L'Interview repreZent de Redstar


L’Interview repreZent va vite devenir un classique, facile et rapide il permet aux artistes de se présenter en quelques lignes. Aujourd’hui c’est Redstar qui s’y colle. Et si toi aussi tu veux être publié, alors contactes nous à info(at)reprezent.ch

Blase : Redstar
Date de naissance : 15.01.1982
Ville : Genève (Versoix)

Discographie : « Quitte ou Double » (2010) dispo dans les bacs ou sur iTunes

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Youtube: Redstar1290; Facebook: Alex Redstar

Pourrais-tu nous décrire, en quelques mots, qui tu es et décrire ton travail et ton parcours ?
Je suis un mc Suisse d’origine roumaine. Je fais du rap depuis dix ans environ. J’aime construire mes textes autour d’une thématique réfléchie et les instrumentales qui sonnent comme « à la bonne vieille époque ». J’ai pas mal travaillé dans l’ombre, car je voulais trouver un style qui me corresponde totalement. Je suis assez exigeant avec moi-même…
Au départ, j’ai effectué passablement de concerts avec le VX Crew mais aussi l’Emeute Infernale. Nous avions dans l’idée de sortir un album collectif avec le VX mais il n’a jamais abouti, chacun préférant partir sur des projets solos.
C’est ainsi que je me suis consacré à « Quitte ou Double ». J’ai le sentiment que c’est un bon premier album. J’ai réussi à décrocher un contrat de distribution en Suisse. Même dans l’”indépendant » on peut faire du travail propre. Et les gens qui ont travaillé dessus l’ont prouvé je crois. Avec ce projet, j’ai pu évoluer, me lier d’amitié et collaborer avec un artiste comme Wira, par exemple. L’album, au fond, c’est une carte de visite qui te permet d’ouvrir des portes et de passer de paliers.

Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
J’ai commencé assez jeune, en fait. J’ai pris des cours de piano à l’âge de huit ans et, par la suite, je suis passé à la guitare.

Pourquoi avoir choisi le rap ?
Pour plein de raisons. Tout d’abord, j’ai vécu l’âge d’or du milieu des années 90’. Je suis un « produit » de cette époque. Mes oreilles ont ingurgité ce son, celui de ma jeunesse.
Ensuite, j’avais des bonnes notions musicales, j’écrivais et lisais beaucoup. Et la musique était devenue accessible à tous avec l’avènement du home studio.
Je me suis donc mis à faire des beats et écrire des textes. Ceci faisant, j’ai rencontré des gens qui partagaient la même passion et m’ont permis de me maturiser musicalement.

Quelle a été ta première expérience avec ce style musical ?
Ouhlààà, ça date! Benny B!!! Nan, je déconne. Ahahah!
Je crois que c’est Run DMC. Mais j’ai accroché avec les premiers disques de Cypress Hill, le Wu-Tang… La belle époque… Ensuite, j’ai complètement scotché avec NTM. C’est à ce moment que nous avons monté le VX Crew et que nous avons commencer à enregister au Plan B studio.

Tes sources d’inspiration ?
Franchement, ça va paraître un peu bateau. Mais TOUT.
Chaque petite chose de la vie peut inspirer une chanson. Un livre, un film, une discussion, une cuite, une séparation, un voyage, etc. Après au niveau purement musical, c’est un peu la même chose, il faut écouter de tout pour avoir du recul sur sa propre musique. Personnellement, je trouve des choses intéressantes dans tous les styles.
Pour finir, dans le rap, j’ai un faible pour les beaux textes, ceux qui ont du fond. Je suis prêt à pardonner la forme, mais il me faut du sens. Mais je sais que j’ai des goûts très spéciaux. Après chacun à le droit de faire le son qu’il veut, j’essaye juste de ne pas être aigri et d’apprécier tout simplement.

Quelle est ton actualité en ce moment ? Des projets à venir ?
Je continue à promouvoir l’album que j’ai sorti fin 2010, « Quitte ou Double ».
Parallèlement, je prépare un nouvel opus. Mais cette fois, par contre, j’hésite sérieusement à le lâcher gratuitement sur la toile. On verra. Quoi qu’il en soit ça avance bien, j’ai déjà huit morceaux enregistrés et, franchement, j’aime comme ça sonne (mais là j’ai de la peine à être objectif). Pour le titre, je pense l’appeler « Les mains sales », mais ce n’est pas encore défini à 100 %. Pour les prods, je travaille beaucoup avec Celloprod et Tchek.
Ensuite, j’ai pas mal de projets en relation avec la Roumanie. J’ai sympathisé avec les meilleurs artistes rap de là-bas. En 2010, j’ai pu effectuer quelques collaborations et un concert à Bucarest. En 2011, ça va s’intensifier avec des collaborations sur des albums largement diffusés, des clips, plusieurs dates, etc. Il ne faut pas croire, mais ça bouge vraiment bien à l’Est. Ils ont un véritable « savoir-faire » artistique et surtout c’est, pour la plupart, leur seule chance de s’en tirer. Donc, ils avancent avec la rage de vaincre. À cela, il faut ajouter le fait que les gens soutiennent leurs artistes locaux.

