Parce que le Hiphop c’est pas uniquement de la musique, du graff ou de la danse, repreZent a décidé de faire le focus sur ce que l’on nommera des « satellites » de notre culture. A savoir des personnalités qui comme Julia ont grandi avec notre mouvement et qui ont su y puiser toute la force et la créativité nécessaire à leur accomplissement professionnel.
On vous laisse donc en sa charmante compagnie le temps de cet interview dans lequel elle revient sur son parcours, ses inspirations, son amour pour le Hiphop et bien plus encore. On vous invite ensuite à vous rendre sur son site zesta.ch ou directement à son showroom sis au 56 rue Ancienne à Carouge.
Pourrais-tu nous décrire, en quelques mots, qui tu es, décrire ton parcours et ton travail ?
Toujours interessée par le domaine artistique en général depuis mon plus jeune âge, j’ai effectué une maturité spécialisation en arts visuels puis un diplôme de designer HES à la Haute École D’arts appliqués de Genève (2005). Après avoir commencé comme créatrice de vêtements et accessoires je me suis spécialisée dans la création de bijoux en argent massif avec pierres fines en édition limitée sous le nom de ZESTA (2006).
Qu’est-ce qui t’a amené à la création de bijoux ?
Lorsque j’avais seize ans, mon rêve était d’être styliste. À cet âge-là j’étais passionnée de musique et de la culture Hiphop, je voulais faire une formation pour plus tard lancer ma marque de fringues Hiphop. J’ai effectué différents concours d’entrée puis cette formation à la Haute École d’Arts appliqués était plutôt vaste et nous a appris à gérer un concept de A à Z qu’il s’agisse de design, de mobilier, de vêtements ou encore d’accessoires.
Et là mes prédispositions en matière d’accessoires se sont illustrées.
,Mais pourquoi les bijoux ?
Les bijoux et Zesta c’est une autre histoire indépendante de mon cursus scolaire.
Ma mère a des origines indiennes et mon père espagnoles. Ce métissage culturel m’a donné envie d’aller à la découverte de ses richesses et j’ai donc entrepris différents voyages en Inde.
C’est précisément là-bas que j’ai trouvé des réponses pour mes démarches artistiques et j’ai découvert l’univers des pierres fines et de l’artisanat sur place. J’ai commencé donc à réaliser différentes collections de vêtements, accessoires et bijoux, mais je me suis très vite aperçue que je m’éclatais bien plus en créant des bijoux et que les pierres me passionnaient plus que tout!
Aujourd’hui ma marque Zesta est toujours réalisée entre la Suisse et l’Inde.
Est-ce que tu te rappelles de ta première création ?
Très difficile de déterminer ma première création, car au départ je faisais surtout du dessin (vers 12 ans en 1992), puis je m’intéressais à la culture Hiphop et au Graffiti (vers 15 ans en 1995) même si je ne suis jamais passé à l’acte, je dessinais déjà de petits personnages stylisés Hiphop durant mes heures de cours. 😉
Puis dès 1996 j’ai commencé à peindre des grands formats, différentes techniques, j’ai même fait des logos et autres choses.
Dès 2000 j’ai commencé à créer vêtements, bijoux et accessoires, mais les vêtements m’ont terriblement ennuyée et je n’avais pas la passion pour cette création au final…
Tes sources d’inspiration ?
La rue, l’environnement existant, les gens dans la rue et les gens qui me sont proches.
L’art en général que cela soit du Graffiti ou du body art, de l’architecture comme du design d’époque par exemple art déco, design ou street art.
La première chose que je fais lorsque je visite une ville qui m’est inconnue, c’est de passer au Musée d’Art Moderne et Contemporain.
L’art contemporain c’est la rue, la vie quotidienne et une multitude de thèmes, de codes et d’informations qui sont re-employées dans la création de tous les artistes.
Qu’ils soient peintres, graphistes, musiciens ou créateurs de mode.
À ces différents thèmes j’ajoute une touche parfois glamour, bling-bling ou même Bollywood, bref je mixe différents matériaux et éléments qui à la base ne sont pas attendus.
Quels sont les inconvénients d’être une créatrice indépendante ?
Je suis une jeune créatrice qui s’est mise à son compte depuis décembre 2009. J’en ai eu marre de faire des boulots qui ne me convenaient pas et de devoir réaliser mon travail artistique en marge, dans ma cuisine. Alors j’ai pris le taureau par les cornes et je me suis lancée, car je me suis dit : « c’est maintenant ou jamais! ».
Les inconvénients sont qu’il faut tout gérer soi-même!
De la conception à la réalisation, en passant par l’achat de matières premières, la vente, la communication, l’organisation d’afterworks, de shootings photo, le conseil à la clientèle, les réparations… sans parler de tout l’aspect administratif que cela représente d’être à son compte. Et lorsque l’on est indépendant, il faut avoir le courage même si ce n’est pas facile tous les jours, parfois on ne vend rien et devoir encore et toujours se battre pour se faire connaître et imaginer des collections innovantes et parfois plus risquées.
