Interview (et concours) Chinese Man

En tournée spéciale pour fêter leurs 10 ans, le collectif français de Chinese Man se produira sur la scène de la salle Métropole de Lausanne le 15 mai. L’occasion pour repreZent de lancer un petit coup de fil à à Zé Mateo, l’un des djs du groupe pour revenir sur les débuts de Chinese Man mais aussi leur présent et leur futur.

 

10 ans… tout d’abord joyeux anniversaire!
Bein merci, merci beaucoup!

Quel regard portes-tu sur ces dix dernières années?
Je porte un regard rempli de joie, de curiosité transformée en expérience et surtout un immense plaisir.

Donc pleinement satisfait de votre parcours…
Oui, on ne s’était vraiment pas imaginé tout ça tu sais, vraiment pas du tout.

L’investissement pour vos premiers 500 vinyles était donc une bonne idée…
(rires) C’était vraiment un bon coup c’est clair! Effectivement quand on a sorti notre premier disque on a partagé avec Sly, High Ku et moi-même on a supporté le coup de cet investissement qui même s’il n’était pas énorme l’était pour nous. Et l’on a visiblement bien fait, car on a pu garder notre ligne de conduite, faire du vinyle, faire du son, être avec des gens qu’on aime bien et faire des expériences donc c’est génial.

D’ailleurs nous aussi on aime le vinyle et c’est pourquoi on propose à nos lecteurs de gagner quelques exemplaires du single « Daniel » de Deluxe. Pour cela on leur demande tout simplement de nous dire quels sont les 3 premiers disques que vous avez sortis et de nous envoyer la réponse à concours(at)reprezent.ch…

Et sinon, dans 10 ans, les Chinese toujours là?
Inch’allah… Pour nous, en tout cas, le projet du groupe est venu un peu un parallèle du projet du label. Initialement on n’était pas dans l’idée de faire un groupe, de tourner, etc., c’est plutôt le projet qui nous a fait nous tourner dans ce sens-là. Je pense que si dans 10 ans on est toujours là, que notre projet tient la route… l’idée c’est de garder la notion de développement, donc on espère oui.

Justement, vous êtes plus qu’un simple groupe de musique…
Oui c’est vraiment un collectif maintenant. On est toujours les 3 fondateurs du projet, sur la partie création, production, orientation artistique on reste un peu les référents. Après autour et dans le projet, des gens se sont greffés, Taiwan a rejoint le projet, Deluxe est sur le label, etc. Tout ça représente un potentiel à faire pas mal de choses, tout le monde à des compétences dans plein de domaines différents. Après on cherche toujours l’histoire, à savoir comment ça s’est fabriqué. Chinese Man s’est fait avec une envie, les valeurs se sont installées au fil des années et en gros c’est tu t’accroches à ces valeurs, qui sont évolutives, pour pouvoir faire partie du projet et suive ce que le mouvement te propose.

Comment ça se passe dans le groupe pour la composition, des beatmakers, djs… ça ne doit pas être toujours évident non?
En fait on fait tous du son de façon autonome que ce soit des mixes, des sélections de samples, de claviers, etc. Après quand c’est pour Chinese Man on se retrouve les 3, on écoute et il faut que cela parle aux 3 pour qu’on continue si un de nous n’aime pas alors on passe. Donc on choisit les samples à l’unanimité, après sur la façon de composer, on a notre méthodologie qui est assez simple… on a des platines, un ordinateur, quelques claviers et ça se fait étape par étape. Le sample, trouver une batterie, trouver un groove, imaginer comment on peut transformer ou non le morceau et on fait les arrangements petit à petit. Mais on est tous les trois dans la même dynamique de travail.

Et vos machines, c’est quoi?
Pour la partie électronique on utilise un vieux logiciel de 1998, c’est là dessus qu’on va poser nos samples… mais après on peut être amener à utiliser live Ableton, Protools, on jongle un peu et puis on a nos platines et nos claviers qu’on a acquis au fil des années.

Ça, c’était pour la partie studio, mais comment faites-vous la transition pour la scène? De cette phase de composition au live?
On prend du temps ensemble pour redécouper les sons et se les dispatcher. Sur les lives c’est Sly qui s’occupe de la base de la structure des morceaux, il va intervenir sur la modulation des sons, sur les cuts. Et nous avec High Ku on se répartit les sons d’arrangements donc les voix, les sons à scratcher, les nappes, des fois ça peut être le sample principal. Et puis il y a aussi un peu de claviers, un peu de sampling… donc voilà, on redécoupe tout et chacun prend sa part. Après maintenant en live on a aussi des musiciens qui nous accompagnent, des mcs, donc il y a aussi tout un travail de réarrangement et de réorchestration qui doit être fait.

