À l’occasion de la sortie de sa mixtape DrillFr, l’homme qui en quelques morceaux a réussi à mettre la France sur la carte de la Drill nous a accordé un entretien téléphonique. L’occasion pour nous de revenir sur son amour pour ce style, mais surtout sur ce qui l’a poussé à faire de la drill, lui qui rappait depuis plusieurs années déjà « j’étais un peu en bout de course quand j’ai découvert la Drill, j’avais besoin d’un son nouveau, de trouver quelque chose qui me touche… je pensais même à arrêter le rap avant ça mais avec la drill j’ai trouvé quelque chose qui me correspondait ». Une lassitude compréhensive pour qui suit le rap français de ces dernières années qui parfois semble un peu tourner en rond, des propos que Gazo ne contredira pas même s’il préfère parler positivement de ce qu’il fait plutôt que de dire du mal des autres.

Pas de clash ici donc, mais bien une mise en avant de ce qui l’a séduit dans la drill à commencer par « ce côté real, on ne fait pas du cinéma, c’est sale, ça parle de ce qui se passe dans nos quartiers, de ce que l’on vit » et cette fois-ci c’est à notre tour de ne pas le contredire tant le code de la drill semble inscrit dans le marbre avec pour premier commandement : on rappe ce que l’on vit, sans jamais s’inventer une vie. Ce truc realshit qui nous plaît aussi et que l’on avait un peu perdu dans la Zumba… Mais même si c’est rarement joyeux, c’est ça la force de rap, de mettre en musique une réalité sombre, de parler vrai. Et puisqu’on joue les anciens on en profite pour lui demander s’il ne devrait pas politiser un peu plus ses textes « Avec le temps certainement, mais on ne va pas se mentir, actuellement je ne crois pas que je serais d’une grande aide… et puis je pense qu’il y a mieux à faire si l’on veut s’engager que de faire de la musique… Pour l’instant je donne juste ma vision des choses, mon état d’esprit que je dégage, je ne cherche pas forcément à influencer les gens. Après je vois que d’autres pensent comme moi et ça me fait plaisir. » et si en plus ils dansent dessus « C’est ça la musique… je pense que c’est aussi ça que les gens recherchent avec la musique, même si la vie est sombre, les gens cherchent ça dans la musique… ils veulent bouger, oublier, c’est ça qu’on veut leur donner. ».

Cette envie de faire bouger les gens, de les sortir de leur routine semble également se refléter dans la manière qu’à Gazo d’aborder sa musique « C’est une volonté de ne pas avoir tous les sons qui se ressemblent, j’aime tester des choses et après voir ce que ça va donner… ». Une méthode qui semble pour l’instant plutôt bien lui réussir au vue des chiffres impressionnants de ses vues sur YouTube. En parlant de YouTube, on ne peut s’empêcher d’aborder avec Gazo l’une de ses particularités à savoir le sous-titrage de ses clips en anglais « C’est naturel, ce serait bête de s’enfermer alors que YouTube est mondial, du moment que tu mets une vidéo en ligne, autant mettre des sous-titres afin de pouvoir se faire comprendre du plus grand nombre. Et pour l’instant ça me donne raison car ça marche super bien, c’est totalement ce que l’on cherche, l’Angleterre, l’Amérique… »

Un succès à l’international qui lui permet de réunir des feats très intéressants sur DrillFr, mais dont la médaille a aussi un revers « C’est toujours bien, c’est des choses bonnes à prendre, mais ça ne te permet pas de montrer réellement qui tu es, ça reste toujours juste un feat… je peux moins montrer mon univers et c’est quelque chose que j’ai envie de faire. ». Voilà un peu tout ce que l’on saura de son album, l’homme se montrant très réservé quand il s’agit d’évoquer l’avenir « On va voir comment ça se passe… On fait les choses, on ne se pose pas de questions… et pour l’instant tout ceci ne m’apporte que des bonnes choses… », et il a raison.

Alors laissons-le profiter de ce qu’il vit actuellement tout en lui souhaitant de pouvoir rapidement défendre son projet sur scène. Et en attendant que les salles de concerts ouvrent à nouveau, vous aurez eu le temps de saigner DrillFr qui est disponible sur toutes les plateformes.