L'Interview d'Oxmo Puccino

Il est 14h30. Genève grouille sous le rythme d’une semaine bien entamée. Les trams se croisent et se suivent. On arrive à destination. Entrée dans le lobby d’un hôtel brillant, j’aperçois au loin celui qui va me présenter son album. Posé dans son canapé, ce Roi sans carrosse laisse une aura d’art émaner de sa personne. Il n’y a pas que sur des notes que son verbe est poète. Bienvenue dans « Roi sans carrosse », le nouvel album d’Oxmo Puccino dont l’artiste nous explique les recoins.

repreZent : Voilà encore un album d’Oxmo Puccino qui ne ressemble à aucun autre. Comment faites-vous pour vous renouveler sans cesse ?
Oxmo : Je trace ma route. De mon passé, je ne garde que ce qui me sert. Et je profite du présent. C’est pour cela, je pense, que j’arrive à ne pas retomber sur les mêmes pas.

Qu’est-ce qui vous inspire ce renouvellement ? N’appréhendez-vous pas la réaction du public face à des albums si déroutants ?
Oxmo : Je reste dans une lignée que j’ai commencée à tracer au premier album. Tant en ce qui concerne la thématique que de la musique. Quel que soit le pas de côté que je fais, je garde toujours un pied sur le même chemin. Je dirais qu’à force de tenter les expériences, j’enrichis mon parcours final. Tout appartient au même personnage, au même univers. En regardant bien, on se rend compte que c’est un peu la même chose, à peu de choses près, si ce n’est les premières saveurs.

Techniquement parlant, comment posez-vous les mots, les découpez, les appréhendez, les choisissez… Comment ça se passe dans la tête d’Oxmo Puccino ?
Oxmo : Ça se passe dans la réécriture. Aujourd’hui, pour écrire une chanson, je pars de la thématique que je veux aborder. Je développe, j’étoffe tout ce qu’on peut dire sur la thématique. Je cherche un champ lexical, les mots clés qui touchent à la thématique. Ensuite, je commence à assembler les phrases, ce qu’elles me disent, la manière dont elles sont fluides ou pas. Parfois je change un synonyme ou j’utilise un mot qui n’a rien à voir pour essayer de le faire rebondir un peu plus tard. C’est du jeu de construction avec des cubes, des sonorités, des consonances, sans se limiter et toujours en restant dans la thématique. C’est de la réécriture !

Et vocalement parlant ?
Oxmo : J’essaie de partir sur ce que je veux que le texte inspire malgré son contenu. Je peux parler d’un sujet tragique tout en y ajoutant de l’humour et du sourire dans l’interprétation. Cela apporte une autre manière d’aborder le sujet. Par exemple, pour une chanson comme celle que j’ai écrite sur la paternité (NDLR : « Un an moins le quart »), au début j’étais parti sur une mélodie un peu triste, comme une berceuse, avec une interprétation monotone. Finalement, j’ai décidé d’aborder cela comme une moquerie, comme une boutade. Je suis parti sur les mêmes accords, mais avec une mélodie un peu sautillante, un peu amusante, un peu jeu d’enfant. Je trouve que pour traiter ce sujet ceci y met un recul qui permet de l’aborder avec moins de gravité. C’est comme cela sur la plupart des morceaux : surprendre par l’interprétation inattendue d’un morceau. Chanter un morceau drôle d’une façon triste, chanter un morceau triste d’une façon cynique. Je pense que ça allège le propos s’il est trop lourd.

C’est pas vraiment le type de réponse que l’on attend d’un rappeur, pourquoi avoir choisi ce genre ?
Oxmo : Parce que c’est le rap qui m’a choisi. Parce que c’est l’art de chanson qui soit le plus moderne qu’il soit. Celui qui se renouvelle le plus. À l’époque où j’ai commencé, c’était la musique du futur.

