Les « supergroupes » ont émergé aux États-Unis à la fin des années soixante. Autrement dit, une formation de musiciens qui avaient déjà effectué séparément leur propre trajectoire musicale. Dans le rap, le crew Slaughterhouse pourrait représenter, parmi tant d’autres, l’un de ces supergroupes modernes. Le plus important ? Certainement pas. Mais avec un succès assez grand pour que la pochette de Lettere renvoie directement, semble-t-il, au quatuor américain. Une réunion de lyricistes et de kickers dont tout le monde connaît les noms. Bref, une belle brochette de bouchers au micro. 

Les plus affûtés d’entre nous pourraient également citer M.A.R.S, un supergroupe tué dans l’œuf, composé de Cormega, Roc Marciano, Action Bronson et Saigon. Le carton aurait pu être total. Un regret traîné sur dix ans. En parler ici sert de catharsis.

Mais revenons à notre équipe. Dans le même ordre d’idées que les entités ci-dessus, les quatre membres possédaient des carrières solos avant de se rencontrer. Que ce soit à Genève pour Dj Twista et Rox ou Paris pour Benny Bastos et Fuegoflex. Avec comme point commun le Hip-hop. Parce que le territoire a beau être éloigné géographiquement du berceau de cette musique, l’esprit n’en demeure pas moins présent. Tout suinte la culture HH chez Afrowestsidaz : le nom qui renvoie, évidemment, à la côte ouest US (mais pas que) pour laquelle ils ont un amour indéfectible, en passant par les mentalités de passionnés. Rox, Fuegoflex, Benny Bastos et DJ Twista transmettent une flamme vive s’éteignant malheureusement petit à petit. Même si certain.es jeunes artistes actuels.les reviennent à la source, il leur manquera toujours le fait de ne pas avoir vécu l’époque considérée comme la golden era.

Une vie d’activistes qui prend forme en musique sur ce 1er EP Lettere qui signifie « lettre » en italien. Un titre en hommage aux origines tessinoises et bergamasques de Rox. Le but étant de mettre en avant chaque fois un autre membre du groupe. Logiquement, d’autres EP suivront. De la suite dans les idées chez Afrowestsidaz. Un nom lié également au Sénégal, un pays situé à l’ouest de l’Afrique dont sont originaires Benny Bastos et Fuego. N’en jetez plus, davantage de raisons ne sont pas nécessaires : le nom du crew et du projet étaient tout trouvés.

Après une intro en italien, l’énergie se déploie sur sept titres à l’esthétique Boom bap qui puent les nineties. Confirmation de Rox qui rappe sur H24 : « Y a pas que pendant les nineties que j’aime le Boom bap ». Pari gagné. On imagine sans peine tous les morceaux, dynamiques et pêchus, joués sur scène. Si les quatre (parfois cinq, le débat reste ouvert) disciplines du Hip-hop devaient être mises en parallèle avec quatre qualités du quatuor, il y aurait assurément Les prod, l’écriture, les flows et… le partage avec le public. C’est instant de grâce où les artistes transmettent leur énergie en live à leurs auditeurs. trices. Un échange qui semble important aux yeux des Afrowestsidaz.

M. Macfly