Montréal a accueilli dimanche dernier les finales mondiales 2015 du End of the Weak (EOW), la compétition suprême du Mc’ing, qu’on ne présente plus. Les champions des différentes ligues EOW (cette année : Afrique du Sud, Belgique, Etats Unis, France, Québec, Royaume Uni, République tchèque et Suisse) se sont ainsi rendus en terre québécoise pour représenter leur nation respective.

Au terme d’une joute de très haut niveau, c’est le champion de France Res Turner qui s’est imposé, remportant ainsi un deuxième titre après une première consécration en 2013 et détrônant le Sud-Africain Slege Lee, qui voit filer un doublé. L’américain KM et le Québécois Clay s’adjugent respectivement les deuxième et troisième marches du podium. Si le décompte des points attribués par le jury n’est pas connu, on peut dire sans trop se mouiller que l’issue du match est restée serrée. J’avais pour ma part misé sur KM. L’intégralité des hostilités est visionable ici.

Le concurrent suisse, le Genevois Mans One, a livré une performance plus que solide. Rencontré juste avant la compétition, celui-ci m’a dit avoir l’intention de « juste bien faire ce que je sais faire ». Il a tenu parole, effectuant une belle démonstration de force dans son épreuve de prédilection, le Freestyle Bag, durant laquelle les Mc’s piochent dans un sac des objets totalement improbables sur lesquels ils doivent freestyler. Il a aussi bien tiré son épingle du jeu dans les phases d’acapella et du cypher, où il a donné la réplique à Res Turner, montrant mic en main que la Suisse pouvait aisément tenir la dragée haute au voisin français.

Un Français qui avait néanmoins montré dès le début qu’il n’était pas venu pour une médaille d’argent, en balançant un a capella de franc-tireur, alternant les cadences du 9 mm et de l’AK 47. Parmi les autres moments forts, les freestyles du champion québécois Clay, qui a jonglé entre Anglais et Français avec une habileté déconcertante, et ceux de l’Américain KM, qui s’est littéralement baladé sur l’épreuve du changement de tempo (Mc Vs Dj), rappelant à grand coup de punchlines que c’est bien de New York que venait le EOW. Plaçons-en une aussi pour le représentant tchèque, DzonAss, seul concurrent à ne pas avoir rappé en Français ou en Anglais. Le défi était de taille.

La mise en jambe avant le début de la compétition a été assurée par les trois grands gourous new-yorkais du EOW : Big Zoo, Mazzi et Vice Verses. Leçon de freestyle en bonne et due forme. Plus tard dans la soirée, c’est le Montréalais Monk.E, multiple champion québécois et légende vivante de la scène locale, qui a tenu le public en haleine avant l’annonce des résultats. Il figurait d’ailleurs parmi les membres du jury, composé exclusivement de Québécois.

Rencontrée parmi la foule venue assister aux chocs des titans, la marraine du End of the Weak suisse, Guliz, m’a confié avoir pour projet d’accueillir la finale mondiale en Suisse l’année prochaine. Genève? Lausanne? Suspense. En tous les cas, freestylers, aiguisez vos micros, car l’édition montréalaise a mis la barre bien haut.

Par Wattsdog, initialement publié sur metastasis.ch.