Oxmo Puccino était de passage le 23 mars aux Docks de Lausanne pour présenter son dernier album, « La Voix Lactée », et revivre ses classiques.
 
Rap en prose. Rap embelli de notes au corps certain. Arrière-scène au spectre de la roche. Fil rouge ou suggestion d’ambiance pour ce moment. Que ce soit pour ses harmonies recherchées ou ses beats directs, Oxmo Puccino s’arme de musiciens aux talents multiples pour dévoiler ses titres au public des Docks de Lausanne. 
 
Introduction au rythme de la « Slow Life » de Monsieur Puccino. Le ton est posé, il est de rigueur de mettre une parenthèse au rythme effréné de nos chemins de vie pour se nourrir de la proposition artistique du soir.
 
Rap sans prétention. Mais rap de leçons. Point de morale, mais des témoignages de vies. Point d’arrogance, juste une vision honnête de ce que l’on peut vivre. Le sérieux est là et s’ancre dans des « J’te Connaissais Pas » ou des « Amour & Propriété », et la légèreté se dévoile dans « Le Sucre Pimenté ». Transitions travaillées, les textes et harmonies se succèdent en consonances. D’une suggestion à « Papaoutai » auquel il répond en « Papa est là ». L’heure de « L’Enfant Seul » est annoncée. Classique puccinien, « J’ai Mal Au Mic » provoque les hurlements de bonheurs. Rien d’étonnant pour l’un de ses textes les plus connus. Le prélude de la notion du temps mène à ses  « 365 jours ». Les grandes lignes du répertoire sont traversées avec aisance, sans surprendre l’audience. C’est dire qu’Oxmo Puccino n’a rien changé de sa verve poétique et scénique. Prestance posée comme le flow de son verbe, Puccino a, comme à son habitude et en laissant une place de choix à ses musiciens, conquis le public présent aux Docks. 
 
L’heure des remerciements, et Black Jaques Brel prend son temps, prend soin de n’oublier personne. De la salle aux musiciens, en passant par le backliner, chaque talent est reconnu. Le public salue celui qui traverse les époques sans broncher, sans se plier aux règles des tendances musicales. Que ce soit sur disque ou sur scène. Parce qu’au final, un concert d’Oxmo Puccino, c’est surtout une occasion de se nourrir des expériences, de regarder le passer avec une pointe d’ironie; le tout au rythme d’une prose lyrique. En regardant notre époque d’un oeil aiguisé, sans le laisser se déformer sous la pression du présent.

par Sofia