C’est un projet que l’on attendait depuis un certain temps, et comme c’est souvent le cas, plus longue est l’attente plus grand est le risque d’être déçu. On est donc un peu fébrile avant de cliquer sur « kill bill » qui ouvre le dernier projet de Mairo. Mais il ne suffira que de quelques secondes pour être rassuré, la prod s’immisce à coup de basses sombres, Mairo entre et nous met directement dans le bain. Egotrip assumé et assuré, il n’est pas là pour faire de la figuration, mais ça on le savait déjà, même si voilà bientôt 10 ans que l’on attend sa révélation qui ne saurait tarder, « 95 monde libre » pourrait bien être le détonateur qui permettra à la bombe Mairo d’enfin exploser à la face du monde.

10 titres pour 30 minutes de démonstration de styles où le mc et le beatmaker ne semblent faire qu’un, les liens entre Mairo et Hopital sont particuliers et ça se ressent, il se passe quelque chose qu’on a de la peine à expliquer mais qui permet à chaque son d’ouvrir des portes vers d’autres, de s’inspirer d’une expérience musicale commune dont les bases semblent avoir été construites côte à côte. Le flow est carré, les rimes sont aiguisées, on le disait en ouverture, Mairo n’est pas un petit nouveau dans le paysage du rap romand et ça s’entend. Il pratique son art depuis assez de temps maintenant pour en faire ce qu’il veut, tout en respectant une certaine forme, une façon de faire qui n’est pas pour nous déplaire.
Car si Mairo s’inscrit parfaitement dans son temps musicalement parlant, il apporte à ce rap bien sale cette touche de sincérité, de personnalité qui parfois lui manque cruellement. Et quand en plus le mc glisse quelques punchlines dignes de la meilleure école du « rap conscient » on ne peut qu’acquiescer. Mairo fait bouger les coudes sans oublier d’instiller dans nos cerveaux de quoi réfléchir sur le colonialisme, l’éducation, le racisme, la société… du rap dégueu-conscient comme il le définit lui-même. On aime.

Mairo – 95 monde libre [EP] est disponible sur :
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