Tout au long de votre carrière, on a pu constater que vous n’avez aucune limite sur ce plan. On a pu voir que vous avez déjà collaboré avec Olivia Ruiz ou encore Benjamin Siksou, sans vous préoccuper de leur image de télé-réalité. Vous avez également collaboré avec 20Syl d’Hocus Pocus. Pour cet album, pas tellement de featuring, mais plutôt un choix intéressant dans les musiciens qui vous accompagnent.
Oxmo : Oui parce que c’est un album qui s’est fait assez vite. Je l’ai écrit en quelques mois et je l’ai presque composé aussi vite. Je ne me suis pas posée de questions. À chaque étape d’avancée nécessaire à l’album, dès que cela a été validé, on est passé à la prochaine. Ce qui fait que je ne me suis pas retrouvé avec des morceaux sur lesquels il manquait de la matière, de la substance ou de personnes. Chaque fois, tout était rempli par la musique puisque la manière de composer cet album était différente des autres. Vincent Segal est parti de la base des maquettes et tenait à en garder l’esprit. C’est donc resté minimaliste sans être trop léger, trop vide. On a donc avancé dans l’album, les morceaux suffisaient à eux-mêmes, il n’y avait pas de trous artistiques, de goût à combler sauf sur « La Danse Couchée ». Je ne pouvais pas faire ce morceau tout seul. En même temps, je ne voulais pas d’une chanteuse qui viendrait poser sa douceur au refrain puisque c’était trop classique. Ce n’est pas facile de trouver une bonne rappeuse qui chante très bien, voir une bonne rappeuse tout court. Il était évident que Mai Lan, que je côtoie depuis plus de dix ans, avait tout ce qu’il fallait pour remplir ce rôle-là. On a donc travaillé sur ce morceau ensemble. Ça a fini par être le couplet que l’on peut entendre sur « La Danse Couchée ». Je m’étais dit qu’appeler une chanteuse pour le refrain était trop attendu, trop logique. Mais appeler une fille sur un morceau comme celui-ci pour rapper c’était américain des années 90. C’était Foxy Brown, c’était Lil’ Kim.

Pour la suite de son interview, repreZent a décidé de décomposer les différents morceaux et surtout les mots de « Roi Sans Carosse », on commence donc par « Artiste » et l’on continuera ainsi, évoluant chronologiquement dans cet album.

On ouvre l’album avec un titre qui reflète bien l’univers musical de « Roi sans carrosse ». Toujours hiphop et avec une introduction bien affirmée dans la chanson française. On a pu voir que vous aimiez le mélange des genres (Lipopette Bar). Qu’est-ce qui vous a donné envie de partir sur cette lignée musicale ?
Oxmo : C’est quelque chose vers quoi j’ai toujours tendu, et cela dès le deuxième album. Lorsqu’on écoute des morceaux comme « Demain Peut-Être » ou « Souvenir », ce sont des morceaux qui tendent plus vers la chanson comme on a pu la connaître dans les années soixante, septante voir même avant, que dans le rap parce qu’il y a de la mélodie, parce qu’il y a un débit assez particulier et que la musique est calée d’une manière différente que sur un 4/4 normal. Mon but était de trouver quelque chose qui mélangeait l’état d’esprit hiphop et la chanson française traditionnelle. C’est après mon troisième album, « Le Cactus de Sibérie », où j’avais travaillé avec beaucoup de musiciens à l’insu de mes auditeurs que j’ai décidé de passer le cap un jour ou l’autre. Puis, « Lipopette Bar » m’a fait travailler avec des musiciens sans aucun sample, sans aucune machine et à continuer cet élan créatif que j’avais commencé sur le premier album. Lorsque j’ai vu les possibilités que cela m’offrait tant en studio que sur scène, je me suis mis à la guitare, j’ai repris la basse et j’ai pu composer mon album. C’est par souci de liberté, d’efficacité, de sensibilité que je suis passé à cette manière de faire la musique. De toute manière, de nos jours, il y a très peu de rappeurs qui montent sur scène avec uniquement un DJ.

Dans « Parfois », vous dites : « être libre, c’est sortir d’une prison pour une autre ».
Oxmo : Totalement. Je pense que la liberté est un mythe. À partir du moment où nous sommes en vie, nous avons une dette à remplir, nous avons des responsabilités, nous avons des gens qui dépendent de notre bien-être, nous avons des choses à accomplir à un moment donné, nous avons une attitude à adopter, des relations sociales à maintenir. Tout cela est des devoirs qui font qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut. À partir du moment où notre liberté s’arrête à celle des autres, c’est vite réglé.

