Il ne nous a pas fallu longtemps pour réaliser qu’il se passait quelque chose de très spécial sur la scène du Royal Arena en ouverture des concerts du Swiss Rap Allstars, quelques basses, des flows et surtout une énergie qui nous a pris au ventre, on venait de découvrir les Bernois de S.O.S. Une impression qui s’est transformée en certitude, un public qui connaît les trois titres joués par cœur, des mcs qui donnent autant qu’ils reçoivent, repreZent ne pouvait passer à côté de ce nouveau phénomène rapologique, nous sommes donc allés à la rencontre de Nativ et Dawill à leur sortie de scène pour faire connaissance.

On va être franc d’entrée avec vous, il y a quelques heures on ne connaissait pas votre travail, du coup pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?
Nous sommes un collectif qui vient de Berne et on est en train de changer le monde avec la musique (rires). On est le visage d’une nouvelle génération. Mais tout le monde fait partie du S.O.S crew, ce n’est pas uniquement nous, ce n’est pas uniquement les mcs, le beatmaker, le réalisateur, etc. tout le monde est S.O.S

Et votre implication dans ce projet, est-ce que vous pouvez en vivre ? Comment ça se passe de l’autre côté de la Sarine ?
Au départ on travaillait chacun de notre côté et on faisait de la musique à côté, puis au fil du temps la musique a pris de plus en plus de place. Actuellement on est très impliqué professionnellement dans la musique, depuis quelque temps on ne se concentre plus que sur ça, de manière indépendante. C’est aussi un message que l’on veut faire passer, qu’il faut croire en soit, sortir de sa zone de confort pour essayer de vivre ses rêves. On met toute notre énergie dans la musique, c’est beaucoup de travail, mais on y croit et on se bat pour ça. Mais faut se battre, se faire respecter par les programmateurs pour qu’ils nous paient de manière correcte par exemple… Mais pour en vivre, il faut faire plus que de la musique, on s’occupe de nos bookings, du merchandising, etc..

S.O.S justement, pourquoi ce nom ?
Ça a deux significations… parfois on a besoin de Save Our Soul et parfois on est comme des Savers Of Soul.. C’est comme une main qui se tend vers l’autre, parfois elle vient t’aider, parfois c’est toi qui l’aides…

On commence gentiment à réaliser que S.O.S c’est peut-être plus que de l’énergie, mais ne parlant pas le dialecte bernois c’est leur énergie que l’on a ressentie, se pose alors la question des textes, du message qu’ils veulent faire passer pour autant qu’il y en ait un…
On est très critique de la société, on parle de la vie, on veut que les gens croient en eux-mêmes. Que l’on doit être solidaire ! Notre message tourne autour de la prise de conscience des gens sur leur rôle dans le monde, que l’on peut améliorer les choses. Aujourd’hui, chacun se bat contre les autres, on veut dire aux gens que l’on doit travailler ensemble si l’on veut que les choses changent de façon positive. On est conscient que pour changer le monde il faut que les gens changent leur état d’esprit et la musique est un excellent vecteur pour ça. C’est pas réellement politique, c’est plus sur le combat que l’on doit mener pour améliorer nos vies.

Voilà qui nous conforte notre ressenti, leur énergie était donc bien réelle car elle est porteuse de valeurs qui nous touchent, des valeurs que l’on a généralement tendance à lier avec un rap plus à l’ancienne, très boom bap.
C’est vrai que beaucoup de ce que l’on nomme le rap conscient est très boom bap, un peu dépressif pour ne pas dire ennuyeux, on a décidé de le mélanger avec de la trap, avec du fun, avec de l’énergie qui te permet de l’écouter sans forcément rester crocher sur le message. Les gens apprécient notre vibe, et cette énergie n’a pas de langue, pas de frontières. Il y a deux degrés de lecture de notre musique, tu peux juste l’écouter pour te mettre dans une bonne vibe, mais si tu te concentres un peu alors ça va aussi te faire réfléchir.

On essaie alors de définir le genre de musique de S.O.S, on a entendu 3 titres, 2 étaient plutôt trapisant, le troisième plus boom bap mais version 2017… Est-ce qu’il est possible de coller une étiquette à S.O.S ?
On n’a pas un genre bien défini, on fait ce que l’on veut, ce que l’on aime, ce que l’on ressent. Si on veut faire du jazz on fera du jazz, c’est seulement une fois qu’on est dans le studio, qu’on ressent le mood de ce que l’on va faire. On ne veut pas se mettre dans une case, on veut juste faire de la musique comme on la ressent. Après c’est vrai qu’en live c’est bien de jouer les morceaux un peu trap, t’as vu le résultat ce soir avec le public.

Un public totalement acquis, plus encore après votre annonce de la sortie non pas d’un, mais de deux albums… c’est un pari un peu fou ça de sortir deux albums non ? D’où vous est venue cette idée ?
Au début on voulait faire deux albums qui soient leur parfait contraire, mais après quand on a commencé d’y travailler on a remarqué que d’avoir déjà le concept nous bloquait, alors on a juste fait la musique, mais toujours en jouant avec cette idée de faire ces deux albums.

Acheter l’album > S.O.S. – Akim
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Et pour se mettre dans l’ambiance voici le premier extrait « Persischi Chuchi :

photo : © meier.photo