Interview « Asocial Club » (Vîrus, Casey, Prodige, Al, DJ Kozi) (3e partie)

Et voilà, place maintenant au troisième et dernier tiers de cette interview fleuve réalisée par Skywalk lors de la venue du groupe à Genève.

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R : Deuxième question pour toi Vîrus [j’ai complètement oublié de revenir sur leurs visions de la Suisse pour le coup : NDJ] : j’ai vu que t’avais plus de compte Facebook [aujourd’hui réactivé : NDJ]. Trop social comme réseau ?

C : Il a pas renouvelé, il a pas payé le bail.

A : Nan, il a pas payé le courant (rires).

V : Là il est ouvert ou pas ?

Je sais pas, j’y suis pas retourné. Mais ce n’est en tout cas pas une volonté de ta part d’avoir fermé Facebook…

V : Non, parce que c’est impersonnel la page. Ce n’est même pas que moi qui m’en occupe.

R : Sur ton EP  Faire-part et plus précisément sur le titre « Champion’s league », tu dis : « Quelques bibelots, une bible, une bibliographie/ Mais t’as rien compris à la pensée de Krishnamurti  [philosophe controversé d’origine indienne, à l’origine de théories éducatives alternatives : NDJ] ». Toi, qu’est-ce que t’as compris à sa pensée, en synthétisant ?

V : Nan mais moi c’est même pas par rapport à sa pensée que je dis ça. J’ai dû lire 20 pages d’un de ses livres. Je vois les grandes lignes, mais c’était plus destiné à des gens qui parfois se font toute une bibliographie d’un mec et du jour au lendemain, ils ont un avis. Mais il y a une différence entre la pensée et sa retranscription par la personne. Toi t’ouvres Wikipedia, tu lis les grandes lignes de la pensée et tu te dis ça colle pas avec ce que la personne dit.

R : Toujours sur ton EP mais cette fois sur « 6.35 », tu dis : « Violence légitimée par des faits marquants/dans un bouchon, je me suis dit que je lirais « Mein Kampf ». C’est une interprétation personnelle, mais je vois plus du tout ça comme une explication de l’utilisation de la violence, mais presque comme une excuse. Quel est ton positionnement par rapport à ça ?

V : Nan, c’est qu’il y a des faits fictifs qui peuvent devenir réels. Par exemple quelqu’un qui a vécu une violence conjugale, il y aura plus de facilité à la reproduire. Ça t’ouvre le verrou de la possibilité que ça se produise, le truc devient possible.

R : Dernière question tous ensemble, après je vous laisse tranquille : Y a quelqu’un dans l’Asocial Club qui n’écrit pas ses textes, qui a tout en tête avant d’enregistrer ? [La réponse est non : NDJ]

C : Le truc à la Notorious B.I.G. ! [célèbre rappeur américain : NDJ].

A : Moi j’y crois pas trop à ça. Faut désacraliser ce truc-là. Quand ça fait 10, 15 ans que t’écris, des fois t’as des rimes qui te viennent, t’arrives très vite à avoir un 16 mesures [un couplet : NDJ], que tu connais par cœur sans l’avoir mis sur le papier.

C : C’est comme les acteurs qui ont la capacité de retenir 300 pages de texte. C’est juste un exercice mental. Le dire, c’est aussi de la grande esbroufe. C’est une façon de dire : j’ai un talent instinctif et spontané. Genre je ne réfléchis pas à ce que j’écris. Mais ce n’est pas vrai : même quand t’écris dans ta tête, t’as réfléchi un peu à la phrase, à la rime. Si ces gens-là écrivaient vraiment de façon spontanée et sans réfléchir, ce serait de grands improvisateurs.

V : T’as aussi le côté studio du truc. Je sais qu’il y a des mecs qui posent 2 mesures, ensuite 2 autres mesures, mais t’as rien d’écrit. Petit à petit ils posent le texte. L’aspect studio entre en compte.

V et C : De dire ça, ça ramène un côté légendaire !

R : Donc Zoxea avec son album Tout dans la tête, c’est peu crédible ?

C : Donc c’est l’accroche de l’album, c’est un album qui a été fait sans être passé par un cahier. Je ne sais pas s’il y a une valeur supplémentaire, si les gens prennent ça en considération…c’est juste un truc de performance, mais est-ce que les textes sont bien ? Ça j’en sais rien. C’est comme si tu dis « cet album a été enregistré à poil en faisant le poirier » [je rigole : NDJ], c’est une performance, mais je ne sais pas si ça dit quelque chose sur la qualité du truc. Ou, il a fait cet album suspendu dans le vide au-dessus de l’Himalaya. Est-ce que tu peux apprécier tout un disque en fonction de ça ? Que tu l’aies fait à cloche-pied ou par -40°, c’est juste une performance.

Raaf [régisseur du groupe, assis derrière moi pendant l’interview : NDJ] : C’est comme Twista [rappeur américain connu pour son flow rapide : NDJ] qui rappe super vite, après les textes…

A : Ca se savoure pas le fait qu’il soit capable de poser son texte sans l’écrire. Ouah ! ça se voit qu’il ne l’a pas écrit ! (rire général)

V : Un texte pété de tête, ça reste un texte pété.

P : Ou le mec qui a fait son album à New-York. Et après ? c’est l’essence même du rap, et après ? Parce que tu l’as fait à New-York, qu’est-ce qui change ? Pourtant pour certains, c’est une plus-value. Au final on te demande juste que ton disque, il soit bon.

R : Merci à vous pour cette interview. Ah, j’allais oublier la question maison : qu’est-ce que signifie pour vous le terme Reprezent ?

Tous ensemble : La chanson de Nas !

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