Sniper En Interview

repreZent continue sa mise à jour et publie aujourd’hui une interview du groupe Sniper faite lors de leur dernier passage en Suisse. Toutes nos excuses au groupe pour le retard dans la publication…

repreZent.ch : « personnalités suspectes » est devenu Sniper pour la première fois sur scène lors d’un festival à La Rochelle. Quelle est la différence pour vous entre un festival et un concert en tournée ? Qu’est ce qu’un festival apporte en plus ou en moins ?
Tunisiano : Moi je trouve qu’il y a énormément de choses qui changent. Premièrement on n’est pas face à un public acquis. Ça veut dire que des gens peuvent venir parce qu’ils aiment l’électro à la base, ou le rock et qui vont se retrouver dans un festival multi artistes et face à un groupe de rap : peut-être alors que ça va leur parler…
Aketo : ou pas !
Tunisiano : ou pas ouais (rires)… Ça veut dire que c’est un plus, un challenge pour nous parce qu’on est là pour essayer de rendre notre musique la plus accessible à tous. En tous cas de la faire parler à un maximum de gens. Après ça peut être l’inverse : ça peut ne pas leur parler du tout et du coup ils changeront de scène, mais dans l’ensemble, c’est ça le vrai challenge et c’est ça que j’aime bien dans les festivals

repreZent.ch : Encore peut-être plus ici, à Touch the air, étant donné que ce n’est pas une région francophone…
Tunisiano : voilà… ça veut dire qu’ici ça va être d’autant plus difficile vu qu’il y a la barrière de la langue. Pour vraiment qu’ils nous comprennent, il va falloir bien s’exprimer… mais je pense que ça va le faire… On avait fait un concert à Bâle et ça s’est très bien passé. Ils ont compris. En fait, j’ai l’impression que même s’ils ne parlent pas français, ils le comprennent un petit peu… Donc ça va !

repreZent.ch : Le groupe à été formé en 1997. Vous étiez quatre. Aujourd’hui vous n’êtes plus que deux. Est-ce que Sniper aujourd’hui est une continuité ou plutôt quelque chose de nouveau ?
Aketo : C’est un peu les deux. C’est une continuité, c’est sûr… après c’est aussi une nouvelle page pour nous, un nouveau chapitre. Avec notre dernier album « À toute épreuve », on avait l’impression de repartir un peu à zéro. Donc il y a vraiment un peu des deux ; en même temps la continuité et en même temps une nouvelle étape.

repreZent.ch : En référence à votre dernier titre « Blues de Tess » ; est-ce que vous avez parfois ressenti le besoin de vous justifier par rapport à votre quartier ?
Tunisiano : On peut prendre ça comme une justification, mais à la base ça ne l’est pas. On cherche à rendre hommage à une certaine époque parce qu’on est nostalgiques. Mais il y a un temps pour tous ; un temps pour faire les 400 coups, un temps pour vivre pour tes potes, vivre ta jeunesse et y’a un temps pour avancer, évoluer, chercher à fonder une famille… On fait référence à ça. Forcément, rien n’a changé… Même si je traine plus comme avant, quand je les vois, rien ne change. C’est toujours un plaisir de se voir

repreZent.ch : Le titre de votre dernier album : « A toute épreuve » fait référence à quoi ?
Aketo : C’est un tout. Ça fait référence à tout notre parcours depuis 97. Ça fait référence aussi au groupe qui s’est diminué, parce que ça aussi c’était une épreuve qu’on a réussi à traverser aujourd’hui. Référence à tout ce qu’on a traversé, aux galères qu’on a eues à l’époque avec le ministère de l’intérieur puis toutes les péripéties qu’il y a eu dans le groupe.

