L'itw rpZ : Mr Seavers

L’interview d’aujourd’hui sur repreZent est celui de son grand chef, Mr Seavers. Mais comme il n’est pas assez schizophrène pour se poser les questions tout seul, il est allé demander à Redstar de lui poser quelques questions. En effet, qui de mieux que quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche et surtout qui ne se gène pas de lui dire ses 4 vérités en face pour se genre d’exercice ?

 

 

 

 

Depuis quand es-tu actif dans le milieu du rap ?
Je vais directement faire le vieux chieur, mais je préfère qu’on dise mouvement Hiphop que milieu rap, surtout que je ne suis pas mc, ceci étant dit, je ne peux pas te dire avec précision quand est-ce que tout à commencé. Je me souviens qu’adolescent j’écoutais surtout de la musique genre Nirvana, Rage Against, Senser. L’époque était à la fusion entre Metal et Rap, et dans la cour d’école c’était la même chose, du coup j’ai fait la connaissance de personne qui écoutaient du rap et étaient actif en temps que graffeurs. C’était le début des années 90, et dans les montagnes neuchâteloises le mouvement commençait à prendre, tenu par les piliers comme les breakers de la CDF. C’est d’ailleurs en les côtoyant que j’ai appris qu’on ne pouvait pas être « seulement auditeur », qu’il fallait être actif dans l’une des 5 disciplines du Hiphop pour pouvoir prétendre être Hiphop… Et là, je tombe sur une mixtape de Cash Money et jme dis « c’est ça que je veux faire », comme je débutais un apprentissage j’ai donc pu me payer ma première platine, puis une seconde et ainsi de suite. Voilà tout ça pour répondre à ta question qui était de savoir depuis quand je suis actif… donc début d’apprentissage, je devais avoir environs 15-16 ans, donc je dirais 1994/95.

Qu’est-ce qui t’a amené vers cette musique ?
Comme je le disais avant c’est surtout des rencontres, par des personnes qui baignaient déjà dans cette culture. À l’époque je n’avais pas MTV, y’avait pas internet donc c’est avec l’échange que l’on découvrait. Mais ce qui m’a poussé vers le Hiphop c’est l’énergie qui s’en dégageait. Au-delà du message contestataire dans lequel je pouvais me retrouver à l’époque, c’est surtout l’énergie et cet esprit de famille qui m’ont attiré.

Es-tu le créateur du site repreZent.ch? Pourrais-tu nous faire un petit historique.
C’est très bien que tu poses cette question, car beaucoup de gens pensent que je suis le créateur du site ce qui n’est pas le cas. C’est Alex de Lausanne qui a lancé le site dans sa première version (la bleue, avec les ptites flammes dans le forum), ensuite c’est Tone qui a repris le flambeau avec la version verte puis moi il y a bientôt 4 ans. Je n’ai donc pas créé le site, mais j’en ai simplement repris les rênes pour essayer de le mener un peu plus loin encore.

Quels sont les objectifs d’un tel site, dans le présent, mais aussi dans le futur ?
Mon objectif premier est d’être un portail, une porte d’entrée dans la culture Hiphop et le rap romand. Certains pensent que parce que le site s’appelle repreZent il doit représenter tout le monde, mais ce n’est pas ma vision des choses. Après tu peux être d’accord ou non, mais pour moi l’important c’est de donner une image qualitative du mouvement à ceux qui en sont externes. Je pourrais m’éviter pas mal d’ennuis en publiant tout, mais ce n’est pas rendre service aux acteurs du mouvement à mon avis. Qualitativement d’abord, il est important de mettre des « barrières à l’entrée », ne pas tout publier c’est aussi une façon de faire passer un message. Même si tout est disponible facilement et même si faire du rap est très facile, tout le monde ne peut pas se prétendre mc. Il faut laisser le temps au temps, et les gens doivent apprendre que ce n’est pas parce que leurs potes disent qu’ils cartonnent que c’est forcément le cas. Ensuite il y a tout le côté message/image, certains morceaux ne sont pas publiés non parce qu’ils sont mauvais, mais parce qu’ils véhiculent tous les clichés que les médias collent sans cesse au rap. Je ne dis pas que je n’en écoute pas, mais pour un site qui se veut un portail ouvert vers l’extérieur, qui veut briser les barrières, mettre du rap qui ira ensuite alimenter les colonnes « faits divers » des autres médias… je sais pas, jme dis que c’est se tirer une balle dans le pied. Mais peut-être que je me trompe… mais à mon avis il faut d’abord mettre en avant non pas forcément un rap plus policé, mais un rap ne véhiculant pas trop de clichés négatifs.

