Zoxea – Sage Poète de la Rime

photo-radio1985Zoxea prépare actuellement son prochain album, et comme le dimanche sur repreZent on est un peu des gros manches, et bein on est allé chercher un interview de lui sur un autre site, parce que c’est aussi ça le net… chercher, trouver, partager.
merci à street-tease.com
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Rescapé de l’âge d’or du rap français, Zoxea est un activiste de la scène parisienne depuis 1993. En tant que producteur ou MC, il contribue – au sein des multiples collectifs dont il (a) fait parti (Sages Poètes de la Rue, Beat de Boul’, IV My People) – à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du rap céfran.
Jean-Jacques Kodjo (de son vrai nom) prépare actuellement son prochain solo, en étroite collaboration avec le 104, puisqu’il occupe un atelier depuis le mois de février et permet ainsi au public d’en savoir plus sur son processus de création. Nous en avons profité pour questionner le boulonnais sur son terrain de prédilection.

La résidence de Zoxea au 104 prend fin au 31 octobre. L’artiste propose deux types de rendez-vous avec le public : des ouvertures d’ateliers un dimanche après midi sur deux, alternées avec des débuts de soirée intitulés Z.O.X.E.Amicalement Vôtre le samedi. Pour en savoir plus : www.104.fr
Son album Tout dans la Tête est prévu pour le 12 février de l’année prochaine.

Qu’est ce qui a motivé le fait que tu sois venu au 104 pour travailler ton troisième album ?
Avec ma nouvelle façon d’écrire, j’avais besoin de temps. J’écris tout de tête depuis 2005. Pour appliquer cette technique, j’avais besoin d’un endroit calme pour concevoir ce projet.

A la base, c’est un atelier ?
C’est nous qui l’avons transformé en studio.

Et tu as sollicité le 104 ?
Au moment de rechercher un endroit, je suis tombé par hasard sur une affiche qui traitait du système de résidence d’artistes proposé par le 104. Comme j’aime bien découvrir des nouvelles choses et me démarquer des autres, ça me convenait parfaitement.
Je voulais pas communiquer autour de l’atelier et faire fonctionner le bouche à oreille, que ce soit les habitués qui en parlent autour d’eux, comme à l’époque. Au départ, il y avait 100 personnes, maintenant on est proche des 500 pour les ouvertures. J’ai vu beaucoup de talents circuler.. Ca me rappelle les scènes ouvertes, avec des mecs différents, qui se calculeraient même pas dans la rue mais qui posent sur mes créations.

« La musique a changé, les formats ont changé, il faut s’adapter à tous les niveaux. »

Tu as reçu un bon accueil de la part des gens du 104 ?
Je les intriguais, la personne que j’ai rencontré ne connaissait pas mon travail car elle n’écoutait pas spécialement de rap. Ce que je trouve intéressant dans un endroit comme celui ci, c’est justement de pouvoir faire découvrir ma musique aux gens. Avec les Sages Po, on a toujours eu cette démarche d’ouverture.
Tous les dimanche, j’ouvre mon atelier, je fais découvrir mon nouvel album, également ce que j’ai pu faire dans le passé et je discute avec les gens qui ont besoin de conseils.

Tu n’écris pas tes textes, tu es quasiment le seul à développer cette technique dans le rap français…
En tous cas je pense être un des seuls à la revendiquer. J’écris mes textes sauf que je n’utilise ni feuilles ni stylos. Depuis que je suis ici, je fais un peu la promotion de ma technique d’écriture, j’ai entendu des « ah ouais il fait comme untel ou untel ».
Au Etats-Unis, on sait que Jay-Z fait ça, Notorious le faisait également…

A l’époque d’A Mon Tour d’Briller, c’est le type d’expérience (le travail en atelier) que tu aurais refusé ?
C’est quelque chose qui aurait été inconcevable il y a 10 ans, j’étais trop parano et j’avais trop peur de me faire pomper nos idées, nos concepts. Quand on démarchait les maisons de disques, c’était difficile car on était face à des DA qui aimaient notre son, qui nous demandaient de leur lâcher un cd pour que la patron puisse écouter mais nous refusions systématiquement.