reprezent.ch : Auriez-vous pensé avoir à faire avec la justice en vivant de votre passion, la musique ? Qu’en pensez-vous ?
Tunisiano : Franchement, on n’y aurait jamais pensé ! Nous on s’est dit « ça y’est, maintenant on fait de la musique, on est des personnes honnêtes, on paie nos impôts, on touche de l’argent proprement… » Avant encore je peux comprendre ; tu fais des conneries, tu voles des trucs, etc. Si t’as à faire à la justice : c’est normal. Mais franchement en écrivant des titres et en chantant sur scène, tu te retrouves quatre fois au tribunal pour des trucs comme ça… on s’est dit : « Wouaaaa… c’est exagéré, c’est abusé ! ». Et le pire c’est que ça nous a coûté encore plus cher pour la musique que pour des petits larcins… en frais d’avocats : ils nous ont tués !
Aketo : En frais d’avocat… mais ce qui nous a causé du tort, c’est aussi beaucoup de villes où ont est interdits.

repreZent.ch : Ça reflète aussi le fait que le Hip-Hop soit une musique plutôt marginalisée… Si ces mêmes paroles avaient été dans un morceau de pop, les choses ne se seraient pas passé de la même manière.
Tunisiano : Effectivement… regarde par exemple : Hexagone de Reno. Moi la première fois que je l’ai écoutée j’ai été choqué… ou encore Brassens.
Aketo : Ce n’est pas pour se mettre dans une position de victime…
Tunisiano : Siiiii, on est des victimes ma gueule ! (Rires)
Aketo : Mais c’est vrai que dans la bouche des rappeurs c’est pas tout à fait pareil. C’est une réalité.

repreZent.ch : A Touch the air, on mélange Hiphop et électro. Que pensez-vous de l’électro et de l’électro Hip-hop ?

Tunisiano : Il y a dix ans de ça, tu parlais aux gens qui étaient à fond dans le rock, dans la varièt’ ou dans la pop, de l’électro. Personne ne pariait un sou dessus, ils disaient que c’était de la musique qui fait mal aux oreilles, que ça ne marcherait jamais. Et regarde aujourd’hui… on fait des bêtes de festivals. Ces deux mouvements là, aujourd’hui, c’est eux qui sont au top, qui sont le plus écouté par la jeunesse et qui arrachent tout même au niveau de la vente d’album.

repreZent.ch : Et les collaborations du type David Guetta et Snoop Dogg vous en penser quoi ?
Aketo : Ça tue ! En plus je ne pense pas du tout que ce soit contre nature parce que l’électro et le rap sont des musiques qui puisent les mêmes techniques : le sample, les machines…
Tunisiano : il y a beaucoup de gens du Hip-Hop, qui à la base faisaient du rap et qui au fur à mesure on viré électro…
Aketo : Guetta dans les années 80, il était Dj Hip-hop ! C’est deux courants qui sont liés de toute façon… donc c’est normal qu’il y ait des ponts entre les deux.

reprezent.ch : Que pensez-vous des dernières présidentielles françaises ?
Aketo : Comme dans toutes les élections, c’est toujours pour le moins pire qu’on vote ! Donc là on se réjouit parce qu’on a eu le moins pire.
Tunisiano : Mais la vraie question c’est : est-ce que vraiment ça va changer nos vies et que demain on va se sentir considéré, respecté ?… Je n’en suis pas sûr. Mais en tout les cas on va dans le bon sens et donc continuons comme ça parce que Sarkozy c’était plus possible.

reprezent.ch : La meilleure punchline que vous avez entendu dans votre vie ?
Tunisiano : « casse-toi pauvre con ! » (Rires) Non sérieusement… wouaaaaw je sais pas… y’en a eu tellement dans le rap… tu nous en colles une bonne là ! A j’en ai un beau ! « Elle me dit qu’un —- c’est pas beau mais c’est ce qu’elle aime chez un homme. Et ce qu’elle préfère comme la pomme, c’est quand ‘y a pas la peau. » (Rires)

repreZent.ch : Quelle est votre définition de repreZent ?
Aketo : Ça c’est un truc bien propre au Hiphop et au rap. Naturellement, y a toujours eu ce truc de rabâcher d’où on vient…
Tunisiano : C’est propre à la considération. Si les gens, tu sens qu’ils te valorisent alors là tu te sens représenté…
Aketo : C’est marrant parce qu’on est toujours dans le délire de dire, de représenter d’où l’on vient et en même temps on représente aussi tout le monde, tous ceux qui se sentent concernés par nos textes.

par Elena