D’où la rime « on doit tous la vie au décès de quelqu’un » ?
Oxmo : Totalement.

Avec « Pam-Pa-Nam» vous personnifiez Paris dans ce titre. Pourquoi ce choix d’écriture ?
Oxmo : Ça fait longtemps que je voulais écrire un morceau sur Paris. Ma référence, c’était « Paris s’éveille » de Dutronc. Je me disais que tant que je n’arrive pas à écrire quelque chose qui arrive à la cheville de ce morceau, je ferais mieux de me taire parce que parler des Champs Elysées, de Montparnasse, tout le monde peut le faire. C’est tellement cliché et c’est presque ridicule. Je voulais parler de Paris d’une façon qui restera familière que si l’on a vécu Paris. J’ai attendu que ça me tombe dessus. Un jour, j’ai lu « Germinal » et la révélation est tombée. C’est la scène dans le livre où il décrit les mines pour la première fois avec le trou, les machines immenses, les mineurs qui représentent des petits êtres qui descendent, la fumée, le bruit… là, j’ai vu la manière de parler de Paris, sans citer Paris, sans parler des avenues. Juste par la sensation, l’émotion et de ce que te provoque Paris lorsque tu le découvres ou lorsque tu le suis. Le troisième couplet est la seule exception puisque j’y parle quand même des autres côtés qui sont plaisants.

Le choix de l’instrumentation de « Danse couchée » est surprenant. Le reste de l’album est bercé par un mariage entre hip-hop et chanson française et voilà qu’une légère touche de sonorités électroniques aux allures spatiales s’invite à la fête et expédie l’envolée des premières notes du saxophone. Quelle est la résonnance de cet élément pour vous ?
Oxmo : C’est un morceau qui s’est laissé faire tout seul. J’étais venu avec une composition de base avec une suite d’accords assez banals. Vincent Segal a essayé des synthétiseurs un à un. À chaque fois que la sonorité sur synthétiseur essayé allait avec la sonorité du synthétiseur précédent, en transformant la suite d’accord banale en accords troublants, presque sexuel, j’ai été un peu piqué. Le rythme, cette espèce de redondance mécanique, cette atmosphère planante correspondait exactement avec le thème. Je me suis dit qu’il fallait que j’écrive ce morceau sur cet instrumental.

Dans « Le vide en soi » vous dites : « La douleur des jours de tristes costumes qui rappellent qu’on aime qu’à titre posthume ».
Oxmo : Oui bien sûr, c’est propre à l’être humain et sa faculté à ne pas savoir capter l’instant présent. Chose qui peut emmener vers cette nostalgie perpétuelle du moment raté qui a toujours été présent et qu’on ne fait que répercuter jusqu’aux gens qui sont les plus chers pour nous. C’est vrai que lorsqu’on ne profite pas assez des gens – ce qui arrive assez souvent – on se rend compte qu’on aurait dû, qu’on aurait pu lorsqu’ils partent. Dans ce souci là, j’ai bien conscience des jours qui passent, de l’importance du moment que je passe avec quiconque sur le moment. Je pense que c’est une des bonnes manières de prendre la vie comme elle vient avec ses bons et mauvais côtés. Et, de ne pas regretter le temps qui passe. C’est vrai qu’on ne regrette les gens qu’à titre posthume la plupart du temps.

Dans « Pas ce soir» vous dites « Passé la trentaine, tu comprendras que les bons souvenirs ne courent plus les draps ». On s’ennuie vraiment dans les relations de couples lorsqu’on a passé la trentaine ? Tout devient organisé ?
Oxmo : Après la trentaine, il y a une chute de responsabilité qui arrive. Dans certains cas, il y a le premier enfant qui arrive, l’installation en couple, l’évolution dans son travail, les revers de médailles de tous ces éléments mélangés, l’évolution de la vie qui doit continuer, le « moi » qui doit subsister parmi cet univers qui est nouveau. Il y a donc des occupations qui passent au dernier plan. Et, c’est tout à fait naturel, ce n’est ni une maladie, ni une malédiction. C’est comme ça. C’est la vie. Justement, beaucoup d’arguments de magazines féminins misent sur cette idylle du couple parfait, du meilleur des mondes à tout âge. Je pense que c’est plus simple que ça. C’est la vie ! On peut écrire dessus, on peut tricoter. On peut écrire avec des « et si », mais la vie est ce qu’elle est et c’est déjà assez fascinant pour pouvoir en parler comme ça avant de la transformer. Mais, c’est vrai qu’après un certain âge, il n’y a plus de temps. Il y a plus le temps de s’amuser (rires).