Justement, maintenant vous tournez avec des cuivres et des percus, comment ça se passe? Comment ils s’approprient les sons?
On a fait des résidences avec eux… parce qu’il y a quand même des morceaux qu’on tourne depuis quelques années et on avait vraiment envie de les redécouvrir, les retravailler, changer un peu la vitesse, donner un groove un peu différent… et au final avec les sets de percus, notre percussionniste peut créer un univers sonore supplémentaire soit carrément une rythmique supplémentaire donc pour nous c’était vraiment un super choix. Pour les cuivres l’avantage c’est que tu peux aller chercher un nouveau thème et le réintégrer à ton thème principal donc c’est assez merveilleux. Et puis l’apport de musiciens permet d’obtenir des lectures différentes, d’amener quelque chose d’un peu différent à chaque live ce qui n’est pas forcément le cas en utilisant uniquement des platines. On gagne en intensité sur l’aspect mélodique et toute cette dynamique procurée par le fait d’être plus nombreux sur scène.

On parle musique, mais Chinese Man c’est aussi beaucoup d’efforts dans le visuel…
Oui, c’est vraiment quelque chose d’important pour nous. On a toujours apporté beaucoup d’attention à tout ce qui est visuel, ça s’est fait naturellement, on n’a pas eu besoin de forcer les choses parce qu’on est entouré de vidéastes, de graphistes, de gens très créatifs et donc on a tout de suite intégré l’image à nos lives. Et là du coup on est sur un vrai échange avec un nouveau dispositif vidéo, des interactions avec la lumière… tout un ensemble pour pouvoir proposer un véritable univers Chinese Man.

Mais finalement est-ce qu’il ne vaut pas mieux rester tranquillement assis pour profiter de vos lives alors?
Non… tu rigoles? (rires) Non, non, faut pas rester assis! Bon tu pourrais si tu voulais, c’est vrai que ça peut donner l’envie de regarder l’ensemble tranquillement, d’avoir une lecture un peu détachée du show. Mais nous on fait avant tout des lives pour faire la fête. Pour partager un univers qu’on a créée et souvent il est dans des dynamiques, même s’il peut y avoir des tessitures plus douces, plus calmes, c’est souvent parce que derrière on a envie de faire tout péter et de jumper avec tout le monde.

Des sets pour faire la fête donc, ça tombe bien puisque vous venez à Lausanne pour vos 10 ans. Il faut s’attendre à quoi?
Alors il y aura une partie Deluxe qui propose un vrai set avec un band, une partie Chinese avec le nouveau dispositif et le nouveau live, et une fin avec un coplateau où l’on est tous ensemble, on est 16 sur scène et l’on revisite des morceaux tous ensemble avec la dynamique que l’on connaît de nos deux groupes. C’est assez excitant pour nous parce qu’on a vraiment passé beaucoup de temps à bosser tout ça chacun de notre côté, après on s’est retrouvé pour travailler ça tout ensemble et l’on a plus qu’une envie c’est de livrer tout ça à notre public.

Ce concert de Lausanne fait partie de votre «mini tournée» d’anniversaire, il est donc exclusif?
On fait un gros mois de live durant lequel on tourne ce spectacle. Ça peut paraître peu, mais pour un petit label indépendant comme le nôtre c’est beaucoup. On fait quand même ça de manière assez artisanale et on prend tous les risques, mais c’est une belle expérience pour nous.

Avec la sortie de vos prochaines Groove Session…
Ça tombait vraiment à pic en fait, que ça arrive la même année ça vient compléter notre anniversaire. Maintenant notre projet repose aussi sur toutes les productions que tout le monde est amené à faire dans Chinese Man records. On ne prendra jamais un artiste uniquement parce qu’on pense que ça va marcher, mais comme avec Deluxe parce qu’il y a aussi du développement, de la transmission, de l’échange, des rencontres, des projets qui font échos à tout le monde et que tout le monde est prêt à jouer le jeu. La tournée que l’on fait là et celle qui suivra, même si on sera plus ensemble sur la route, elle est très forte en terme de symbolique pour nous parce qu’elle représente une sorte de moment clef… ça fait 10 ans qu’on fait de la musique, ça fait 10 ans que l’on s’entoure, que l’on essaie de vraiment prendre du plaisir sur scène et du coup ça marque un vrai cap pour nous.

Plus d’infos sur leur concert du 15 mai ici.