La SuperWakClique, lil Uzi Vert et Gucci Mane d’un côté, Casey, Youssoupha et Kery James de l’autre. Le spectre rapologique de la programmation du Montreux Jazz de cette année est large et si, de l’aveu de Mathieu Monnier, l’un des programmateurs du LAB, le rap ne constitue pas leur spécialité, les soirées du mercredi 5 et du dimanche 9 juillet devraient néanmoins suffire à satisfaire un peu tout le monde.
Pas des spécialistes, mais tout de même assez connaisseurs pour placer ce qui se fait de mieux en rap suisse actuellement en ouverture de Gucci Mane quand même « On n’est pas forcément des spécialistes, mais on suit ce qui se passe, j’ai connu Di-Meh puis ensuite Makala. Je les suis sur les réseaux sociaux et surtout je suis allé les voir à The Beat Festival en janvier à l’Arena. Je voulais absolument les voir en live car on avait déjà confirmé Gucci Mane. On savait qu’on aurait une soirée dans une thématique assez rap/trap US et après 40 minutes de show pour moi y’avait pas d’hésitations à avoir. Ils proposent quelque chose qui tient sur la scène du LAB, ce qui n’est pas forcément évident pour des jeunes artistes à la base. Mais après les avoir vus une fois en live, c’était une évidence : ils ont parfaitement leur place dans notre programmation payante ». Et si l’on comprend aisément la place de Gucci on se pose quand même quelques questions sur la présence du lil Uzi Vert à Montreux… l’avenir nous dira qui se trompe, mais il sera difficile pour nous de le concevoir autrement que comme un phénomène de mode (mise à jour : trop fatigué et sur ordre de son médecin il ne viendra finalement pas, remplacé pour notre plus grand bonheur par les Flatbush Zombies). Il n’empêche, on pourra juger de son niveau en live et surtout on appréciera de voir Gucci Mane qui, ne l’oublions pas, est tout de même à la base d’une minirévolution musicale dans le rap.
« Comme je le disais, on n’est pas des puristes du rap, mais on s’intéresse de près à tout ce qui se fait, j’écoute du rap depuis des années, j’aime beaucoup ça, mais je ne me prétends pas spécialiste. » Dès lors, pourquoi ne pas avoir un spécialiste qui ne se consacrerait qu’à la prog du rap ? La question nous titillait trop pour ne pas être posée… « On suit quand même bien ce qui se fait dans le rap avec mon collègue, particulièrement aux États-Unis. Après ce qui marche là-bas ne va pas forcément marcher la même année ici, ça met parfois quelques mois pour vraiment décoller. Après pour des styles que l’on connaît un peu moins on n’hésite pas à demander. Mais concernant la programmation, ce qu’il faut savoir c’est que l’on ne peut pas forcément faire ce que l’on veut. On dépend aussi des disponibilités des artistes, des tournées et du budget… parce qu’il ne faut pas se le cacher, dans le rap les artistes US sont un peu plus gourmands que dans d’autres styles de musique, c’est un peu les nouvelles rockstars. Mais chaque année, on veut une soirée rap US car on sait que notre public attend ça et on se bat pour qu’elle ait lieu. »
Quelques jours plus tard, le dimanche 9 c’est sous la bannière d’un certain rap français qu’est placée la soirée rap avec 3 pièces maîtresses de ce que certains nomment le rap conscient. « Y’avait pas forcément de calcul dans cette programmation, c’est pas une mise en opposition de deux styles de rap, mais plus l’occasion de faire plaisir à deux styles de public différents. Avec cette soirée rap français on est dans quelque chose de finalement un peu plus adulte, et c’est aussi un public à qui l’on a envie de faire plaisir. ».
Et pour ceux qui ne seraient satisfaits ni de l’une ou de l’autre soirée, on ne peut que les encourager à aller voir ce qui se passe du côté de la programmation « gratuite » du MJF car ils devraient y trouver leur bonheur tant l’offre est vaste et fait la part belle aux artistes suisses, avec un petit coup de coeur de Mathieu pour Danitsa qui se produira le 7 juillet au Lisztomania.