Je l’ai rencontré alors que je n’étais pas encore un homme. Métissée, son âme m’a tout de suite touché. Elle n’était pas plus old school que moi, juste bien mieux éduquée, alors je l’ai écouté et ses enseignements ne m’ont plus quitté. Sur K7 je cherchais à savoir comment elle m’avait séduit, de disséquer ses techniques pour essayer de les reproduire, découvrir, chercher, trouver… Rapidement j’ai compris qu’elle n’était pas vraiment d’ici, bien trop new-yorkaise pour être de Lausanne, ou était-ce l’inverse ? Fidèle, elle était toujours là pour moi, et moi pour elle… pull out a chair for her, turn on the air for her and just cool out, cool out, and listen to her… Quelque chose nous reliait, comme une soeur jumelle qu’on n’aurait jamais rencontrée. Puis elle est devenue plus officielle, Sebb et Ron T sont partis, première séparation, on était pas beaucoup à l’époque et pourtant, certains déjà disaient qu’elle avait changé, qu’elle avait perdu sa pureté. Moi je ne l’ai pas regretté, l’avenir se regarde en face.

Puis je me suis éloigné, je l’ai remplacé par XXL, The Source, L’Affiche, Radikal… internet. Je n’avais plus vraiment besoin d’elle, mais je gardais quand même un oeil sur elle car tout ça c’était pas qu’une histoire de musique.. about my people she was teachin’ me, by not preachin’ to me but speakin’ to me. Son accent West Coast était plutôt cool, elle savait d’où elle venait, mais aussi où elle était. J’avais des étoiles dans les yeux quand je l’entendais parler avec les grands, j’avais envie d’être elle, d’être avec elle. Ces voix m’étaient familières, ses invités repreZentaient, notre rap avait sa maison. Et puis elle devenue un peu plus R&B, j’étais pas le plus heureux mais elle a fait ce qu’elle avait à faire, tout cela me semblait un peu moins spontané, elle était rodée… I thought it was dope how she was on that freestyle shit, just havin’ fun, not worried about anyone.

I might’ve failed to mention that this chick was creative, once the man got to her, he altered her native… Impossible de se séparer d’elle, de son studio elle a conquis les clubs, elle s’affichait même sur des casquettes, elle était partout. Et alors que je la pensais proche de la mort elle a su se réinventer, un ancien intérimeur est venu lui redonner un nouveau souffle, je me suis dit que plus rien ne pouvait l’arrêter, qu’elle avait trouvé un nouveau rythme de croisière. Visiblement pour certains elle était devenue trop vieille, le poids de l’histoire des uns ne pèse pas grand-chose sur l’autel du besoin de renouveau des autres, qu’ils n’oublient pas que c’est nous qui avons inventé le remix…

Notre chemin commun s’arrête ici, on a fait ce qu’on avait à faire pour notre culture et elle nous l’a bien rendu. Je continuerai de porter Downtown Boogie dans mon coeur, les vieux amants ne se quittent jamais vraiment. De toi je parlerai et nos souvenirs je partagerai, ton âme appartient maintenant à l’histoire du Hiphop mais rassure-toi, on parle toujours en bien de ceux qui sont partis trop tôt.

Bien à toi.

Mr Seavers,
repreZent.ch
et tout le rap romand.