L'itw rpZ: La Gale

Pour introduire cet interview de La Gale, on va faire très simple et tout simplement vous copier ce qui se dit d’elle en France après son passage plus que remarqué aux TransMusicale de Rennes puisqu’elle fait tout simplement partie des 10 noms à retenir impérativement selon l’express…
La demoiselle au regard souligné de noir est donc indépendante mais surtout pas neutre. Paroles de combat, engagées et militantes contre le système, la police, les injustices, le rap bling bling… Bref, la suissesse à des comptes à rendre. via lexpress.fr

 

Blaze : La Gale
Date de Naissance : 25.08.1983
Ville : Lausanne – Beyrouth
Liens :
lagale.bandcamp.com
Page Facebook

 

Pourrais-tu nous décrire, en quelques mots, qui tu es et décrire ton travail et ton parcours ?
Je travaille en tant que technicienne du spectacle dans plusieurs lieux ; j’anime des ateliers d’écriture dans les milieux scolaires et extrascolaires ; je fais partie de plusieurs collectifs à Lausanne et ailleurs, essentiellement autour de l’orga de concerts et d’échanges musicaux. J’ai fait mes débuts dans le cinéma en tant qu’actrice avec « De l’Encre » de Hamé et Ekoué ainsi que « Opération Libertad » de Nicolas Wadimoff. J’ai sorti mon premier album solo en début 2012, dont les instrus sont à 100% composées par Christian Pahud (Larytta, Honey for Petzi…)

Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
Je pense que j’en écoutais à -9 mois de vie, mes parents ont toujours écouté beaucoup de musique, donc très tôt, j’ai capté que je voulais en faire.

Pourquoi avoir choisi le rap ?
Ça n’a pas été immédiat, j’en écoute depuis longtemps, mais j’ai commencé dans des groupes punk rock. J’ai glissé peu à peu vers le peura. Mais je reste punk rock aussi. Hybride. Toujours.

Ta première expérience avec ce milieu musical ?
Chez les ricains c’était Public Enemy que j’ai découvert et qui m’a marquée en premier. Et ensuite NTM. C’est là que ça a commencé pour de vrai, parce qu’à l’époque je ne parlais pas anglais.

Tes sources d’inspirations ?
The Clash, Mos Def, The Roots, La Rumeur, ma mère, Mahmoud Darwiche et le Calvaire Crew.

Quelle est ton actualité, tes projets en ce moment ?
Un tas de concerts, l’album sort en janvier en France et du coup on y embraie une tournée au printemps prochain après un passage aux Transmusicales de Rennes en décembre, des projets collab avec des gens d’ici et d’ailleurs, un atelier d’écriture en taule aussi, si tout se passe bien.

Quels sont les sons qui tournent en ce moment dans ton mp3?
Les sons qui tournent ds mon mp3 (et ma platine aussi)
« La Clé de la Cave », Saké
« Fenêtre sur Rue » Hugo TSR
« Straight to Hell » Hank Williams III
« Total Anarchoi » Oi Polloi

Le dernier livre qui t’a marqué et pourquoi ?
« Pirates », un roman de Celia Rees, qui relate l’histoire de deux femmes pirates au 17e siècle. C’était frais et j’avais besoin de sortir des récits plutôt lourds auxquels je m’étais habituée ces derniers temps. C’est bien écrit (je ne sais pas s’il y a une traduction française, mais probablement) et c’est blindé de rebondissements et de petites phrases sur la vie qui passent bien, avec une réflexion intéressante sur l’esclavage.

Et le dernier film ?
Je suis allée voir très peu de films en ce moment et j’ai plutôt croché sur des séries. Donc ces derniers mois j’ai trippé sur « Misfits » et « American Horror Story » (la saison 2 a commencé et je suis à l’affût de chaque épisode), jeu d’acteurs énorme dans les deux cas et des scénarios qui tiennent bien en haleine. Le premier est assez marrant et amoral et relate l’histoire d’une bande de jeunes qui font leurs travaux d’intérêts généraux et se retrouvent, à la suite d’un orage, dotés de superpouvoirs complètement débiles ; le second compile plein de références de films d’horreur et joue sur plusieurs plans ; l’humour, la violence et l’horreur, avec l’excellente Jessica Lange dans les deux saisons.

Que penses-tu du « rap suisse » ?
Le rap suisse comporte de très bons éléments. En ce qui me concerne je connais peu ce qui se passe outre rösti-graben à quelques exceptions près par contre on eu l’occasion d’y jouer beaucoup et on aime bien s’y rendre parce que les gens sont assez enthousiastes à nos projets. Pour ce qui est du rap romand, que je connais un peu mieux, je pense qu’il s’exporte mal et ne prend pas assez de risques, dans le fond comme dans la forme. Pour les projets qui sortent du lot, j’espère qu’ils auront l’occasion de faire un max de concerts et de rencontres et qu’on les appréciera à leur juste valeur, car il y a beaucoup de gens qui ont des choses à dire et ont un niveau technique plus que valable.

Quels sont les inconvénients de la « vie d’artiste » ?
Je ne vois pas vraiment comment répondre à cette question. J’aime ce que je fais, je travaille dans plusieurs autres domaines, je suis assez souvent dans l’ombre aussi, je survis avec tout ça, je ne vais pas me plaindre. Par contre, être indé, c’est tout un bordel. Peu de gens y arrivent. Et ça c’est pas ce qu’on appelle la vie d’artiste à proprement dit. On parle de moyens techniques, de réseau, d’argent, de distrib… C’est complexe et ça ne se limite plus à pousser la chansonnette, composer des beats ou s’acheter une paire de Nike.

Et les avantages ?
Partir en tournée, rencontrer du monde de plein de milieux, jouer dans de toutes petites salles ou d’énormes scènes et y trouver son compte, tisser un réseau d’affinités artistiques, musicales, politiques, avoir la possibilité de diffuser un message sur scène ou sur disque, mettre à l’épreuve ton travail, te prouver que tu peux prendre des risques et assumer ce que t’as à dire. Mais je n’appelle pas ça la vie d’artiste, je trouve ce terme trop péjoratif, les éléments qui constituent une vie sont un tout indissociable.

À ton avis, que manque-t-il pour faire évoluer les artistes « rap » en Suisse ?
Les gens ne se déplacent pas assez, ne se bougent pas assez pour faire des concerts et attendent un peu que ça leur tombe sur la gueule. Et il y aussi un manque de fond cruel selon moi, beaucoup on un niveau technique de ouf mais racontent des histoires impersonnelles, voire médiocres. J’aime le rap qui a des choses à dire, à revendiquer.

Si tu avais un conseil à donner à un jeune qui commence, que lui dirais-tu ?
Je ne me sens pas l’âme d’une éducatrice. Je pense qu’on se doit d’être sincère, humble et surtout ne jamais se dire qu’on est au bout de ses peines en matière de travail. On ne devient pas champion de boxe en 3 jours. Le rap c’est pareil. Faut taffer le fond et la forme, encore une fois.

En guise de conclusion, ça veut dire quoi repreZenter pour toi ?
Ne pas rapper que pour son cul, ne pas s’arrêter uniquement à son crew, asseoir sa notoriété sur le long terme par ce qu’on vaut sur scène, sur album et dans la vie.