Chronique D'Un Backpacker : Le Freestyle

Le passage obligatoire pour tous rappers qui se le prétend c’est le Freestyle, mais aujourd’hui combien le pratiquent, et surtout le maîtrisent?
Je me rappelle une époque (big up Fabe) où des mecs s’arrachaient le micro pour faire des improvisations, « partir en vrille » sur des punchlines de fou ou juste un mot donné par un pote. Ça se passait dans des maisons de quartier, des MJC, des parcs, des bancs publics.

C’est pour moi l’essence même du Rap :
Le MC qui rime sur une instrumentale devant toi, en te parlant de ton tee-shirt, de la couleur de tes shoes, pendant que le DJ change de beat tout les 8 mesures. Ces expressions qui revenaient sans cesse pour combler les trous : « sur le beat » « Check le mic » « Dans la place » « Ça se passe » etc.. Du pur amusement, du show en direct, sans trucage et qui aboutit au final à l’un des meilleurs entraînements qui soient.

Mais au fait qu’est-ce qu’un freestyle?
À la base le MC qui animait les premières parties au début du HipHop improvisaient sans cesse sur l’ambiance de la soirée, et spécialement sur les breaks des morceaux, afin de motiver et de donner du ton à la soirée et bien sûr de faire passer un message : c’est de là qu’est né le Rap tout simplement. (on va résumer ça brièvement sans parler de la mouvance contestataire et revendicatrice qu’a prise la tournure des choses quelques années plus tard). Dans le mot freestyle il y a le mot libre, mais pour moi il y a des règles à respecter, ou plutôt des choses à ne pas faire :

– Prendre le micro pour nous réciter un texte avec un pote qui fait tes backs et boost toutes tes fins de phrases est exactement l’exemple parfait pour avoir l’air ridicule.

Par contre, se servir de ce que l’on a déjà écrit et changer sa forme, reprendre une rime de son collègue, la tourner, la transformer, repartir en improvisation, rester accapela pendant que le DJ fait des breaks, cut et change d’instru c’est exactement ce que l’on attend d’un vrai MC. Certain « bluff » mais avec talent, Busta Flex changeait le nom des villes dans lequel il se trouvait dans ses impros, et réutilisait des phases sorties dans d’autres Freestyles, ce qui en a fait sa force et lui a permis de se faire une énorme réputation après ses passages radio.
Le but d’un tel exercice est d’être le plus imaginatif possible en étant bien sur le plus crédible. De là partent souvent les meilleurs textes et refrains de beaucoup de bons artistes.

Ne confond pas un freestyle et un clash, comme on les voit de nos jours avec des événements du style « Rap Contenders » ou « Dégaine ton style ». D’ailleurs même si j’adore et prends plaisir à regarder ces vidéos, je trouve qu’elles ressemblent de plus en plus à des attroupements de slammers vulgaires de l’émission « Whatch your mama » (on généralise hein!).
Je fréquente moins les endroits cités au début, mais trouve vraiment minables les prestations de beaucoup de rappers s’adonnant à cette discipline de nos jours sur les vidéos que je vois régulièrement sur le net. Bref l’important c’est d’essayer on me dira!
Mais bon après c’est sur que ce n’est pas sur des faces B à 80 Bpm de Rick Ross et compagnie qu’on s’améliore et qu’on pose dans les temps.
Parce qu’au final, prendre un papier, un stylo, écrire des rimes et les lâcher sur un beat, même des imposteurs comme K-Maro, Manau, ont su le faire.
Avoir du Flow sa s’apprend, mais déjà pour cela il faut rapper et faire des Freestyles, au lieu de passer sa vie sur Twitter et Facebook à parler cul, sape, et beuverie.

Et si c’était ça justement la réponse du « Pourquoi les MCs étaient plus efficaces et plus percutant avant ».
SE RÉUNIR……. EN VRAI.

The Archivist