Cela faisait plusieurs années que repreZent ne s’était pas rendu sur la plaine de l’Asse, mais faire l’impasse cette année aurait été impardonnable au vu de la programmation rap du Paléo millésime 2018. Et puis on ne va pas se mentir, du rap français sur la grande scène, trois soirs de suite… on attendait ça depuis trop longtemps. Non pas que le rap n’ait jamais été représenté au Paléo mais, et on se répète, trois soirs de suite c’est une première. Une grande première à laquelle on devait assister.

On débute donc jeudi soir avec Nekfeu qui comme à son habitude n’oublie pas ses potes du S’Crew et nous offre un très bon spectacle, variant les plaisirs et les styles le public est ravi, la dame d’une soixantaine d’années qui se trouve à nos côtés semble l’être aussi. On regrettera tout de même l’interdiction faite aux cercles et autres pogos, une première dans nos près de 35 ans de concerts qui aura bridé le concert de Nekfeu, le public suivant les instructions à la lettre, c’est aussi ça la Suisse. Autre scène, mais même ambiance un peu plus tard avec Lorenzo qui pourra déchaîner toutes les passions, le turn up étant autorisé sur les scènes réduites. On finira notre soirée sous la tente du détour pour découvrir le nouveau projet de FOU! durant lequel on aura eu le plaisir de voir H2ok se prendre pour Moïse et séparer la mer en deux.

Vendredi la pluie s’est invitée au rendez-vous, mais le natif de Caen sait la gérer, le ciel se découvre donc pour le début de son concert. Le public est aux anges, son dernier album a été largement écouté, bien au-delà des frontières du rap, et ça s’entend, jeunes et vieux reprennent en cœur ses paroles. Le rap fait l’unanimité et c’est peut-être un détail pour vous, mais ça nous a fait chaud de voir près de 30 000 personnes dans un festival comme le Paléo reprendre les couplets d’un rappeur. Tout va bien. On se dirige sous le club Tent, le Xtrem Tour est annoncé, le turn up est programmé, on n’était pas prêt. Grosse claque, Montreux l’année dernière c’était juste l’apéritif, les Genevois ont encore franchi une étape, c’est le feu et le public en redemande, sous la tente mais aussi aux alentours, pas assez de place pour satisfaire leur nombreux public. Pour terminer la soirée on retrouve Roméo Elvis qui comme à son habitude a totalement hypnotisé le public, le crocodile est une bête de scène et il nous le prouve une fois encore. On va se coucher heureux.

Voilà donc notre troisième jour à Paléo, jusqu’ici tout c’est très bien passé, le rap semble passer ses examens les doigts dans le nez et ce n’est pas près de s’arrêter. BigFlo & Cli ravissent les plus jeunes amateurs du genre qui sont venus avec leurs parents. S.O.S nous prouve que le Suisse allemand n’est plus une barrière en Suisse et Lonepsi nous calme un peu. On attend NTM, notre dernière rencontre remontait à 2008, cette fois ce sont les parents qui sont venus avec leurs enfants. Échange de politesse entre générations, le rap réuni à Paléo. C’est peut-être con, mais on trouve ça beau. Tout le monde semble heureux, souriant, bref content d’être là. Et cette sensation ne va pas s’arrêter, NTM fait le show, le spectacle est carré, puissant comme un fusil d’assaut, tout est bon. On apprécie également la place laissée aux djs pour s’exprimer, on est retourné en 98, on était bien. La suite ? Une grosse prestation de Muthoni, mais on était out, plus de voix, trop gueulé refrains et couplets de NTM, désolé pour elle, on était cuit, mais elle n’a rien vu, elle a tout donné.

Bilan de ces trois jours ? Comme le dira le programmateur lors de la conférence de presse de clôture « cette année le rap a remplacé la chanson française et le rock », « on n’avait jamais vu la plaine de l’Asse bouger autant ». Ce n’est pas une surprise pour nous, on le savait depuis un moment, le rap a gagné. Il devait encore prouver qu’il pouvait rassembler différentes générations, c’est fait. Alors oui cette programmation a été aidée par les tournées estivales d’artistes francophones fédérateurs mais on ne va pas bouder notre plaisir, tous ces mcs savent kicker et durant trois soirs Paléo s’est fait ambiancer par du rap et son nombreux public. Le rap est désormais pris en compte dans les gros événements populaires, nos oreilles apprécient. Le rap a gagné le prix du public, ça a pris du temps mais le rap a gagné Paléo.

Mr Seavers

crédit photos : loorent.com