repreZent garde toujours quelques interviews dans sa besace, prêtes à être sorties. Aujourd’hui ce n’est rien de moins que Prodigy et Havoc, alors au Royal Arena, qui répondent à nos questions pour un retour aux sources quand ils entendaient Run-DMC pour la première fois.

Retour en arrière, c’est quoi vos premiers souvenirs liés au rap ?
P :Hmmm Run-DMC, LL Cool J… c’est à eux que je dois me premiers souvenirs liés au rap.
H : Moi je pense que c’était Kurtis Blow et Run-DMC.
 
Et tu te souviens de l’effet que ça t’a fait d’entendre du rap pour la première fois ?
P : J’étais bluffé, ça passait dans une radio, j’étais alors qu’un jeune garçon dans mon quartier, je jouais dehors… les sons c’étaient « Sucker MC’s » de Run-DMC et « Rock the bells » de LL. Je me souviens que ma mère m’avait ensuite acheté les deux cassettes. J’étais comme un fou, ce son c’était vraiment bon, j’ai été directement accro au rap après ça.
H : Je me souviens que j’étais un jeune garçon, je ne portais pas encore vraiment attention au rap à cette époque, mais je suis tombé amoureux après ça.
 
Au cours des années, qu’est-ce que le Hiphop vous a apporté ?
H : Le Hiphop m’a offert le monde, je veux dire qu’il m’a fait sortir de mon quartier jusqu’à me faire arriver ici, devant toi. Le rap m’a apporté beaucoup d’expériences, mais aussi un sens à ma vie. Je veux dire quand tu vois tout ce monde qui écoute ta musique, quand tu arrives à toucher les gens… je ne sais pas comment l’expliquer, ça te touche.
P : Il m’a permis de faire ressortir, d’exprimer toutes mes frustrations. Sans le rap je ne sais pas comment j’aurais fait pour faire sortir tout ça, mais ça n’aurait certainement pas été aussi positif pour moi que ça ne l’a été de pouvoir le faire en musique. Le rap m’a permis de faire sortir ma famille de ghetto…
 
Est-ce qu’on peut alors dire, en quelque sorte, que le rap vous a sauvé ?
P : Ça ne fait aucun doute. La musique est ma vie, c’est la vie. Sans elle, comme je te le disais, je n’ai même pas envie de savoir ce que je serais devenu.
H : Oui, je pense que je peux dire que le rap m’a en quelque sorte sauvé, car comme P le disait avant, le rap nous a permis d’exprimer nos frustrations, de décharger tout ce qui bouillonnait en nous. Le rap m’a aussi permis d’éviter pas mal de problèmes, de faire des choses très négatives… Le rap m’a offert très rapidement une carrière, une vie professionnelle. Dans ce sens oui, le rap m’a sauvé la vie.
 
Et s’il fallait définir le Hiphop ?
H : C’est très difficile pour moi de dire ce qu’est le Hiphop, car pour moi le Hiphop c’est un peu tout. Le Hiphop signifie tout pour moi. Le Hiphop c’est un goût donné à la vie… C’est difficile à expliquer si tu ne le vis pas… Le Hiphop c’est un style de vie.
P : Le Hiphop avant tout nous repreZente, le Hiphop repreZente notre peuple, notre culture. Notre musique, notre mode, notre art, notre slang… tout ce qu’on est, ce qu’on fait est repreZenté par le Hiphop, dans le Hiphop. Depuis ses débuts le Hiphop est une repréZentation de qui tu es et de ce que tu fais. Que tu sois en train de danser, de faire des fringues, de rapper, de graffer, d’être dj, etc… C’est une culture globale qui repreZente ta façon de vivre et inversement.
 
Mais cette culture est-elle toujours vivante de nos jours ?
P : Bien sûr, ça ne fait aucun doute même. On est juste passé à l’étape supérieure, on n’est plus cantonné dans notre quartier, notre ville, mais on est mondial…
 
Une dernière question… comme ça fait d’être des légendes vivantes du rap ?
P : C’est un peu bizarre quand même… Je comprends ce que tu veux dire par là, mais je ne me sens pas très confortable avec ça. On fait juste de la musique à notre manière, mais après en y réfléchissant, et quand je regarde en arrière et que je vois tout le chemin parcouru… je n’arrive pas à y croire, c’est juste incroyable.
H : Je prends ça comme un énorme compliment quand on me dit ça, c’est un honneur, mais il faut savoir rester humble comme le disait P, on fait juste notre musique.