Importé des États-Unis, souvent décrié et victime des clichés qui lui collent au steak comme une tranche de cheddar fondante, le hamburger est à la gastronomie ce que le rap est à la musique pour de nombreux mélomanes. Et si c’était vrai ? En tout cas, il semblerait que tant pour les amateurs de cette musique que pour ceux de ce met, le combat pour la reconnaissance soit sensiblement le même. En effet, s’il est difficile de ne pas penser aux Big Mac lorsque l’on parle hamburger, il l’est tout autant de ne pas assimiler le rap à ce qui est diffusé à longueur de journée sur les chaînes dont le M de leur intitulé nous rappelle qu’il fut un temps où elles diffusaient de la musique…
Afin de ne pas trop nous perdre, nous ne parlerons pas ici de ceux qui tentent vainement d’imiter ce bon vieux Ronald, car si le clown cache la forêt c’est certainement dans les bois que l’on trouvera les gastronomes. Défenseurs d’une certaine tradition qu’ils veulent préserver, ces amateurs n’ont qu’une envie : redonner aux hamburgers ses lettres de noblesse. Pour se faire ils se sont jetés dans une quête qui doit les mener à dénicher ce qui se fait de meilleur. Il ne s’agit pas ici de se contenter d’acheter des sets tout prêts en grande surface, mais de trouver, non pas un boulanger, mais l’artisan qui aura la meilleure farine pour leur fournir le pain idéal, tantôt croustillant, tantôt moelleux. Il en va de même pour tous les autres ingrédients qui seront généralement produits localement, dans le respect de la nature, mais surtout des saveurs. Tout cela ressemble à s’y méprendre aux bases du mouvement Hiphop ; s’adapter à une situation, transformer la matière première à disposition et venir là où on l’attend le moins.
Et si la recette de base est la même pour tous (du pain et un steak haché), le chef se démarquera du simple cuistot, car il saura sublimer tous ses produits, il osera des associations originales, y apportera ses expériences, sa personnalité. Certains se contenteront ensuite d’une seule recette, chaque jour améliorée qui à défaut de surprendre saura ravir ses amateurs. D’autres continueront sans cesse leur quête, s’inviteront chez leur confrère pour goûter à d’autres idées, d’autres compositions et qu’ils pourront emprunter puis les améliorer… Chacun apportant alors sa touche pour faire de ce simple repas un mets d’exception unique. Mais attention à ne pas devenir un puriste un brin aigri, sorte d’entité suprême qui chercherait à différencier ce qu’est un vrai hamburger de ce qui ne l’est pas.
Car au final chaque hamburger trouvera une bouche qui s’ouvrira devant lui et qui l’appréciera à sa manière. Que ce soit à l’emporter avant de prendre son train où dans un palace, cela reste un hamburger, et même si l’on préférera toujours la version plus authentique entre amis, on peut tout autant apprécier de se rendre chez le roi du hamburger, car outre son côté très pratique, on est assuré de savoir exactement ce qui nous sera servi. Mais voilà, le passionné ne saura se contenter d’un menu formaté à tous ses repas, il veut pouvoir apprécier les bonnes choses faites à base de bons produits par des gens autant passionnés que lui. Mais par-dessus tout, il veut que chaque enseigne ait sa propre identité, sa marque de fabrique qui la différenciera des autres afin de pouvoir savourer chaque bouché sans avoir cet arrière-goût formaté qui annihile toutes les saveurs.
Mr Seavers en partenariat avec le site ronorp.net
Ok, trêve de bavardages, j’ai lu burgers, je dis : « Inglewood » à Genève et « Zooburger » à Lausanne.
Pour la Romandie, qui dit mieux ?
Pour le canton de Neuchâtel il y a bockerijder.ch à Colombier
A Berne je conseille le Kung Fu Burger