Une certaine appréhension nous habite lorsque l’on débute l’écoute de l’album de Biff 2000 Sale, Bête et Méchant, la même qu’avant l’écoute de tous les projets de rap de nos contemporains car s’il y a bien une chose qui vieillit très mal ce sont les rappeurs, plus encore lorsque leur alter ego de l’époque possédait toutes les caractéristiques pour devenir ce vieil oncle un peu gênant… 

Heureusement il n’en est rien pour Biff 2000, bien au contraire puisqu’il réussit à nous toucher directement soit au cœur soit aux tripes, parfois même les deux à la fois. Dans son album de 13 titres, il aborde avec une lucidité crade ce que ça fait d’avoir plus de 40 ans en ayant grandi avec le Hiphop comme grand frère, comme compagnon de route. On ne dit pas uniquement ça parce que Biff rappe depuis le siècle dernier, mais bien parce que cet album transpire le Hiphop, pue le Hiphop, avec tout ce que cela implique. Cela rend certainement inaccessible son discours à ceux qui n’ont pas grandi et ont donc pas été éduqué par cette culture, mais on s’en fout, c’est notre truc et on n’a pas besoin que les autres nous valident pour savoir ce que l’on vaut. On connaît la valeur des choses vraies et ce Sale Bête et Méchant en fait partie sans même avoir besoin de vous parler des qualités d’écriture, de rap et d’attitude de Biff, ça aussi on les connaît.
Une seule chose demeure incertaine, c’est cette question qui trotte dans notre tête tout au long de l’écoute « Mais bordel, il était où ce mec toutes ces années ? Pourquoi ce n’est pas lui qui a percé ? » et de se dire que c’est n’est pas uniquement une histoire de perte de temps, d’être bloqué dans une taule personnelle mais certainement aussi un peu de ce qu’on vient d’écrire; ce mec pue le Hiphop, avec tout ce que cela implique…

par Mr Seavers