Pourrais-tu nous dresser en quelques mots ton tableau du rap romand actuel ?
Je dirais qu’il est en pleine crise d’adolescence… et qui dit crise d’adolescence dit recherche d’identité, de repères, de sens, etc. Voilà en quelques mots, après on peut discuter pendant des heures, mais s’il faut faire 2 catégories je dirais qu’il y a ceux qui restent vrais, qui font les choses avec les tripes et le cœur qui portent le mouvement et ceux qui cherchent bêtement à imiter un truc qui marche ou qui marchait… et puis t’as tous les autres, qui sont perdus là au milieu, qu’ont vu de la lumière, qui sont entrés et qui ressortiront aussi vite.

Quelles sont ses perspectives ?
C’est une question qu’il faut poser aux artistes directement, moi je vois le rap comme un art et ses perspectives sont donc les mêmes que pour n’importe quelle autre forme d’art. Certains en font parce qu’ils en ont besoin, donc la seule perspective est d’en faire alors que d’autres le font pour simplement se faire voir et donc arrêterons bientôt… Et là on en revient à la question précédente, et pour moi il n’y a de perspectives que pour ceux qui le font avec le cœur et les tripes, car il y a que ça qui te permet de continuer dans le temps quoiqu’il arrive. Les différentes vagues, les modes, avec les années j’en ai vu passer, tout comme j’ai vu que seuls les mecs qui avaient « le feu sacré » sont restés.

Des coups de coeur ?
Niveau rap romand, actuellement (NDLR: fin janvier 2013) le seul son que je peux écouter sans relâche c’est « Nous est on loin » de Nokti et Grand Papa Tra.

Des coups de gueule ?
J’en ai eu trop ces dernières années, maintenant j’arrête les coups de gueule, en tout cas j’essaie… je me concentre sur ce que j’aime, le positif, le reste… franchement, je n’ai plus ni l’envie ni le temps à perdre en polémiques.

Comment analyses-tu l’impact d’internet et des réseaux sociaux sur le rap actuel ?
Le gros problème avec ce genre de question c’est qu’on y cherche généralement une réponse générique alors qu’elle nécessite différents angles d’interprétation. Mais comme on n’a pas forcément 3 semaines pour en parler je vais essayer d’aller à l’essentiel. Sur internet on trouve tout, mais pour dénicher les pépites il faut du temps, beaucoup de temps, car généralement elles sont cachées sous une masse de gravats. Donc d’un côté tu as ceux qui se contentent de ce qu’ils trouvent à la surface, ils sont heureux comme ça et tant mieux pour eux, et puis tu as ceux qui creusent, qui trouvent 2-3 trucs et les partagent, puis ceux qui creusent encore plus, et encore… qui creusent tellement qu’à la fin ils n’arrivent plus à remonter. Bref comme pour tout, c’est une bonne chose, mais il faut savoir être modéré.
Mais pour revenir à l’impact, il faut donc, je pense, parler d’impacts et les mettre en perspectives avec les intérêts et les attentes et des artistes et du public. Au final tout le monde y trouve son compte, même si pour la musique internet est un peu un iceberg renversé, car sous l’eau se cache la minorité, une minorité de belles et bonnes choses. Des clips qui ne font pas 15’000 vues en 2 jours, mais qui sont bien plus intéressants, des artistes qui n’ont pas 10’000 followers mais qui ont des choses à dire…

Avec les repreZent Awards, tu essayes d’offrir une fenêtre médiatique au rap local, mais pourtant cela semble diviser les gens du milieu. Crois-tu qu’il est possible de faire l’unanimité ?
L’unanimité est impossible et heureusement, qu’est-ce qu’on se ferait chier si tout le monde était toujours d’accord. Après il faut aussi voir les raisons qui poussent certains à dénigrer le travail des autres. Comme je le disais avant, je n’ai plus envie de perdre du temps en polémiques stériles, donc les avis critiques sont les bienvenus quand ils sont là pour faire avancer les choses, le reste je n’y accorde aucune importance. Au final ce que je remarque avec les années c’est que beaucoup agissent à court terme et ont donc une vision à court terme, ce n’est pas mon cas. Et si ces personnes ne peuvent ou ne veulent pas voir les effets positifs que peuvent avoir une médiatisation telle que celle qu’on a eue pour les derniers awards, franchement tant pis.

