Le jeudi 22 juin, les Souls of Mischief viendront donner un concert au Romandie. L’occasion était trop belle pour nous de leur envoyer quelques questions afin de revenir sur leur carrière, mais aussi pour faire un petit état des lieux de la musique et du Hiphop en 2017.

’til infinity, on peut gentiment dire que vous aviez raison là ?
Opio : Haha ! Oui, exactement !

De 1993 à 2017, presque 25 ans… comment vous vous retrouvez dans la scène musicale ?
Opio : Très reconnaissant de pouvoir faire ce que j’aime depuis si longtemps. Les gens aiment et respectent ce que l’on fait depuis plus de deux décennies et continuent… je me sens béni.

Cette année, ’til infinity est joué pendant les finales NBA, repris par Gatorade pour une publicité, vous ressentez ça comment ?
Opio : C’est génial ! Go Warriors ! Je pense que c’est vraiment cool que tant de personnes qui n’ont peut-être jamais entendu ce son y soient exposées de cette manière.

Comment vous définissez-vous en tant qu’artiste en 2017 ? Quelle évolution notable remarquez-vous depuis 1996 ?
Opio : Je crois que le Hiphop est en pleine période de croissance et de développement. La culture arrive à maturité. Il n’y avait pas tant d’artistes qui étaient là depuis 20 ou 30 ans dans les années 90, mais maintenant des groupes comme A Tribe Called Quest (R.I.P. Phife) ou Run the Jewels ne sont clairement pas des adolescents, mais ils arrivent à conquérir une audience très large. Souls of Mischief et Hieroglyphics n’ont jamais essayé de devenir des pop stars mais on aime le Hiphop et je sens que l’amour résonne avec les gens qui supportent notre mouvement. On inspire beaucoup de gens à atteindre des grandes choses et à aider des gens à s’en sortir quand ils traversent des périodes noires. Ça me rend très heureux, c’est quelque chose de vraiment magnifique.

On sent que le rap n’a de nouveau plus peur de se mélanger, qu’il est plus ouvert d’esprit qu’il ne l’était pendant longtemps…
Opio : J’ai toujours été un grand fan de Hiphop et je pense que ses racines sont justement dans le mélange des styles qui permet de créer quelque chose de nouveau. Si l’on veut que la culture progresse et évolue, il faut que des gens soient assez courageux et n’aient pas peur d’expérimenter. Repousser les barrières est un élément clef de la musique dans la culture Hiphop et je ne pense pas que ça s’arrêtera un jour.

D’où une certaine mort du sample peut-être?
Opio : Non, pas du tout. C’est plutôt sur comment on peut être créatif avec des samples. Cette volonté de digger et de chercher dans les plus sombres endroits afin de trouver la musique qui n’a jamais été utilisée avant… Triturer les sons d’une façon nouvelle, fraîche et inventive. Je pense que beaucoup pense que le sample n’est que de prendre la musique d’un autre pour ensuite en tirer tous les mérites, mais ce n’est pas ça.

Pour revenir à SoM, est-ce que tu penses que vous pouvez toucher un nouveau public ?
Opio : Ma passion pour la créativité n’a pas cessé de grandir au fil des années. J’apprécie l’art plus que jamais. Notre musique transcende le temps, c’est infini. Alors oui, je pense que l’on peut toucher un nouveau public.

Et comment vous reçoit ce nouveau public qui finalement n’était pas né quand vous étiez déjà sur scène ?
Opio : Notre art a touché des générations d’amoureux du Hiphop. On a essayé de créer une musique intemporelle avec l’espoir que des gens pourront l’apprécier indépendamment de quand ils sont nés. On a clairement des fans qui sont plus jeunes que nos morceaux, mais on n’a jamais voulu s’éloigner de nos racines. L’essence de ce qui fait SoM unique va toujours rester. Les gens, qu’ils soient jeunes ou âges, vont toujours graviter autour de la qualité et de l’artisanat. Depuis nos premiers albums, quand on était encore des ados jusqu’à maintenant je pense qu’on a su conserver cette énergie qui va toujours résonner chez les plus jeunes.

Vous venez jouer au Romandie, un club rock… vous aimez le rock ?
Opio : On aime tous les types de musique, y compris le rock. Le blues est une partie intégrante de l’histoire et de ce qui est à l’origine du Hiphop. C’est équivalent à la relation entre le blues et le rock, le Hiphop se tient sur les épaules de la black music. La tradition du blues est autant importante pour le Hiphop qu’elle ne l’est pour le rock. J’ai grandi en écoutant Bad Brains, Cream, The Beatles, Black Sabbath, The Dead Kennedys, et la liste est longue. I love rock and roll !

Dans un monde parfait où tout est possible, avec qui enregistriez-vous un morceau ?
Opio : C’est une question difficile. J’ai toujours aimé Curtis Mayfield, James Brown, Bob Marley, Miles Davis. Dans un monde parfait, je fais quelque chose à eux. Le processus de création collaboratif dans l’art m’a toujours inspiré alors pouvoir travailler avec des artistes de ce calibre serait un moment magique.

Souls of Mischief le 22 juin au Romandie. acheter vos billets