Quels sont les sons qui tournent en ce moment dans ton mp3?
Pas mal de beats pour mon projet. Je sélectionne. Ahahah.
Ben autrement, Nakk Mendosa, le skeud de Booba, du rap roumain… Un peu de ricain aussi, obligé d’écouter le dernier Kayne même si je n’adhère pas trop. Coka Nostra aussi, le matin. Lol. Autrement, j’écoute pas mal de soul et je croche sur Lee Fields.

Le dernier livre qui t’a marqué et pourquoi?
Mon livre préféré: 1984 de Georges Orwel. Un roman d’anticipation, écrit en 1948, qui décrit une société totalitaire où chaque individu est surveillé et empêché de penser. Cette description ressemble terriblement au monde dans lequel nous vivons actuellement. Bon l’auteur n’avait pas pensé à Facebook… C’est un grand livre. Là je lis Charles Bukowski « Journal d’un vieux dégueulasse ». J’adore son style cru.

Et le dernier film?
J’en regarde tellement… Et y’a pas mal de daubes… Le dernier film sur lequel j’ai fait une fixette (je l’ai vu cinq fois) c’est « Old Boy » de Park Chan-Wook. Un scénario de fou et vraiment bien filmé.

Que penses-tu du « rap suisse » ?
La Suisse a joué un rôle déterminant dans le rap français et le rap francophone en général. C’est ici que se sont enregistrés des projets historiques. Après, on a eu un passage à vide. Mais je vois que ça bouge pas mal en ce moment. La révolution numérique a déjà permis aux artistes de se diffuser plus largement. La nouvelle génération maîtrise bien les outils informatiques et peut obtenir du matériel de qualité à des prix accessibles. Ils ont aussi plus conscience de l’importance du travail de l’image. On voit, par exemple, des clips de plus en plus « léchés ». Après, comme partout, c’est la crise au niveau des ventes, donc il faut compenser avec des dates, etc. Le marché a totalement changé, il faut s’adapter c’est tout.
Faire du rap en Suisse c’est un peu absurde, au fond. Mais c’est justement parce que c’est absurde que c’est beau. C’est un peu comme ça que je vois les choses.

Quels sont les inconvénients de la « vie d’artiste » ?
À mon sens, un artiste qui se respecte a, en lui-même, une part d’”exhibitionnisme »: il montre aux autres ce qu’il ressent. Le danger c’est d’être mal compris ou tout simplement pas compris des autres. Il est plus facilement exposé à la critique et au rejet.

Quels en sont les avantages ?
L’avantage c’est d’avoir une passion, de pouvoir s’exprimer et progresser tous les jours. J’aurais pu faire du tunning ou collectionner des timbres, par exemple. Mais j’ai choisi la musique. Je me suis toujours dit que la vie doit être bien triste pour ceux qui n’ont pas de passion et d’objectifs à atteindre. Mon but c’est de faire du bon son, en tout cas, à mon goût.

À ton avis, que manque-t-il pour faire évoluer les artistes « rap » en Suisse ?
Bon déjà, il faut dire que la Suisse est un marché très spécial puisqu’il est petit et divisé linguistiquement.
De plus, historiquement la plupart des grands artistes suisses se sont exprimés en dehors de nos frontières. Ici, il n’est reconnu qu’une fois mort. lol.
Mais malgré cela, je pense sincèrement qu’il est possible de faire une jolie carrière. Je ne crois pas que le problème se situe au niveau de la qualité, car en général on est bien équipé en Suisse.
On a un gros problème pour mettre en valeur les « produits ». Je regarde dans d’autres pays, ils créent véritablement le buzz en se basant sur des structures internes solides. Nous devrions avoir des chaînes de télé, de radio sur le net centrées sur le rap romand, plusieurs sites du type repreZent (désolé Colt lol).
Un événement, ça se crée, une personalité ça s’invente. On n’arrive pas à créer des poids lourds. En Roumanie, par exemple, ils ont réussi à sortir des hits internationaux avec des mélodies quelconques. En une semaine là-bas, on m’a proposé cinq interviews, c’est fou non?
Pour contrebalancer tout ça, il y a aussi la responsabilité de ceux qui font du son d’arriver à faire mieux et se remettre en question parfois.

Si tu avais un conseil à donner à un jeune qui commence, que lui dirais-tu ?
La chose la plus importante c’est le travail. C’est 10 % de talent et 90 % de travail. C’est pas forcément les plus doués qui finissent dans les bacs, mais les plus déterminés. On perd facilement son temps. Il faut savoir s’entourer de gens sur qui tu peux compter.
Finalement, ne jamais perdre ses objectifs de vue.
Le rap m’apprit pas mal de choses sur la vie. Tu as beaucoup de déceptions, tu peux perdre des amis ou te faire larguer par une miss qui ne comprend pas ta passion. Mais au final, c’est aussi cette passion qui te permet d’avoir un équilibre.

En guise de conclusion, ça veut dire quoi repreZenter pour toi ?
Ça veut dire être toujours prêt à défendre ses couleurs. Être fier de son travail et des gens qui t’accompagnent.