mr bil centre-ville centre-ville
Mr Bil c’est un peu Edith Piaf, la coupe de veuchs et la robe en moins. Personne jusqu’ici n’avait chanté sa ville natale aussi bien que lui. Et pas sous la forme d’un hymne victorieux braillé en ancien patois qui réveille – parmi nos citoyens les plus simples d’esprit — une hargne reléguée aux oubliettes depuis 415 ans. Non chez Bil, il s’agit d’une célébration citadine, bien loin des quelques essais louables, mais peu convaincants élaborés au sommet de l’inspiration (ça par exemple).

Plus approprié que la comparaison avec la Môme, Bil se rapprocherait plus d’un Joe Lucazz. Même attention portée au verbe, même science du name-dropping et surtout même amour pour leur ville respective. Haut taux de localisme. Il y aurait presque une démarche civique ou l’envie déguisée de postuler à l’office du tourisme pour nous faire visiter les lieux sous un autre angle. L’idée que Bil puisse faire découvrir Genève à sa manière aurait quelque chose de grisant : une fois rentrés, les Japonais penseraient à Marekage Streetz devant leurs sushis.

« Je multiplie 2x centre-ville et puis c’est quoi le problème ? ». Aucun, tellement l’intention est claire. On croirait écouter le guide du routard d’un diablotin séduit par les vices urbains, apparaissant successivement au corner d’un immeuble du Five puis à la pointe de la Planète Rouge. Neige en été, botanique au cœur du béton. Ce n’est pas « La terre vue du ciel », mais l’enfer sur terre. Ou l’épicerie démoniaque : crackers, four, breuvages et autres poudres à cuisiner au bicarbonate de soude. La cité de Calvin comme vous ne l’avez jamais entendu et malheureusement pour la dernière fois. Effectivement, il semblerait qu’il ne multipliera jamais trois fois le titre du projet, car il est passé à autre chose. Dommage. Avec peut-être un arrière-goût amer : « J’ai sorti des mixtapes superbes sur un fond de misère humaine/ils ont retenu que tise et fumette, alors qu’il y avait les lignes les plus belles que la ville ait vu naître… ». Quelqu’un a dit un jour : « Les aigles ne volent pas avec les pigeons ». Oui, c’est bien lui, c’est Bil sur les armoiries de la ville.

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par Skywalk