Il semblerait que le meilleur moyen d’apprécier des concerts soit de ne rien en attendre. C’est en tout cas l’un des principaux constats que l’on peut tirer de l’édition de Festi’Neuch de cette année qui aura ravi nos oreilles, on voulait du rap, on s’est pris des baffes de Hiphop.

C’est sur la scène de La Plage que notre week-end a débuté avec un set rap 90s de votre serviteur qui tentait ainsi de mettre en jambes, à l’heure de l’apéro, les festivaliers pour le concert de Cypress Hill de retour sous le chapiteau quelques années seulement après leur dernier passage. Des Californiens qui n’étaient donc pas totalement inconnus sur les rives du lac de Neuchâtel, mais qui, cette année, venait y faire étape dans le cadre de leur « 25th Anniversary World Tour », un détail qui a toute son importance comme on le verra par la suite. Autre détail et pas des moindres, la sono du chapiteau, et de nous poser la question de savoir si Festi’Neuch avait enfin réussi à résoudre ce problème récurrent. On a pu apercevoir quelques modifications dans la structure de la tente, restait maintenant à écouter. Mais ce sera pour plus tard, car il y a La Gale qui joue sur la scène réservée aux artistes suisses. Première agréable surprise, le public a répondu présent malgré la concurrence faite par l’une des révélations de ce festival le trio A-Wa… on fait donc la navette entre les deux scènes très (trop ?) espacées.. Du coup on a eu un peu des deux, c’était bien mais un peu frustrant, c’est aussi ça les festivals.
Sur notre faim, on se dit qu’il est alors temps de manger quelque chose. Une pizza à la main, on va s’installer pour écouter Cypress, quoi qu’il en soit on se dit que ce n’est pas si mal, un groupe mythique dans sa salle à manger, il y a pire comme programme. Quelques basses plus tard on se dit que la donne a changé, le son tape bien, Festi’Neuch a résolu son problème d’acoustique et Cypress est en grande forme, les morceaux qui ont bercé notre jeunesse viennent frapper nos tympans, et si la pizza était bonne, les mecs sur scène le sont plus encore, ils sont en forme, en grande forme. Le show est rodé, rien n’est laissé au hasard, cette fois c’est une certitude, quitte à aller voir un groupe de rap mythique autant le faire dans le cadre d’une tournée qui est conçue autour de leur histoire. Au final, cette première journée à Festi’Neuch était une réussite, et alors qu’on avait pris la mauvaise habitude de se plaindre de tout on remarque qu’on n’a que du positif à raconter…

C’est tôt que l’on se rend sur site samedi, petit détour en backstage pour regarder Suisse-Albanie, on se décide d’abandonner notre confort pour se rendre à la Marée pour le concert des jeunes talents de cette édition, les Neuchâtelois de L’Atelier & Yeba. La pluie commence de tomber, on se dit qu’on ne va pas faire long par ici, on leur donne 3 morceaux pour nous convaincre et ce ne sera pas facile puisqu’ils rivalisent avec le match de l’Euro et le confort des loges… 40 minutes plus tard, on est toujours sous la pluie, ça devrait suffire à vous convaincre de la qualité du spectacle proposé. Très bien entourée, la relève a fait le job et cette nouvelle configuration nous fait penser qu’il serait peut-être bien à l’Atelier d’accueillir Yeba en son sein pour la suite. Il se passe quelque chose entre les 3 mcs et leurs différents univers se marient très bien. Et alors que l’orage est passé, il est temps pour nous de découvrir Bigflo & Oli. Là aussi on n’attend rien de ce concert, pétri de nos certitudes on se dit que nous ne somme pas le public cible. Pour s’en convaincre on va donc faire un tour d’observation dans la foule, on se sent vieux… mais il y a du monde, beaucoup de monde, du coup on est un peu coincé dans les premiers rangs lorsque le concert débute. On y sera encore 1 h 30 plus tard. On vient de se prendre une énorme claque, à peine 18 ans et les mecs maîtrisent parfaitement l’art de la scène, si l’on peut ne pas apprécier leurs sonorités sur album, en live c’est une tout autre affaire, la maîtrise est totale; jeux de scène, interaction avec le public, musicalité, virtuosité avec un violoncelliste exceptionnel, mais aussi un très bon DJ et un incroyable beat boxer du nom de WaWad. Si tous les concerts de rap français étaient comme ça… ou quand les jeunes font la leçon aux anciens. Des anciens qui doivent se dire qu’ils aimeraient faire la même chose, mais qu’ils n’y arrivent pas, on tentera de percer le secret lors de l’interview qu’ils nous accordent après le concert.
Une interview qui se fera attendre, en effet Bigflo et Oli ont d’abord rendez-vous avec leur public pour une séance de dédicaces. On nous annonce qu’ils auront un peu de retard, 2 h plus tard ils arrivent enfin… 2 h de séance de selfie avec leurs fans car « on n’arrête pas avant que tout le monde soit passé », OK, on comprend un peu mieux l’engouement maintenant, et de nous rappeler qu’être artiste ce n’est pas uniquement faire de la musique, c’est aussi prendre soin de ses fans. Une attente qui nous aura malheureusement fait manquer le concert de Quartier Bon Son qui, selon nos sources fiables, était très très bon. Le rap suisse marche bien au Festi’Neuch, les locaux rendent honneur à leur programmation en mettant en place des concerts très pro, tant dans le rendu que dans l’attitude générale et le résultat est là, le public vient découvrir et repart ravi. L’heure est maintenant venue pour nous de retourner sur la scène de la Plage, on fait chemin avec Green Giant, coach de choix pour la jeune djette Kosmo qui a gagné le droit de se produire sur cette scène incroyable. On la sent un peu tendu, mais très rapidement elle se lâche et nous surprend par ses choix, on se demande comment un petit bout de femme de même pas 18 ans connaît autant nos classics. Elle nous rappelle que le rap peut traverser les époques, qu’un morceau de 20 ans que l’on avait complètement oublié peut parfaitement avoir sa place dans un set actuel. Quelques sonorités bien connues résonneront encore dans l’air, le temps d’une session mix un peu improvisée par Chocoton Over The Roof qui réponderont aux vibrations positives dégagées par le live de Muthoni qui avait lieu en même temps. Qui a dit que le rap, de qualité, n’avait pas sa place dans un festival tout public ? Pas Festi’Neuch en tout cas qui chaque année s’efforce de satisfaire le plus grand nombre sans jamais oublier de faire une belle place aux artistes locaux. Vivement l’année prochaine, en attendant,
et comme on dit là-bas
#Tellement
#Merci