Red Bull Thre3style Finale


Ce n’est pas des ailes, mais des roues que Red Bull a données à la délégation romande venue soutenir Green Giant et Ngoc Lan lors de la finale suisse du Red Bull thre3style, compétition internationale de djs mis sur pied par le taureau ailé dans le but de dénicher le meilleur « party rocker ». C’est donc dans une joyeuse ambiance de colonie de vacances que l’on est parti à 19h de la gare de Lausanne pour arriver quelques heures plus tard à la Alte Börse à Zürich (le Cubanito pour les plus anciens) où le très bon dj Beware nous attendait pour faire monter la sauce.

Les ordres de passage avaient déjà été définis et c’est le Lucernois Prince Boogie qui ouvrait les feux. Vainqueur à Berne et supporté par plus de 150 personnes il s’annonçait comme étant un concurrent redoutable pour nos deux favoris. Et si son set de 15 minutes confirmait qu’il pouvait être un prétendant aux places d’honneur, quelques errements techniques et une sélection bien trop évidente nous décevaient, mais surtout nous rassuraient. Place maintenant au 2e concurrent qui n’était autre que le vainqueur romand Green Giant qui allait nous sortir un set sensiblement similaire à celui fait à Lausanne. C’est propre et efficace, du Green Giant comme on en a l’habitude qui nous emmène dans son univers musical sans faire trop de chichis. Vient ensuite un inconnu pour nous, le Bâlois Montes qui fait un set très moyen, avec une sélection qui ne casse pas non plus des briques… bref, une prestation honorable, mais qui passe sans qu’on la remarque. Ses 15 minutes terminées on se redirige devant les platines puisque c’est au tour de la seule concurrente féminine de nous faire danser. Ngoc Lan prend donc les commandes, fidèle à elle-même, le sourire collé aux lèvres, la petite asiatique a la niaque (si si, il fallait que je l’écrive…). Elle nous balance toute son énergie dans la face et surtout la tracklist la plus intéressante de la soirée, la force jaune avait envahi la place. On redescend gentiment sur terre avec le set digne d’une fête foraine du Zurichois Cruz. C’est dommage, il a pourtant démontré de très bonnes capacités techniques, mais sa sélection musicale était tellement mauvaise qu’on sait déjà qu’il ne pourra pas prétendre au titre… et puis tout le monde attend la prestation de Redrum, vainqueur des DMC il y a quelque temps, et dès les premières secondes il pose le décor et nous montre qu’il est bien le maître technicien de la soirée, peut-être un peu trop technique même, car il peine à vraiment transcender la foule… Son set terminé, on attend les résultats du jury qui mettront quelques minutes à tomber.

En troisième position on retrouve assez logiquement Ngoc Lan qui est la seule à avoir su nous surprendre par sa sélection musicale qui couplé à son énergie ont comblé le trou technique qui la séparait des autres concurrents. En deuxième position vient se placer Redrum, les gens dans la salle commencent à se regarder, dans les coulisses on ne comprend plus grand-chose et tout le monde s’interroge sur qui sera le vainqueur tant Redrum avait mis tout le monde à l’amende. On se dit qu’il était trop technique et que donc tout se jouera entre notre ennemi d’un soir lucernois et notre géant vert. La tension monte, le nom du vainqueur est prononcé… tout le monde se regarde, personne n’a compris qui avait gagné… Roccobelly doit s’y prendre à deux fois pour le dire, le vainqueur est le bâlois Montes et c’est lui qui représentera la Suisse à la finale mondiale de Paris le 9 décembre… et la foule de féliciter le vainqueur par des huées, on a connu meilleure façon de fêter un champion. Dans les coulisses l’ambiance n’est pas meilleure, tout le monde se regarde en chiens de faïence et se demande ce qui s’est passé… peu d’accolades au gagnant, le malaise règne et repreZent d’enquêter.

Après quelques questions, on se rend rapidement compte que le vainqueur ne faisait de loin pas l’unanimité du jury, on est rassuré, mais pas totalement puisqu’il a quand même gagné ! On l’est encore moins lorsque l’on apprend que le jury n’arrivant pas à définir un vainqueur, les juges ont décidé de simplement additionner les points donnés durant les sets. Le Bâlois Montes ayant été le plus moyen, il s’impose donc grâce à une logique mathématique qui veut que lorsque l’on n’est excellent nulle part on peut tout de même l’emporter. C’est dommage, mais après tout on se dit que c’était la première édition et qu’il y a encore des choses à améliorer et qu’elles le seront vu la volonté de l’organisateur de faire les choses bien.

Du côté des djs surtout, sur les 6 concurrents, seul Ngoc Lan a osé un set qui sortait un peu des sentiers battus et sa troisième place est là pour en témoigner. Certains diront alors que l’on cherchait le meilleur « Party Rocker », qu’il fallait balancer des hits. Nous on répond tout simplement que c’est au jury que tu dois plaire avant tout, quand t’as une centaine de supporters devant toi tu peux mettre n’importe quoi, ils réagiront. Mais, et à l’image des soirées à tendance hiphop dans notre pays, la prise de risque semble paralyser les djs. C’est toujours les mêmes playlists qui tournent, la même soupe est servie à chaque repas et tout le monde semble s’en contenter, le problème c’est que ça ne passe pas dans un contest avec un jury de plus de 16 ans et aux oreilles musicales aguerries. C’est dommage, on se réjouissait d’entendre des sons un peu inédits et au final on se retrouve à entendre 3-4 fois de suite les mêmes morceaux, mais mixés autrement…

Autre reproche que l’on peut faire aux djs est le manque de préparation d’un véritable show. Trop occupés à regarder les points cues sur leur écran, les djs ne communiquent pas assez pour réellement mettre le feu à ce genre d’événement. Aucune mise en scène, les Français présents avaient une larme à l’œil en pensant aux shows présentés lors des qualifications françaises où l’un des concurrents est allé jusqu’à simuler un attentat durant son set… poche de sang et bruitage en bonus. Alors oui ce n’est pas ce qu’on attend d’un turntablist, mais les thre3styles ne n’en sont pas.

Tout cela nous fait logiquement venir aux reproches que l’on peut faire à l’organisateur qui n’a visiblement pas su communiquer les attentes du jury aux candidats. Les règles n’étaient peut-être pas claires pour les participants qui auraient sans aucun doute joué le jeu et éviter au jury de devoir faire le choix, tout helvétique, du consensus.

Mr Seavers