Avec « Gens 72 » on pense à cette fameuse « Le rap c’était mieux avant »…
Oxmo : Le rap c’était bien avant. C’était autre chose. Il n’y a pas de problèmes avec cela. Mais, on l’a compris quoi. Ce n’est pas la peine de le répéter dix fois, ni de rependre du bitume sur le présent dans lequel il se passe des choses qu’on attendait depuis quinze ans et qu’on n’avait même pas espéré. Oui, il y avait des choses bien avant, mais il y avait aussi des choses difficiles. Tout comme aujourd’hui. Beaucoup de ceux qui disent « c’était mieux avant » n’y étaient pas. J’y étais moi donc je sais de quoi je parle quand je dis qu’avant c’était autre chose et qu’aujourd’hui c’est bien aussi ! Je n’efface pas le passé, mais il faut remettre les choses en place; il y a hier, aujourd’hui et il y a demain. Il n’y a pas qu’hier.

Du coup, que pensez-vous de l’évolution de l’image du hiphop, de sa marginalisation qui est toujours présente ?
Oxmo : C’est formidable ! Il y a beaucoup moins de marginalisation. On lie moins le rap aux problèmes de sociétés, on lie moins le rap au machisme, on lie moins le rap à la provocation. Le rap est devenu mainstream. Personne ne va mettre des coups de fouet à son fils parce qu’il s’est mis au rap. Personne ne va appeler la police parce qu’il y a un rappeur dans son salon. Ce sont des choses qui ont changé. Il y a des rappeurs de toutes les couleurs, de tous les âges. Il y a du rap pour tout public. Aujourd’hui, quelqu’un qui n’aime pas le rap doit se lever tôt ! Je peux agrandir et trouver un artiste pour chaque personne sur terre. Aujourd’hui, il y a des rappeurs bons, moyens, comiques, sérieux. Il y a tous les genres de rappeurs. Et même les rappeurs soi-disant méchants sont ceux qui divertissent parce qu’ils apportent un piment. Imagine que des rappeurs lisses. Tout le monde se ferait chier. Si NTM vendait des malabars, tout le monde aurait été dégouté. Ça aurait enlevé quelque chose au patrimoine.

Par rapport à son côté révolutionnaire, est-ce que le hiphop est le punk de notre époque ?
Oxmo : Non, ce n’est pas le punk de notre époque parce qu’il est trop codé. Il y a un style, un état d’esprit, une compétition, un souci de qualité à la base. Il y a une recherche créative dans le but, aujourd’hui, de faire bouger et pas seulement de faire bouger la société.

L’instrumentation de « Le sucre pimenté » détonne par rapport au reste de l’album. Ce qui est intéressant, c’est que dans « les gens du 72 » vous critiquez quelque part cette idée de rester figé dans le passé et dans le « Sucre pimenté », il y a quand même un beat assez « à l’ancienne » même s’il est modernisé sur quelques points…
Oxmo : J’étais parti sur une musique un peu moderne avec des petits synthés, une musique assez lente. Quand on est arrivé au studio pour enregistrer, ça ne passait pas, on n’y arrivait pas. Un jour, je suis parti, j’ai laissé Vincent Taeger et Renaud Letang arranger le morceau. Quand je suis revenu, c’était un autre morceau. Ça bougeait bien, il n’y a pas plus hiphop ! Je vois carrément des breakers danser dessus dans mon conscient. Il n’y a pas meilleure référence aux années 80. J’ai fait un petit morceau de freestyle pour la scène ! Je ne me suis pas retenu. Je tiens toujours à avoir un petit morceau de rap traditionnel dans mon album. Dans l’album précédent, c’était « Masterciel » et dans celui-là, c’est « Sucre pimenté ».

