C’est Ilham Rawoot qui est allée rencontrer les Camps Breakerz à Gaza City pour le compte de DAZED Magazine. Elle nous raconte le quotidien de cette jeunesse prise en otage entre Tsahal et le Hamas, vivant là où le taux de sans-emploi est le plus élevé au monde. Que reste-t-il donc comme alternative à la jeunesse pour s’en échapper? Le Hip-hop, qui partout à travers le monde permet à la jeunesse de trouver du positif dans ce qui les entoure, la poussant à aller au-delà d’elle-même. Les membres du Camps Breakerz eux ont choisi la danse.
Des adolescents comme ailleurs
C’est avec une scène somme toute très banal que la journaliste fait la connaissance des membres du Camps Breakerz Crew. Un groupe de 12 jeunes b-boys (c’est ainsi que l’on nomme les breaks-danseurs) âgés entre 11 et 25 ans est en train de danser devant un mur décorer par des graffitis. Quelques détails sautent tout de même aux yeux, et si le style vestimentaire ressemble dans l’idée à celui de la jeunesse occidentale, les jeunes de Gaza font avec les moyens du bord, réinventant ce style à leur sauce, lui donnant leur identité, leur identité, celle du Camps Breakers Crew.
La danse pour se libérer
Ces danseurs sont à l’image d’une nouvelle génération qui est en trait d’émerger au Moyen-Orient, une jeunesse désabusée par la réalité sociale et politique qui l’entoure, mais qui décide de se battre pour exister. Et si la première image qui nous vient en tête lorsque l’on parle de résistance à Gaza est celle d’une résistance armée, les CBC en sont bien éloignés, eux qui pris en tenaille entre le Hamas et Tsahal auraient pu choisir le hash, comme de nombreux jeunes, pour s’évader de leur prison à ciel ouvert, ils ont choisi le Hip-hop pour le faire, et la danse, comme l’avait fait avant eux la jeunesse du Bronx.
Le Hiphop comme visa?
La question de l’exil est également très présente, et si Shaark (leader et «nounou» du groupe) y pense parfois, il préfère rester pour continuer ce qu’il considère comme une mission. Malheureusement la question ne se pose pas vraiment pour l’instant, soumis au blocus, lui et ses partenaires ne peuvent que très rarement quitter Gaza pour représenter la Palestine dans les concours internationaux. Mais si l’opportunité de venir en Europe se présentait, il reviendrait à Gaza. En effet, il craint qu’une fois parti sa place reste vacante et que le mouvement qui se met gentiment en place ne meurt, lui qui dans ses rêves voient des b-boys danser dans toute la Palestine.
En Palestine comme ailleurs, le Hip-hop continue donc d’offrir aux jeunes des moyens de créer un mouvement positif dans un environnement hostile, une preuve encore que cette culture n’a rien perdu de son énergie des premières heures, de quoi rendre fier Kool Herc et ses comparses.
Les Camps Breakerz sur Facebook.
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