Quels en sont les avantages ?
L’avantage est que je vis de mon art même si ce n’est pas facile tous les jours! J’ai en effet la possibilité de développer mon concept de pièces uniques en argent avec pierres, de réalisation de pièces artisanales et non industrielles, des bijoux faits avec des matériaux nobles, avec coeur et passion.
Je peux gérer mon emploi du temps malgré mes horaires boutiques, car j’ai un Showroom à Carouge ouvert du mardi au samedi, et aménager mes collections, créer selon mes envies et inspirations. Je dois chaque année effectuer des voyages en Inde, à Jaipur et New Delhi (j’en suis déjà au dixième séjour!) et pour moi c’est toujours un grand plaisir d’aller là-bas et de faire mes recherches et achats de pierres fines, de collaborer avec un atelier sur place pour mes éditions limitées.
Et tes rapports avec le rap? Pourquoi est-ce qu’on parle de toi sur repreZent ?
Mes rapports avec le rap sont simples! Le Hiphop est une de mes cultures de base. C’est une culture qui rattache les personnes natives de différentes origines et sous une même passion commune qui est alimentée de musique, danse et arts. Comme on disait à l’époque Peace, unity, love and having Fun. C’est ce qui illustre tout ma jeunesse et cela fera toujours partie de mes inspirations.
Une autre créatrice de bijoux qui m’inspire beaucoup est Béa, pour sa marque Anjuna qui elle a réalisé des pièces uniques pour des artistes du monde du rap. Elle fait elle aussi partie de mes influences artistiques.
Donc si on parle de moi sur repreZent c’est parce qu’avant tout je suis une artiste locale et que mon univers est commun aux autres artistes dont on parle sur repreZent.
Les sons qui tournent sur ton mp3 en ce moment ?
J’écoute des vieilleries… et y en a tellement des bonnes vieilleries dans le rap ! Cela peut aller du Jay-Z à Notorious Big en passant par Mobb Deep , Redman, Mary J Blidge, Lauryn Hill ou encore Gangstarr, the Roots, A tribe called Quest, Boot camp Click, Erika Badu et Alicia Keys pour tout ce qui est du rap et de la soul j’aime tellement de sons que ça polluerait l’article!
Dans les nouveautés j’aime beaucoup Nas & Damian Marley qui perpétuent cette tradition du son et Aloe Black qui a juste une voix fantastique…
Un son pour décrire ton travail?
Cela serait un bon son qui bouge avec un sample de musique indienne sensuelle style Truth Hurts feat. Rakim – Addictive ou Erick semon & Redman – React ou n’importe quelle musique bien rythmée qui fusionne du son hip-hop ou électronique avec des samples de musique indienne.
J’adore la culture indienne et je m’amuse à réaliser des vrais mélanges des cultures dans mon travail artistique…
Un son pour te calmer?
Thievery corporation, portishead ou la musique indienne traditionelle.
Et le rap suisse, t’en pense quoi ?
Écoute, j’ai grandi avec des personnalités dans le monde du Hiphop romand qui à présent sont un peu connus (rappeurs, djs graffeurs) donc moi je les encourage de toute manière dans leur évolution et depuis toujours, mais je suis trop vieux maintenant pour évoluer dans l’univers du rap à proprement dit! J’y étais dans ma période 15-18 (entre 1995 et 1998) ans et lorsque la musique hip-hop était vraiment au sommet! Je suis une nostalgique et je ne regrette rien. Maintenant il faut laisser la place aux plus jeunes générations et accepter de vieillir avec maturité et conserver n’a jamais en soi cette culture hip-hop… le rap suisse à sa place, mais à nouveau, il faut se battre!
Un peu de culture maintenant, le dernier livre qui t’as marqué et pourquoi ?
Cela va vous faire rire, mais j’ai beaucoup aimé « les monologues du vagin » de Eve Ensler car étant une femme on se rend compte que l’on se complique la vie et se crée des problèmes et des complexes alors qu’il n’y a pas lieu d’être! Et surtout qu’on est toutes pareilles avec ces problèmes de complexes physiques…
Et le dernier film?
Inception, car j’adore les thèmes fantastiques et réalistes à la fois qui t’emmènes dans des dimensions que tu ne soupçonnais pas et qui te permettent de t’évader durant 1 h 30.
En guise de conclusion, ça veut dire quoi « repreZenter » pour toi?
J’ai créé mon blason il y a 4 ans qui est ZESTA et pour moi représenter son travail, son identité personnelle c’est juste primordial! Donc je me bats tous les jours pour représenter mon travail artistique par tous les moyens. C’est aussi cela la mentalité repreZent! 😉
Jolie photo 😉