Quartet Vainqueur 2013

Deux fois n’est pas coutume, mais risque bien de le devenir au fil des années. Après mon trio gagnant de l’année précédente (ici), place au quartet vainqueur de 2013 (sans ordre). Cette fois-ci, le podium n’était pas assez grand pour accueillir un quatrième lauréat, il a fallu l’élargir.

 

 

 


1. Kaaris — Or noir
« Ta go est sur ton 31, elle sait que je viens, forcément/ Elle a sa petite culotte qui fuit comme une piscine à débordement »
Si arracher les têtes de la concurrence constitue un des passe-temps favoris de Kaaris, filer le sourire aux auditeurs aussi. N’en déplaise aux esprits bornés et à leurs étiquettes collées sur un rap qui serait « bête et méchant ». Écouter le mc de Sevran en sifflotant, c’est permis et remuer son popotin sur des titres ultra-bourrins comme « Je bibi », c’est encore mieux. Lui-même dit vouloir «voir des mecs frais et des bonnes meufs en boîte qui dansent sur du gros son ». C’est chose faite avec cet album, même pas besoin de sortir la kalash comme à seille-Mar.


2. Casseurs Flowters — Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters
« …Ouais, j’écris mon CV. Et y a un trou de 10 piges, je ne comprends pas où je suis passé. »
Pour continuer avec les rires francs du collier, quoi de mieux que deux trentenaires attardés, branleurs assumés et complètement décomplexés ? Orelsan et Gringe égaient les fêtes de fi(o)n d’année avec des titres tour à tour graveleux, légers ou puérils, mais surtout parfaitement maîtrisés. 18 pistes réunies sur album-concept comme on en voit peu : Une journée fictionnelle de leur vie résumée sur un disque, de quoi tordre les côtes des plus cyniques et filer des crampes abdominales aux autres.


3. Makala — La Clef
« Dis à ton label de se méfier de la bête »
Enfant de la ville au blason réunissant le symbole de l’empire et celui de l’évêque (Genève), Makala la lui rend bien. Son 1er EP « La Clef » fait le ménage : Il ouvre les portes en grand pour aérer et dépoussière à gros coups de balai le rap de la cité de Calvin, en détergeant par extension le rap romand à la « Brise de mer ». Quelques piques lancées subtilement aux détours de textes bien écrits, posés sur des productions aux petits oignons et voilà la Romandie soufflée par LE vent de fraîcheur 2013. Colors, wassup ?!?


4. Vîrus — Faire-Part
« Violence légitimée par des faits marquants/ Dans un bouchon, je me suis dit que je lirais Mein Kampf »
Véritable témoin décalé de son époque, observateur décentré de son temps, Vîrus l’est d’autant plus que, enfant, il ne parlait pas mais notait tout ce qu’il voyait. Petit, il l’est également par son blaze, sa taille (1m65) et ses 5 EP qu’il a pondus après avoir arrêté l’alcool. « Faire-Part », sa dernière livraison, assombrit encore un peu l’atmosphère : Le ciel est couvert, comme s’il n’allait pas tarder à tomber des hallebardes acérées. Tranché aussi est son point de vue sur un monde dans lequel tout n’est que conditionnement : De la fête de Noël en famille, aux sourires de courtoisie ; Vîrus déconstruit la société et ses (dys)fonctionnements. Pour notre plus grand plaisir.

par Skywalk