson.


Nicolas Rogès, Kendrick Lamar de Compton à la Maison-Blanche,  Éditions Le mot et le Reste, 2020, 352 pages

Marty