Quel bilan tires-tu de cette manifestation ?
Le bilan est largement positif puisque tous les objectifs fixés ont été atteints. On avait eu pas mal de critiques très justifiées sur le déroulement de la cérémonie et je crois que ceux qui étaient là à Neuchâtel pourront en témoigner, mais le truc était carré cette année. Des belles prestations, un bon mc (Sisma), un super dj (Idem), les juges présents, etc. Le bon déroulement de la cérémonie était un des premiers objectifs, l’autre était la médiatisation, à savoir faire mieux que l’année dernière, et là aussi l’objectif a été atteint puisqu’on a réussi à intéresser des médias non spé ainsi que la RTS.

Au fond, ton travail est souvent ingrat, qu’est-ce qui te motive à continuer ?
Le cœur et les tripes.

S’il ne fallait garder qu’un album de rap pour t’exiler sur une île déserte, lequel choisirais-tu ?
Ce serait quand même con de se retrouver sur une île uniquement avec un CD et un discman… l’idéal pour moi serait ma bibliothèque iTunes… mais si je ne devais avoir qu’un album à écouter pour le restant des mes jours je ne crois pas que je prendrais un album de rap… je partirais plutôt avec une « Passion selon St Jean » ou quelque chose comme ça, quitte à faire des boucles sur l’île et me faire mes propres prods.

On te connaît surtout en tant qu’administrateur du site RepreZent.ch, mais on aimerait bien connaître l’homme. À part le rap, quelles sont tes autres passions ?
Le Hiphop prend pas mal de place dans ma vie et la musique en général, sinon j’adore la politique (nationale et internationale), la géopolitique, l’histoire… en fait je suis intéressé par tout ce qui m’entoure. En gros si je devais avoir 3 chaînes de TV je prendrais National Geographic, Discovery et BeIn Sports, voilà qui résume pas mal je crois…

Tes livres de chevet ?
Je ne peux pas m’endormir sans avoir lu, donc je lis entre 2 et 4 livres par mois. Ca va d’un truc léger à du plus dense, ça dépend de l’humeur. Là je viens de finir Absurdistan de Gary Shteyngart, j’ai dévoré La Route de Woodbury et je vais essayer de reprendre la lecture d’un Palahniuk que j’avais abandonné quand ma fille est née…

Tes films préférés ?
J’adore le cinéma, mais ça fait une année que j’y suis plus allé faute de temps et surtout de V.O à Neuchâtel… ah la carte Pathé et Lausanne me manque dans ces moments. Et pour répondre à ta question, j’arrive pas à faire une liste de mes films préférés, je suis incapable de faire ce genre de chose, pour les films mais aussi la musique, la littérature.

Plutôt 2Pac ou plutôt Biggie ?
2Pac pour l’écriture

Iam ou NTM?
NTM

PSG ou OM?
PSG depuis un certain PSG-Real Madrid en ¼ de finale de la coupe UEFA en 1993

Jordan ou Ewing?
Les Jordans sont quand même plus discrètes pour aller bosser… Ah tu voulais parler basket ? Franchement je ne connais pas vraiment, j’avais un maillot Ewing à l’époque, mais plus pour avoir un maillot avec écrit New York dessus… Le basket je n’ai jamais vraiment croché, moi c’est surtout foot et hockey.

Booba ou la Fouine?
Booba, question de génération certainement.

Messi ou Ronaldo?
Zlatan

Kriss Kross ou Rick Ross?
Rick Ross

Boeuf ou cheval ?
Bœuf, je ne mange pas de cheval et je prépare mes lasagnes maison.