geule blansh j'raconte

Noir, sombre, juste, réaliste et humble. Voici comment on peut résumer le premier album de Geule Blansh « J’Raconte ».

Geule Blansh c’est d’abord un timbre de voix que reconnaissent ceux qui le suivent depuis ses débuts avec le collectif 13 Sarkastick dont sont également issus Di-Meh, Nirmou, Jack ou encore Niamor ce qui situe bien le niveau du mc de Troinex. Mais c’est aussi et surtout un mc à la plume dense qui nous offre ici un album de 18 titres, un particularité à l’heure où ses compères sortent des EPs. Débutant assez logiquement par un morceau de présentation et dans lequel on peut l’entendre rire, profitons-en car ce sera le seul, le monde tel que décrit par Geule Blansh est dur, terriblement réel mais dur.
Véritable introspection, cet album est comme une porte qui s’ouvre sur ce monde flou, à la frontière entre le jeune adulte et l’adolescent qui se fait vieux… Une ambiance particulière s’en dégage très vite, le contexte se précise de titre en titre, la finesse de son stylo impressionne. Ses récits sont cohérents, les titres s’enchaînent comme les épisodes d’une série dont on veut absolument connaître la suite. Et si certains d’entre vous seraient tenter de le chopper en flagrant délit de conneries c’est peine perdue… Geule Blansh parle vrai et ses paroles résonnent en nous. Quand d’autres parlent d’oseille fantasmé, lui parle de ce qu’il connaît.

Une plume équilibrée et précise, qui donne cette impression que tout est simple alors qu’il n’en est rien, le titre « La belle et le clochard » en est un parfait exemple. Et qu’on se le dise : sa simplicité n’est pas naïve pour autant, sur « L’influencé » ou « Ce foutu rap » on peut imager aisément chaque ligne comme une image, le morceau se déroulant devant nous tel un film. Fidèle à lui-même, le rappeur ne prend pas de risque niveau flow, on pourrait alors lui reprocher de ne pas être dans la tendance (du moment qu’il reste dans la bonne direction) mais qu’il sorte ainsi complètement des standards du moment nous offre comme une bouffée de fraîcheur. Désolé pour les amoureux de la trap et autre vocodeur, vous n’en trouverez pas une once dans ce « J’Raconte ». L’album a une petite odeur des années 90 de par sa sincérité et surtout des thèmes précis à chaque titre, chose qui se perd de nos jours mais il est pourtant totalement de son époque, du rap « à l’ancienne » version 2.0.

Si Geule Blansh n’est pas avare de rimes, on compte par contre très peu d’invités sur cet album. On aurait pu s’attendre à croiser des mcs du 13 ou d’autres rappeurs avec qui il a kické par le passé, mais non, il a voulu prouver qu’il pouvait fournir un projet complet et surtout maîtrisé de A à Z. On retrouve quand même l’1’Sang’C et surtout Le Gouffre (collectif de rappeurs parisiens) avec qui il partage le mic depuis pas mal de temps déjà.

En conclusion, Geule Blansh est un mc à (re)découvrir, « J’Raconte » est un album a écouter pour son univers de polar noir qui vous tient en haleine de par les qualités des prods et des lyrics. Mention spéciale et coup de cœur pour le dernier track de l’album « Pour Ceux » produit par Soulchildren, en un mot c’est une bombe.

Genève s’élève.

par Benzo

Pour se procurer l’album en numérique >> Geule Blansh – J’Raconte <<