C’est le contre pied de ce que tu fais aujourd’hui…
La musique a changé, les formats ont changé, il faut s’adapter à tous les niveaux.

« J’ai toujours aimé fédérer, j’ai entraîné plein de gens avec moi qui n’étaient pas spécialement destinés à faire du rap. »

Avais-tu une idée précise des thèmes que tu voulais aborder en arrivant dans l’atelier ?
Pas vraiment, car je bosse vachement au feeling, en fonction de ce que la musique m’inspire. Comme avec Sage Po, même si on a des thèmes de prédilection, ils vont être déclenché par la musique.
Quand j’ai commencé à travailler sur l’album, il devait se découper en deux parties, l’esquisse avant le chef d’oeuvre. J’essaye d’instaurer un climat de confiance avec le public pour qu’il me dise réellement ce qu’il pense de ma musique, sans tabous. C’était important pour moi de savoir ce que les gens attendaient de Zoxea, dans quel registre…
Ce travail m’a permis de véritablement savoir ce que je voulais faire. J’ai plus de 150 instrus perso, les gens me connaissent moins en tant que producteur, j’aimerai m’affirmer avec cet album. J’ai produit beaucoup de morceaux dans les albums des Sages Po.

Quelle sera la couleur du disque ?
En plongeant dans mes musiques, j’ai plein de thèmes qui me viennent à l’esprit, je serai pas en galère. Je sais juste que ce sera du son à l’ancienne.

Tu as beaucoup de jeux de mots sur la syllabe, avec des rimes assez techniques, est ce que tu n’as pas peur, en avançant dans le disque, de perdre des choses que t’avais créer au début ?
C’est une question récurrente lors des mes entretiens avec le public. J’aime le côté spontané de ma façon de travailler. C’est parfois difficile de combiner la spontanéité et l’aspect technique. C’est pour ça que je fais un gros travail en amont de manière à conserver les deux. Avec cette technique, quand tu poses, c’est un peu comme si tu étais poursuivis par quelqu’un qui veut ta peau.

« Les gens me parlent de reformation mais en fait il y a jamais eu de cassure ou la moindre embrouille entre nous. Avec Sage Po, c’est jusqu’à la mort. »

Le rap c’était mieux avant ?
J’ai l’impression que c’est devenu plus individuel. il y a moins de groupes, de collectifs. C’est ce qui faisait la richesse du rap français. L’union fait la force. Au début on avait rien et on arrivait bien à se faire entendre, aujourd’hui on a tout. Faut juste trouver le bon format, la période est floue avec ces problèmes de téléchargements légaux/illégaux.

Tu es remonté sur scène récemment avec Sage Po pour le concert « Retour aux Sources »…
Dernièrement, j’ai fait un titre avec Dany Dan (Chacun sa Drogue sur la compilation Punchline Street Beat Show) qui a eu un bon buzz récemment. Pour le moment, chacun bosse sur son solo, le nouvel album n’est pas à l’ordre du jour. Les gens me parlent de reformation mais en fait il y a jamais eu de cassure ou la moindre embrouille entre nous. Avec Sage Po, c’est jusqu’à la mort.

Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?
J’écoute beaucoup de rap français, depuis toujours en fait et même pas mal de rap francophone, avec des groupes comme Garba 50 (groupe de rap ivoirien ndlr). Les mecs sont dans leur monde, ils ont leur expression du bled. Je suis vachement dans le délire néologismes, avec sage Po, on a inventé plein de mots et d’expressions. Je trouve que le rap d’aujourd’hui manque un peu de créativité, à l’époque chacun avait son truc, que ce soit Expression Direkt, 2 Ball…