L'interview de Common

Parce que chez repreZent on aime vous faire plaisir avec parcimonie, on a gardé en stock quelques petites perles issues de notre dernier passage au Royal Arena, et parce que c’est bientôt Noël on s’est dit que ce serait une bonne idée de vous servir maintenant notre interview de Common. Et puis bon, si on le ressort que maintenant c’est aussi un peu parce qu’on avait envie de faire durer le plaisir et surtout remonter les souvenirs car ce n’est pas tous les jours que l’on peut rencontrer un artiste de cette envergure… Merci encore au Royal Arena car c’est aussi grâce à eux, et une spéciale pour Nico SKGZ qui a su immortaliser l’un des moments forts de ce qui est l’un des meilleurs concerts qu’il nous ait été donné de voir, rien que ça.

Tu as rencontré le Hiphop quand tu avais environ dix ans, est-ce que tu pouvais imaginer, à cette époque, qu’il aurait autant de place dans ta vie ?
Non je ne le pensais pas, c’était juste quelque chose que j’aimais… j’aimais vraiment cette culture, c’était toujours cool. Derek, qui est maintenant mon manager, et moi étions déjà amis à l’époque et je me souviens à quel point nous pouvions étions très heureux quand on voyait tes breakdancers dans des clips, à la télé et ailleurs… Ou quand des films comme Krush Groove, Breakin’ ou BeatStreet sont sortis. Je me sentais connecté à cette culture et voulais vraiment être un MC, un artiste. Mais pour être honnête, c’est surtout Michael Jackson qui m’a donné envie de devenir quelque chose d’autre, je voulais être un artiste comme lui.

« I Used To Love H.E.R » est une lettre au HipHop où tu expliques que tu aimerais qu’elle se trouve. Tu penses qu’elle s’est trouvée ?
Oh oui. Tu sais, j’ai présenté le Hiphop comme une femme, mais je pense qu’elle doit continuer de se chercher et se trouver. Nous sommes des êtres humains, nous grandissons. Parfois, on se sent complet, on sait exactement qui l’on est. Mais parfois il y a des hauts et des bas qui nous font redécouvrir des choses à propos de nous-mêmes, de nous redéfinir. Le Hiphop est comme nous, c’est un organisme vivant. Il y a toutes ces différentes personnes qui participent au Hiphop, toutes ces personnes ramènent un peu d’eux dans le Hiphop, toutes ces choses qui viennent de la vie… c’est ce qui fait qu’il y aura constamment une évolution dans le Hiphop, il sera toujours en train de grandir. Et si l’on peut se trouver soi-même de temps en temps, il y a quand même des moments dans la vie où j’ai ressenti le fait que je ne savais rien mis à part que Dieu existe, et je pense que pour le Hiphop c’est exactement la même chose, on sait qu’il existe.

Dans ton livre, tu dis que tu as l’impression que la musique aurait été différente si Dilla était toujours vivant. Différente de quelle manière ?
Je pense que J.Dilla était l’une des personnes les plus créatives que j’ai pu croiser dans ma vie. Sa musique poussait toujours la barre plus loin, il était toujours en avant. Il a inspiré les plus grands producteurs de notre époque. Il a inspiré Pharrell, il a inspiré Kanye… ce n’est pas des paroles en l’air, il les a vraiment inspirés. J’ai vu tous ces producteurs dire « C’est comme ça que J.Dilla faisait ». Beaucoup de musiciens avec qui j’ai travaillé, de D’Angelo à Questlove, en passant par The Roots, ont été inspirés, ont été influencé par la musique de Dilla. Quand tu as des personnes comme lui, ce genre de leader qui va au-devant, c’est un peu comme un capitaine qui mène son bateau, mais ici c’est au niveau créatif, il pousse les gens à aller plus loin, tout comme Nas l’a été pour beaucoup MC, moi y compris.

Est-ce que tu te souviens de la première rime que tu as écrite?
Oui… Le premier rap que j’ai écrit est écouter ici. Je l’ai écrit quand j’étais à Cincinnati dans la chambre de mon cousin.
Mais le premier rap que j’ai écrit et dont j’étais vraiment très fier est probablement « I Used to Love H.E.R ». Quand je l’ai terminé j’étais là… awwwww… peu importe ce que les gens peuvent en dire, peu importe si la chanson aura du succès ou non j’étais fier de ce morceau, fier d’avoir fait quelque chose comme ça, j’avais vraiment l’impression d’avoir fait quelque chose que personne n’avait fait avant ou ne fera, du moins sous cette forme.

Est-ce que tu penses que le terme repreZent signifie toujours quelque chose aujourd’hui ?
Oui… même si le mot change, repreZenter veut toujours dire « être vrai par rapport à qui tu es, par rapport au lieu d’où tu viens, par rapport à ta vision des choses, à tes émotions ». C’est ce que repreZenter signifie pour moi. À une période de ta vie, tu es jeune, tu peux te dire que tu repreZente ci ou ça et puis ça évolue… Maintenant repreZenter peut dire tellement de choses différentes… Je repreZente Dieu, je repreZente l’Amérique noire, je repreZente ma famille, je repreZente ma mère, je repreZente Common, je repreZente le Hiphop. repreZent veut donc dire beaucoup de choses pour moi !

par Sophia et Mr Seavers