Quelques heures après son excellent concert au Royal Arena, RepreZent a squatté la loge de Kid Cudi pour poser quelques questions à Pharaohe Monch.
On a pu t’apercevoir avant le concert. Tu étais très calme et posé. Dès que tu es monté sur scène, tu as explosé. C’est un comportement que l’on peut remarquer chez beaucoup d’artistes. Est-ce un besoin d’agir de la sorte ?
Je pense oui. Dans beaucoup d’arts c’est un peu Clark Kent/Superman. Il faut rassembler ses pensées, réfléchir à ce que cela va être. C’est une traduction différente sur scène. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de différent que le Pharaohe que vous voyez sur scène. À travers Pharaohe, j’essaie d’être connecté avec les gens grâce à la musique. Parfois, mon côté « vie de tous les jours » réapparaît avec quelques idées, mais c’est aussi une bonne chose. Au début, je pensais que c’était un peu bizarre du point de vue psychologique. Même mes amis de longue date remarquaient une grande différence. Ils me connaissent, on a été à l’école ensemble. Ils sont venus à mes premiers concerts et il était là : « vraiment ? C’est comme cela que tu es sur scène ? » C’est une transformation. Je pense aussi que ça a un côté thérapeutique.
Alors la différence entre toi et Pharaohe est importante ?
Je pense oui. Tant que tu contrôles et comprends l’importance de cette transformation, que tu parviens à redevenir l’être humain normal qui a des responsabilités, et que tu saisis que c’est un cadeau et qu’au final tu n’es qu’un vaisseau par lequel les chansons et les messages qui viennent à travers toi sont transmis aux gens. En considérant les choses comme cela, ça me permet de me concentrer un peu mieux.
Avant de devenir musicien tu as fréquenté une école d’art à New York, comment est-ce que cela a influencé ta musique ?
Quand j’étais un enfant, j’ai toujours vu les choses autour de moi d’une manière artistique. Mes amis voyaient des choses et me les décrivaient et je leur répondais que je ne les voyais pas de la même manière. La scène, les chansons, la musique, c’est une interprétation de l’art. Le hip-hop est, pour moi, très artistique. Tout comme la photographie et toutes ces choses. J’ai quitté mon école d’art pour faire du hip-hop parce que j’avais le sentiment que c’était une manière artistique de m’exprimer.
Est-ce vrai que tu as enregistré ton premier album dans un placard de ta maison ?
Oui. Pour « Internal Affaires », on a monté un petit studio dans un placard. C’est pour cela que l’album sonne si brute. C’était l’énergie que l’on voulait. On ne voulait pas aller dans un studio, on voulait pouvoir frapper dans la viande et être comme si on s’était entraîné dans la forêt.
Ton dernier album s’intitule « W.A.R » pour « We are renegades ». Est-ce que tu pourrais expliquer la signification de ce titre pour les auditeurs qui ne parleraient pas anglais ?
J’ai beaucoup tourné dans le monde, je suis allé à Paris, en Australie. Cela m’a fait réalisé qu’il y a une connexion entre une certain pourcentage de gens qui veulent quelques choses de meilleure. J’ai commencé à réaliser que si je m’adressais à ces personnes, mon message serait bien reçu. Je sais qu’il y a la barrière de la langue, mais pour la plupart, je pense qu’il y a un pourcentage de gens qui veulent la justice, la paix et qui veulent nous voir évoluer vers une meilleure société. Si tu vois cela, selon moi, tu es un renégat parce que tu fais ton journalisme indépendant, parce que tu as ton blog, ton show, ton label, tu es un peintre, un poète. Même dans le cadre de ton job tu essaies de faire le meilleur. Selon moi, ce sont des renégats.
Avec qui est-ce que tu formerais un super groupe ?
Il y en a beaucoup trop ! Beaucoup trop d’artistes que j’aime. De Robert Glasper, Chris Daddy Dave à Georgia Anne Muldrow. C’est plus un type jazzy. Je ne vais même pas te parler des MC parce qu’il y en a un nombre illimité !
J’ai 22 ans, j’écoute du rap depuis que je suis née. Après tout ce temps, il y a quelque chose que je ne comprends toujours pas. A chaque fois que je vais à un concert, j’entends tous les rappeurs dire qu’ils font du « vrai » hip-hop. Est-ce que tu peux m’expliquer ce que cela veut dire de faire du « vrai » hip-hop ?
Je pense que ça devient redondant de dire cela. Mais quand on le dit, on veut tous dire que c’est quelque chose qui vient du cœur et pas forcément un rap formaté au niveau commercial pour un public de masse. Cela peut néanmoins venir du cœur et être de la pop mais c’est du cœur. Je pense que c’est ce que l’on veut tous dire quand on parle de « vrai » hip-hop
Quelle est ta définition du mot « repreZent » ?
C’est un mot surutilisé, mais je pense que cela veut dire d’être vrai par rapport à ce que tu es, ce que tu défends. Ça peut être ta famille, ta clique, ton crew, ta musique, ton message. Peu importe, il faut rester fort et représenter quelque chose qui te touche et en quoi tu crois. Certains disent que si tu ne vises pas l’impossible alors que vises-tu? Ce type de causes valent la peine d’être représentées.
Sophia Jasmina
Yes, big up Sophia. Message d’1 interviewer à l’autre.
Fort la dernière question…. putain de boss Pharaohe Monch, et bien sûr c’est souvent ceux qui balancent le moins le mot « real » qui le sont le +…. big up
@Babu : merci 🙂
De bonnes questions qui donnent forcement de bonnes réponses de la part d’un bon artiste.
Archivist> bonne critique! 😉 mouarf