Comme vous le savez, repreZent est passablement à la bourre, et n’ayant pas le temps de rédiger un article sur le décès de Gil Scott-Heron, nous sommes allés un chercher un sur le net. Merci donc à Stéphanie Bilet de Libération Next pour ces quelques lignes :
On le croyait éternel. Peu importaient son état de santé, ses excès d’alcool et de drogue, le pianiste-poète Gil Scott-Heron montait toujours sur scène. Il n’y avait que la prison, ou une interdiction de sortie de territoire, pour l’en empêcher – comme en juin 2009 pour un concert prévu au New Morning, à Paris.
Ce bluesman précurseur du spoken word, «père du rap» comme le résument beaucoup de façon simpliste, s’est éteint vendredi dans un hôpital de New York à 62 ans. Les circonstances du décès ne sont pas encore connues, mais ses proches le savaient exténué après un voyage en Europe, souffrant d’arthrite, abîmé par des années de taule entre fin 2001 et 2008 au fil de peines cumulées pour consommation de stupéfiants et violences conjugales.
«Humanité». «Gil n’était pas parfait dans sa vie privée, comme beaucoup d’entre nous, écrivait hier sur son blog Richard Russell, producteur de son dernier album, I’m New Here. Il avait une intelligence vive et un sens de la formule imparable, un incroyable sens de l’humour, et une humanité qui lui étaient propres.» Cet Anglais du label XL Recordings est l’artisan du grand retour de Gil Scott-Heron en février 2010, après quinze années sans enregistrement studio du soul man éclipsé.
Lors de son dernier concert au New Morning, le 10 mai 2010, Gil Scott-Heron s’en amusait, disant qu’il avait voulu disparaître : «Pouf, comme quand tu dois de l’argent à quelqu’un, ou que tu as piqué la femme d’un autre … Mais j’étais toujours là, à cause de ces foutus CD. Les gamins rappeurs n’arrêtaient pas de me sampler : PM Dawn ; Tupac Shakur, un garçon brillant et turbulent avec qui j’ai réussi à ne pas m’embrouiller ; Kanye West sur plusieurs titres ; et un jeune homme que j’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois, Common.»
Comme ce dernier, Gil Scott-Heron est né à Chicago, en 1949, d’une prof et d’un joueur de football américain, le premier Noir du Celtic FC. Après leur divorce, il passe son enfance dans le Tennessee, avec sa grand-mère, Lillie Scott, à qui il dédiera un hommage émouvant en introduction de son album testament I’m New Here. Il fait ses études à New York à la fin des années 60 et, à 20 ans, écrit un roman, le Vautour, polar situé entre les quartiers de Chelsea et Harlem, qui éructe sa première satire de la société américaine : The Revolution Will Not Be Televised.
Comme The Last Poets, ses contemporains très impliqués dans les mouvements noirs, Scott-Heron pose les fondements du rap conscient et politique, scandant sa poésie sur congas. Avec son ami flûtiste Brian Jackson, rencontré à l’université, il enregistre jusqu’en 1982 divers albums fusion jazz-blues, manifestes fustigeant tour à tour les musiciens blancs qui pillent les artistes noirs(There Is Nothing New Here), la dureté de la société américaine (Winter in America), demandant à ce qu’on protège les enfants (Save the Children), ou contant la solitude des détenus (The Prisoner).
«Intellectuel». Le poète est de tous les combats, et pas seulement ceux de la culture afro-américaine. En 1977, il écrit We Almost Lost Detroit («nous avons presque perdu Détroit») contre le lobby nucléaire, rappelant la fusion du réacteur 1 de la centrale de Fermi dans le Michigan en 1966.
C’est dans les années 90 qu’on a collé le titre de «père du rap» à ce poète-pianiste cité par Public Enemy, Nas et bien d’autres. Un titre déplacé au goût de ses proches : «Gil Scott Heron, c’est tout le contraire du bling-bling, il se moquait de l’argent, résume Christine Bardier, qui l’a fait jouer au New Morning pendant vingt ans. C’était avant tout un intellectuel, avec un discours éclairé ; un écrivain, un pianiste hors pair, avec une voix incroyable et une grande ouverture musicale.» «Plus que le père du rap, il en est l’inspirateur, analyse Rémy Kolpa Kopoul, programmateur de Radio Nova qui l’a interviewé pour Libération en 1976. Ceux qui disent cela maintenant l’ont connu rétroactivement, et pour cause, ils n’étaient pas nés.»
