C’est peu dire que Makala et son acolyte Pink Flamingo ont totalement bouleversé le paysage rapologique romand, imposant leur marque sortie après sortie, poussant toujours plus loin leur travail d’exploration musicale. Et si tout part du rap, les deux compères se jouent de nos repères pour nous emmener à chaque fois un peu plus loin, le dernier projet de Makala ne dérogeant pas à la règle. Vient alors le moment critique de la chronique, comment écrire quelque chose, essayer de donner son point de vue, son ressenti sur quelque chose qui ne ressemble en rien à ce qui se fait par ici ? Un projet de Makala a toujours ce côté un peu perturbant. Mais en l’écoutant on se dit que c’est justement pour ça que l’on continue à écrire sur le rap romand, car aujourd’hui il est plus vivant que jamais.

L’entrée dans la piscine privée se fait toute en douceur, le côté rassurant de l’eau nous apporte le réconfort nécessaire à la première étape de notre voyage, une balade à travers le temps et les influences qui va nous permettre morceau après morceau, de découvrir une nouvelle facette de l’artiste. On est alors submergé par une atmosphère qui n’est pas sans nous rappeler une BO blaxploitation. Mais là où beaucoup couleraient dans la pâle copie on a ici à faire à une réappropriation d’un genre, d’une version contemporaine de sonorités qui ont traversé notre enfance. Les écouteurs bien ancrés dans les oreilles, on s’attend alors à voir débouler au prochain coin de rue une vieille connaissance qui n’aurait jamais vieilli… sorte de Shaft moderne dont on commence à imaginer les traits et le style. Le voyage a bel et bien commencé. On est un peu désorienté, mais on reste serein, en confiance, Makala amenant toujours ces petites touches qui nous font nous sentir à la maison, en terrain plus ou moins connu. Assez en tout cas pour ne pas prendre peur et s’enfuir. On se laisse porter, guidé par un mc qui au fil des sons devient plus rap. Son flow s’affirme, ses rimes également. S’il suit sa destinée Makala a l’assurance qu’elle le mènera loin. On réalise alors qu’il a peut-être cherché à nos égarer, comme s’il voulait nous prouver qu’il maîtrisait tous les terrains, que rien ne pouvait le retenir et qu’au lieu de contourner la montagne il prendrait toujours le risque d’y monter. Une fois au sommet l’horizon s’offre à lui, l’inspire, le projette toujours vers l’avant, ajoutant à chaque étape de son périple une corde à son arc déjà bien fourni.
C’est à ce moment que Lazer Malvo résonne dans nos oreilles, après nous avoir bercés Makala nous réveille d’une grosse claque. De ce genre de son qui vous rend dingue en soirée, de cette énergie qui se ressent réellement en concert, tout est là, rien à ajouter. Makala vient une fois encore de nous prouver qu’il était en dessus des autres, il peut maintenant dérouler tranquillement, gérer son avance et en profiter pour laisser Varnish La Piscine venir nous raccompagner gentiment vers la sortie. Enfin c’est ce qu’on pense, mais Makala ne peut s’empêcher de nous offrir un dernier rappel, l’esprit du live n’est jamais loin.

Makala – Gun Love Fiction
iTunes
Spotify
deezer