C’est aussi pour cette raison que vous avez choisi ce morceau pour inviter toute une ribambelle de rappeurs sur le remix ?
Oxmo : Aussi. C’est vrai que les inviter sur « Parfois», « Le Vide en Soi » ou « Un An Moins le Quart », ça aurait été un peu compliqué. Un morceau comme « Le Sucre Pimenté » laisse la voie ouverte, une petite marge pour pouvoir exprimer ce qu’on a en nous à la base.

Dans « 1 an moins le quart », vous dites : « un bébé c’est doux, mais c’est la fin du couple ».
Oxmo : Oui ! C’est une des choses qu’on accepte avec le temps. C’est un tabou parce que ça brise un peu cette image d’Épinal qu’on se fait de la famille et du couple. Mathématiquement, un duo qui fait un enfant devient un trio. C’est la faute de personne, c’est comme cela. C’est pour inviter à réfléchir à nos décisions. À savoir qu’une fois que le cap est passé, on ne revient pas en arrière. C’est pour cela qu’il faut bien profiter de chaque moment. Un enfant aura deux ans, quatre, cinq ans, mais jamais il ne reviendra en arrière. Il faut donc bien profiter de ces moments-là. C’est comme je le disais tout à l’heure, les gens de 72 sont en plein là dedans, ils sont partout, mais pas ici. Ils essaient de vous emmener dans un endroit qui est resté bloqué dans un calendrier et ils vous tirent là-bas comme des revenants qui veulent que vous les rejoigniez.

Dans « Le mal que je n’ai pas fait », vous dites : « Il faut être positif s’il y a peu de remords/ On se fait une raison à tout même à quelques morts/ Mes lois sont autres que celles des hommes/ Chaque décision est un ultimatum ».
Oxmo : C’est un peu compliqué à expliquer en deux trois mots. J’essaie d’être conscient de mes actes. Ça induit une réflexion sur sa notion du bien, du mal, sur les conséquences de ses actes sur soi-même, sur ses prochains, le tact, les maladresses. Je suis quelqu’un qui a conscience de ses actes et si jamais je dois faire du mal, je sais ce que je suis en train de faire, j’en suis tout à fait conscient et je ne vais pas le regretter. Avant de faire du mal, il faut que j’y sois poussé et une fois que c’est parti, c’est trop tard. Vu que je suis quelqu’un qui ne regrette pas, il faut éviter d’en arriver là. C’est comme les gens qui sont dangereux, on ne va pas les provoquer. Les gens qui n’ont pas de sentiment sur quelque chose, il faut éviter de les pousser dans certains retranchements. Donc, c’est encore une réflexion à ses actes. « On se fait une raison à tout, même à quelques morts »; bah oui, quand un avion s’écrase dans un pays, ça vous fait un peu de peine, mais ça ne vous touche pas comme si c’était des proches ou vous trouvez une raison pour expliquer cela.

« La plume est mon épée/La vérité le châtiment ».
Oxmo : Je ne suis pas quelqu’un de méchant, mais je peux être assez dur. La vérité est un des problèmes de l’humanité parce qu’il n’y a que l’homme qui se pose la question de la mort, de la vie. Les autres animaux se contentent d’exister. Nous nous posons des questions à tout va. La vérité, pour moi, c’est une métaphore de tout ce qu’on s’imagine pour améliorer sa vie à travers des fantasmes, des images d’Épinal. À la même mesure qu’on a du mal à profiter de son présent et de sa vie. Si on menait la vie dont on rêvait, on ne rêverait pas de la vie qu’on mène.

On abandonne presque totalement le hiphop sur « Roi sans carrosse ». L’arrangement de cordes nous donne presque l’image d’un Oxmo Puccino qui serait passé d’un album à mi-chemin entre hiphop et chanson française à un Oxmo Puccino qui s’habille d’une chanson française aux très légères touches de jazz. Pouvez-vous nous expliquer la signification de ce titre ?
Oxmo : Un Roi sans carrosse c’est un roi de lui-même. Un roi qui s’en fout. Un roi à pied. C’est le roi qui ne veut gouverner personne. C’est le roi qui a une apparence de valet, mais qui nourrit huit enfants. C’est celui qui a un boulot dont on nous fait dire qu’il n’y a pas de sous-métier, mais qui le mène avec dignité et qui fait bien son travail comme si le monde en dépendait. C’est cela un roi sans carrosse.

par Sophia

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