Jeudi 25 novembre 2010, 20h30. repreZent marche à grande vitesse dans les rues genevoises. Le froid glace les os, mais peu importe, on brave le vent direction Carouge. C’est dans ce quartier aux allures de vieux village que se trouve une entité des soirées genevoises de qualité ; le Chat Noir. Petit et cosy, l’endroit a l’habitude, depuis près de vingt ans, d’organiser des évènements musicaux et festifs d’un excellent niveau. Jeudi dernier, c’est le groupe Trip In qui était l’invité du Chat Noir. Pour leur première date après le vernissage de leur dernier album, « Tomber les masques », au D! Club de Lausanne, le groupe a choisi de se produire dans cet endroit mythique de Genève accompagné des invités présents sur ce dernier opus.
Aux alentours de 21h, on sent une agitation au sein du public. Le groupe est enfin arrivé. Il se faufile dans les coulisses et revient quelques minutes plus tard. Exit l’attitude de musiciens inaccessibles, ils traversent la foule pour rejoindre la scène. Puis, le groupe nous a offert plus d’une heure et quart de musique.
Le concert commence avec le titre « Tomber les masques » accompagné de Poeira. L’alchimie se fait sentir entre le groupe et l’invité qui, ensemble, ouvrent la soirée sur une belle note musicale. Les morceaux s’enchaînent, sans se ressembler. Le temps passe, sans qu’on ne le sente passer. La formation des quatre musiciens donne énergie et passion au public. Ils s’éclatent et cela se voit. Quelques titres passent sans forcément marquer au plus haut point nos esprits et d’autres s’annoncent comme joués à l’encre indélébile. Sur « Je cours », c’est Mark Kelly qui rejoint Trip In sur scène. Sa voix et ses mimiques apportent une touche reggae qui appuie le côté « ouverture » du répertoire du groupe vaudois. On retiendra également la performance du titre « L’homme bombe ». Le texte porte une thématique reflétant une triste réalité. On attendait donc de Trip In d’apporter toute l’angoisse du morceau sur scène. Nadir et Jonas (slameur invité sur le titre) ont réussi cet exercice en créant une atmosphère glaciale sur ce titre. Mais c’est sans aucun doute la performance vocale de Yaël (également invitée sur le titre) qui a apporté la touche la plus effrayante. De sa voix se baladant dans les octaves les plus aiguës de sa tessiture la chanteuse a apporté le grain de sel qui a permis de recréer l’ambiance de l’album.
Dans l’ensemble, on appréciera la démarche artistique du groupe qui garde la même énergie à chaque concert. Nadir vit ses textes avec une telle ferveur et humilité qu’on ne peut qu’en redemander. Maxime Steiner, fidèle à lui-même, jongle entre les instruments avec aisance. Comme s’ils ne constituaient qu’une simple continuation de son corps. Les deux autres musiciens (Maxence Siblle à la batterie et Jacques Baud à la basse) s’intègrent au groupe comme un l’ingrédient manquant à un bon plat. Le seul léger regret de la soirée se trouve dans la setlist du concert, composée uniquement de titre de leur dernier album. On aurait certainement apprécié d’entendre un titre de leur premier opus, « Autre langage ».
A l’heure du rappel, Trip In revient sur scène pour le moment le plus émouvant du concert. Cette fois-ci, seuls Maxime et Nadir apparaissent sur scène. Les notes de piano se glissent doucement aux oreilles de la foule et les premiers vers de « Ton absence » raisonnent. Nadir se laisse emporter par le texte et lâche prise face à la dimension de ses mots. Sur album, comme en concert, ce morceau reste définitivement le plus touchant du groupe. Trip In enchaîne avec un dernier titre : « Mon quartier ». Le public se joint au groupe pour faire les cœurs. Tout le monde danse, tout le monde chante. Trip In finit son tour en terre genevoise et repart vers d’autres aventures scéniques.
par Sophia Jasmina
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