La semaine dernière, Genève est entrée dans une sorte de crise de la nuit. La crise financière étant plus ou moins sortie de l’actualité, l’ordre du jour du politique est passé à un autre sujet. C’est ainsi que l’on a vu le MOA et le Weetamix être fermés. Puis, plus tard dans la semaine, c’est l’annonce de la future fermeture du Moulin à Danses (MàD) qui a ajouté une couche au dossier. Que l’on soit adepte ou non de ces endroits, on ne peut que déplorer leur disparition qui présage l’apparition d’une scène nocturne élitiste, où seuls les plus aisés pourront s’amuser dans des clubs hors de prix. Néanmoins, tel le village gaulois au milieu de l’empire, un lieu résiste encore et toujours au politique ; l’Usine. On ne pourra pas le nier, toute la jeunesse genevoise adepte des soirées du dernier lieu alternatif de la ville tremble à l’idée qu’on pourrait fermer le club. Mais, l’Usine est bel et bien toujours là. Dimanche soir dernier, l’Usine a encore prouvé qu’elle était un lieu essentiel de la ville. Comment ? En offrant un concert qui n’aurait certainement pas pris la dimension qu’il a pris dans un autre lieu.
Et ce n’est personne d’autre que KRS-One qui a pris possession de la mythique salle genevoise. Durant deux bonnes heures de concert, the Teacha nous a fait revisiter ses grands classiques. Que se soit avec « South Bronx » ou encore « Sound Of Da Police », le new-yorkais a offert du hip-hop de qualité à une Usine pleine à craquer. Le risque, des artistes qui, comme lui, sont des références dans le milieu, c’est de tomber dans la performance fade, sans intérêt, sans moment mémorable et qui déçoit au plus haut point. KRS-One n’est pas tombé dans le piège et a fait sentir au public son plaisir d’être sur scène pour présenter le « vrai » hip-hop, comme il l’a souvent scandé avec ses « Real Hip Hop is over here » (le vrai hip hop est ici). Sur le morceau « Step Into the World », KRS-One a invité les B-boys et B-girls du public à le rejoindre sur scène. Puis, un peu plus tard dans la soirée, the Teacha stoppe net la musique. Petit frisson dans la salle. Aurait-on énervé la star ? Non. Il a tout simplement remarqué un spectateur en chaise roulante au premier rang et a demandé au staff de l’Usine de le faire monter sur scène pour qu’il puisse bien profiter du concert. En plus d’être bon, il est gentil. On ne trouvera donc rien à reprocher à KRS-One ? Mise à part un ego quelque peu démesuré (il nous a bien fait sentir qu’il se considérait comme meilleur et le seul à faire du « vrai » hip-hop), non. On notera encore l’excellent freestyle effectué par SuperNatural, présent sur scène avec KRS-One. Après avoir demandé aux spectateurs de sortir un objet qu’ils avaient sur eux et de le lui montrer, SuperNatural s’est lancé dans une improvisation hilarante et impressionnante. Passé minuit, KRS-One a raccroché son micro après un très bon concert. Et, comme la cerise sur le gâteau, avant de terminer son set, the Teacha a fait une annonce qui en a ravi plus d’un : l’Usine aura le privilège de l’accueillir le lendemain soir pour un débat autour du Hiphop. Un rendez-vous que repreZent.ch n’a pas manqué.
Le lundi soir, ce n’est plus les scratchs et rimes du Teacha et de son crew qui ont envahi l’Usine, mais le savoir et la philosophie de vie de l’homme. À la nuit tombée, le lieu n’était plus lui-même. 19h, transformation opérée, le bâtiment de la place des volontaires s’est métamorphosé en Temple du Hiphop. Petit à petit, la salle du Spoutnik se remplit, on s’entasse où on peut et on attend. Encore et encore. Quand KRS-One arrive finalement. On a un peu de peine à croire à ce qui se passe. Mais il est bien là. L’enseignement peut commercer. Pendant près d’une heure, les quelques chanceux et chanceuses présents ont eu l’opportunité d’écouter KRS-One expliquer pourquoi il était important d’enseigner et/ou de connaître le Hiphop, le tout suivit de questions du public. Il ressort de cette soirée que KRS-One, en plus d’être une icône du rap, est un homme aux idées intéressantes. Prêchant un retour aux sources, questionnant l’audience sur la dépendance de l’humanité à la technologie, c’est surtout un message appelant au réveil que le pilier de la culture Hip-Hop a cherché à faire passer. A la fin de la soirée, The Teacha a accepté de répondre aux questions de l’audience comme, par exemple, celle de l’image de la femme dans le Hiphop. A ceci, KRS-One a répondu en faisant une catégorisation de la gent féminine. D’un côté, il affirme que la femme a une bonne image et prend pour exemple des artistes telles que Queen Latifa ou encore Lauryn Hill. D’un autre côté, il soulève la problématique de la femme vendant ses charmes pour faire carrière. Puis, le moment de la fin arrivant à grands pas, KRS-One nous propose une session dédicace-photos avant de s’en aller pour une autre escapade, dans une autre ville.
SophiaJasmina
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