En effet, entre les chansons militantes de Gil Scott-Heron, et les premiers enregistrements rap de Kurtis Blow et du Sugarhill Gang, dix ans se sont écoulés. En 1994, quitte à assumer sa descendance, le «père» en profite pour sermonner ses rejetons dans Message to the Messengers, leur reprochant de s’être enfermés dans les postures, de ne pas varier leurs histoires, ni leurs rimes pauvres.
L’album de son retour in extremis, I’m New Here, aura prouvé qu’il restait un des rares à savoir faire rimer musicalité et poésie engagée, sans défaillance sur quarante ans de carrière.
source: next.liberation.fr
Merci pour l’article. Il méritait à coup sûr cet hommage sur rpz.
Bon article, merci.
Ce qu’elle décrit sur son discours sur les rappers qui le samplent, il l’a également raconté à Montreux. Avant le début du concert, j’appréhendais un peu la pente dangereuse du concert minimaliste, voix-piano, bluesy-jazzy-longuet etc. Et en fait, non. Je ne suis plus capable de vous citer les chansons jouées mais je me rappelle y avoir largement trouvé mon compte et surtout, ce qui était assez incroyable, c’était sa capacité à faire du stand-up, à captiver l’attention du public et alterner les moments sérieux et touchants des chansons avec les vannes qu’il se lançait tout seul.
Finalement, ça s’était avéré être un très bon concert et aujourd’hui, je valorise ce moment privilégié.
si jamais, y a gilles peterson qui a posté un tribute mix,
sur son site: http://www.gillespetersonworldwide.com/2011/06/gilles-gil-scott-heron-tribute-mix/
01. Gil Scott Heron — Offering (Midnight Band – The First Minute Of A New Day, 1974) Flying Dutchman
02. Gil Scott-Heron — Essex (From South Africa To South Carolina, 1975) Arista
03. Gil Scott-Heron — Fell Together (From South Africa To South Carolina, 1975) Arista
04. Gil Scott Heron & Brian Jackson — The Bottle (Winter In America, 1974) TVT
05. Gil Scott Heron & Jamie XX — I’ll Take Care Of You (We’re New Here, 2011) XL
06. Gil Scott-Heron — Alien (1980, 1980) Arista
07. Gil Scott-Heron — Whitey On The Moon (Small Talk At 125th And Lenox, 1970) Flying Dutchman
08. Gil Scott-Heron — Did You Hear What they Said (Free Will, 1972) Flying Dutchman
09. Gil Scott Heron & Brian Jackson — We Almost Lost Detroit (Bridges, 1977) Arista
10. Gil Scott-Heron — Angel Dust (Secrets, 1978) Arista
11. Gil Scott-Heron — No Knock (Free Will, 1972) Flying Dutchman
12. Gil Scott-Heron — The Revolution WIll Not Be Televised (The Revolution WIll Not Be Televised, 1974) Flying Dutchman
13. Gil Scott Heron & Brian Jackson — It’s Your World (It’s Your World, 1976) Arista
14. Gil Scott-Heron — Fast Lane (Moving Target, 1982) Arista
15. Gil Scott-Heron — B Movie (Reflections, 1981) Arista
16. Gil Scott-Heron — Lady Day & John Coltrane (Pieces Of A Man, 1971) Flying Dutchman
17. Gil Scott Heron & Brian Jackson — It’s Your World (It’s Your World, 1976) Arista
18. Gil Scott-Heron Gil Scott-Heron — Fast Lane (Moving Target, 1982) Arista
19. Gil Scott-Heron — Lady Day & John Coltrane (Pieces Of A Man, 1971) Flying Man
20. Gil Scott-Heron — Everyday (Small Talk At 125th And Lenox, 1970) Flying Dutchman
21. Gil Scott-Heron — Grandma’s Hands (Reflections, 1981) Arista
22. Gil Scott-Heron — Winter In America (Winter In America, 1974) TVT
23. Gil Scott-Heron — Spirits (Spirits, 1994) TVT
24. Gil Scott-Heron — Is That Jazz (I’m New Here, 2010) XL
25. Gil Scott-Heron — Rivers Of My Fathers (Winter In America, 1974) TVT
26. Gil Scott Heron & Brian Jackson — Home Is Where The Hatred Is (I’m New Here, 2010) XL
27. Gil Scott-Heron — Johannesburg (1975) Arista
28. Gil Scott-Heron — Peace With You Brother (Winter In America,1974) TVT