« Entre parenthèses », mais alors hautes. Selon l’artwork de la pochette, elles le sont même bien plus que le mc à l’air prostré sur son fauteuil, entouré de milliers de textes. Ces deux signes sont aussi à l’image du projet en libre téléchargement : 70 minutes de musique, 13 featuring ; conséquent. Que penser alors de la phrase inscrite dans l’annexe du dossier téléchargé « L’histoire continue, ce n’était que deux parenthèses », sinon qu’elle sonne comme une fausse déclaration ?
Plutôt à l’instar de la réelle fonction des parenthèses dans un texte (amener force détails), le cd apporte un « plus » qualitatif à la carrière de Sentin’l. L’ensemble s’élève, haut à nouveau, à commencer par son écriture qui était déjà son point fort sur « La tête ailleurs » ; et qui laisse échapper ici quelques fulgurances bien senties : « On associe le verbe perdre à nos destins, autant qu’une grand-mère à coudre » ; « l’emblème de la mode, c’est d’être pareil à celui qui ressemble le plus à l’autre » ;« Qui sont les bons, ceux qu’on déteste on les montre/ réponse, question/oui, est-ce qu’on est con ? » ; « J’aime pas la soupe, ça parle de musique/ le public n’étudie rien de c’qu’on lui sert à la louche ». Les invités emportés à leur tour par le tourbillon talentueux de leur hôte sont irréprochables. À croire qu’ils aient été triés sur le volet pour leur écriture : M-Atom (à suivre de près), L’Hexaler, Caballero, D’Oz, Le Bon Nob, Hunam, Lomepal, Asma-t, Ibra, Geule Blansh, Kekro (Koma, sors de ce corps !) et Fadah (gagnant du concours). Mise en garde destinée toutefois à tout ce petit monde, attention à ne pas tomber dans les clichés éculés du fatalisme et répéter le « pathos » propre au rap en français, mille fois entendu. Les thèmes évoqués sont familiers, en ce sens qu’ils ne s’éloignent pas trop de ce qu’ils étaient sur « la Tête ailleurs » (Remise en question, constats), en renouant par moment avec cette pointe moraliste dispensable, déjà présente sur son dernier opus. Quoi qu’il en soit, gardons à l’esprit la haute teneur en compétences scripturales de l’ensemble.
Sentin’l se positionne en toute logique en bon « storyteller », sur des titres comme « Au large » ou « Monsieur qui ? ». Le travail fourni a malgré tout son revers : 21 titres (plus un caché) rendent l’œuvre très dense et difficile à écouter d’une traite. Peut-être aurait-il mieux valu tailler dans le vif et se séparer douloureusement de quelques titres ou de carrément séparer le projet en deux parties. Toujours est-il que la qualité a un prix, à quelques exceptions près ; comme ce « Entre parenthèses ». Alors, pourquoi s’en priver ? Téléchargeons ! C’est par là >>Sentin’l – Entre Parenthèses<<
par Skywalk
5 Comments
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« Kekro (Koma, sors de ce corps !) » Tu as dût te tromper et pensais sans doute à Mokless en disant ça non ?
@thysma. Ahah bien vu, franchement je savais plus. J’ai reécouté des morceaux de chacun des mc’s de la scred et j’arrivais pas à déterminer à quel flow/voix il correspondait. Si c’est Mokless, soit.
Du tout bon, big up! A noter que Sentin’l & M-Atom seront en première partie de Flynt & Pejmaxx le 20 Octobre 2012 au Bikini-Test de La Chaux-De-Fonds! Peace
Une très bonne surprise, je suis impressionné par la fraîcheur et la qualité des textes! (Et je confirme pour Mokless)
Skywalk t’as vraiment bloqué sur les cotés moralisateurs aha…
Et en effet, Kekro fait pas mal penser à Mokless sur certains points! C’est un mc du nord de la france, allez cheker!
Merci pour la chronique, content que t’aies apprécié dans l’ensemble.
Peace