Presque deux ans après le paradoxe de Cendres Froides, Braises Glaciales est publié et revient sur les douces paroles parlant de se faire su*er dans un avion pour imposer un septième ciel auditif. Mais ce featuring (extrait du projet à venir d’Aray intitulé DopaMine) c’est avant tout un défi visuel en période hivernale, lorsqu’après plusieurs péripéties rencontrées lors de l’organisation du tournage, un appel à cadreur se fait au dernier moment via les réseaux sociaux, trois jours avant le tournage. Et comme « l’univers conspire toujours en faveur de ceux qui rêvent » (Paulo Coelho) le duo s’abandonne à une rencontre qui naît d’une passion commune. La réalisation est donc confiée à Mathis qui répond présent. 

Passons à la suite, faisons évoluer le rap. Pour moi la Suisse c’est du rap cinématographique, c’est ça qui va la faire exploser.

Aray

En 2023 il s’agit avant tout pour les artistes suisses de se démarquer. Pour se faire, tous les moyens sont bons même s’il est temps de se l’avouer : en tant qu’héritiers de richesses naturelles sur les terres helvétiques, fermer les yeux sur les infinies possibilités artistiques qui s’offrent à l’horizon c’est vraiment jouer les ingrats. Pour prendre l’air, il suffit parfois de se perdre durant trois heures pour, comme Aray et X-Dri, voir s’élever à perte de vue la grotte de Zinal. Pour les membres de La Mine, découvrir l’histoire de leur propre pays c’est aussi poétiquement s’égarer dans une symbologie imposée par le destin, quand ils découvrent à travers celle des grottes, d’étroits liens avec l’histoire de leur propre collectif.

Après la DIE, on était tous au fond du gouffre. Lors de la réunion du vendredi d’après, nous n’étions pas venus pour nous-même mais pour tous les autres. Au final notre lien c’est celui-ci : Si j’y arrive pas, un autre me relèvera.

Aray

Côté musical, nous avons clairement affaire à une détermination brute, une aura redoutable et une attitude de rockstar. Ici il ne s’agissait à mes yeux de ne pas demander, mais de venir s’en emparer. Mais la vision d’Aray et la mienne diffère :  « En vérité, on impose une chose. On est pas la pour prendre quoi que ce soit. On est là pour créer notre propre version du monde et on est tous derrière cette cause-là. Car au-delà de rap suisse, c’est de l’art en général. Nous ne sommes pas le porte-drapeau d’un endroit, mais d’un mouvement artistique. Comme Laylow et son rap dit digital… après lui, il y a eu des enfants de Laylow et il y en aura d’autres. Nous c’est du rap sous-terrain et d’autres artistes en émergeront. C’est ça, le rap de La Mine. »

Le rap suisse se faisant peu à peu sa propre identité musicale, le collectif l’a remodelé à sa façon pour proposer quelque chose d’atypique en brisant les frontières érigées d’un style à un autre pour en réinventer un nouveau. En tant que passionnée, je surconsomme (parfois malgré moi) du rap suisse à outrance et mon rapport au banger devient de plus en plus exigeant. Mais notons que si un jour ce clip s’est retrouvé sagement archivé ici, c’est qu’il a été à mes yeux, destiné à toucher davantage de public. Les temps sont encore compliqués pour la musique au pays du chocolat, mais est-ce un frein pour des passionnés au talent aussi grand que leurs ambitions ? Absolument pas. On ne peut pas fournir un travail aussi qualitatif sans ça.
Le graphisme cinématographique glissé dans le clip, monté en 24 heures top-chrono, laisse comprendre qu’Aray est lui-même fan de cinéma. En quête d’un but semblable à la fin du film Forrest Gump (1994) qui consisterait à pouvoir un jour transmettre la nostalgie de la mélancolie en un morceau. En attendant, DopaMine sera un projet contemplatif, une collection de tableaux desquels découleront une vision plus scénaristique pour le projet suivant. 

J’ai pas de pudeur à être triste, j’ai la pudeur d’être heureux et dans le rap, il y a souvent ce truc anti-émotionnel. Moi quitte à avoir encore plus mal, je veux vivre ma douleur à fond. Je fantasmerai même sur les ombres le jour où je ne serai qu’heureux.

En m’entretenant avec Aray, je n’ai jamais autant regretté de ne pas avoir une caméra ou un dictaphone en main mais finalement, est-ce que ça n’aurait pas tué la magie de cet échange ? 
Aray : Dans mon projet à venir, je n’aime pas le deuxième et troisième morceau, mais je les ai gardés.
Amy : Pourquoi avoir fait ce choix ? 
Aray : C’était des morceaux parmi les préférés de gens à qui je tiens, l’un d’eux est même le préféré de Rachitik, alors qui j’aurais été pour les priver de ça ? 
Amy : C’est ta mission divine !
Aray : Ma quête céleste plutôt. Une mission a un début, une fins et se solde toujours par un échec ou une réussite. Tandis qu’une quête laisse toujours place à une autre. Ce qui est divin, c’est la création. 

Avec tout mon respect, 
Amy

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