Notre rencontre avec Dillon Cooper au Royal Arena était un peu improvisée mais elle fait partie de celle qui n’ont pas besoin d’être préparée tant la passion qui l’anime est forte. Cet homme transpire le Hiphop, on lui a donc débuté notre entretien par un retour aux sources et sa première rencontre avec le rap « La première fois que j’ai rencontré le Hiphop… j’étais vraiment très très jeune et c’était en écoutant Kriss Kross… et ouais… je me souviens que je ressentais comme une envie de sauter (rires) ». Rien de bien étonnant finalement vu l’âge de Dillon Cooper, mais rare ne sont ceux qui osent affirmer qu’ils ont connu le rap grâce à Kriss Kross, la plupart des gens que l’on rencontre préférant citer des mcs d’un autre standing. Une première rencontre très formatée donc, quant est-il de la première fois qu’il a réellement ressenti quelque chose en écoutant du rap ? « La première fois que j’ai ressenti une réelle connexion avec un son ça devait être “What’s my name” de Snoop. Doggystyle fait pour moi partie des meilleurs albums de rap. En plus, on est né le même jour donc tu vois, il y a une connexion particulière entre nous (rires). ».

Et ses débuts dans le rap, il s’en souvient ? « J’étais au collège, c’était une école de musique, je jouais beaucoup de guitare à l’époque, mais j’ai toujours rappé, quand j’étais à l’école on rappait toujours avec des amis, et à un moment donné je me suis dit qu’il fallait que je devienne meilleur à ça. Je me suis alors focalisé sur mon rap, je m’enfermais dans ma chambre et je travaillais mon rap, j’écrivais… » Dillon répondait donc à une sorte d’appel intérieur, il ressentait le besoin de faire du rap alors qu’il était plutôt destiné à suivre un cursus musical plus traditionnel, qu’en pensait sa mère ? « Ma mère m’a dit que j’avais une année pour faire quelque chose de moi sans quoi elle ne m’aiderait plus. Ça m’a mis le feu aux fesses pour réussir rapidement (rires)… et ça a fonctionné. » Et si ça n’avait pas fonctionné ? « Ça allait marcher et ça a marché alors je n’avais pas besoin de plan b. J’aime la musique, j’aime jouer, j’aime me présenter sur scène, j’ai toujours fait ça. Toute ma famille savait que j’allais faire ça dans la vie, d’une façon ou d’une autre j’allais être sur scène. »

La scène justement, il en revient au moment de cet entretien, quel rapport entretient-il avec ? « Être sur scène est la plus belle chose pour moi, ressentir l’énergie de la foule c’est quelque chose que l’on ne peut expliquer. » Mais est-ce que cette rencontre se prépare ? Comment se passe la transition entre le studio et la scène ? « J’essaie d’imaginer comment les gens vont ressentir mon son en l’écoutant chez eux, mais aussi comment ils réagiront quand je le joue sur scène, de trouver un moyen de donner 2 vies à mes morceaux. » Faire se rencontrer deux mondes « La scène et le studio sont deux lignes différentes. Être en studio c’est être créatif, c’est… c’est un peu comme aller à la salle et faire ses workouts… avec pour finalité d’être sur scène, de partager tout ce travail avec les gens, de ressentir cette connexion entre nous. ».

Le ressenti, ce besoin de partager est très fort chez Dillon Cooper, du coup on s’est demandé comment est-ce qu’il se percevait, comment est-ce qu’il ressentait la musique de Dillon Cooper « C’est une évolution constante, un processus continu. La musique pour moi fonctionne par cercle. La façon dont je rappe, dont je ressens la musique n’est jamais vraiment la même, elle évolue constamment, j’apprends chaque jour… je suis très curieux de voir ce que je serai dans 20 ans. On a toujours envie de se projeter vers l’avant, de ne pas rester statique et surtout de ne pas revenir en arrière, car à ce moment-là vous n’êtes plus du tout connecté avec le futur. » Se projeter vers l’avant, ne jamais rester statique, voilà qui nous fait penser à l’évolution du rap, un style qui ne s’est jamais laissé enfermer, qui se renouvelle sans cesse. « Il y a pas mal de discussion autour de la trap, de ce qui devrait être le vrai hiphop, mais n’oublions pas que le hiphop reste quelque chose de très jeune, il ne cesse de grandir de façons différentes, il se découvre des styles, différentes façons de décrire son environnement, différents points de vue. Il y a des gens que je ne connais pas qui font ce que l’on appelle du vrai hiphop, d’autres qui font de la trap mais au final ils sont tous connectés d’une façon ou d’une autre avec leur public, ils arrivent à leur communiquer une émotion donc c’est qu’ils font quelque chose de juste. ».

Faire quelque chose de juste, avec tout ce qui se passe actuellement aux États-Unis, qu’est-ce qui lui semble juste ? « Tout ce que je peux dire c’est qu’à la fin de la journée on a tous besoin de plus d’amour. C’est tout ce dont on a vraiment besoin, de plus d’amour, de plus de compréhension. ». Quel rôle devraient avoir les artistes dans ce processus ? « Je ne m’en souviens pas, car j’étais trop jeune, mais je pense qu’il peut y avoir cet effet qu’avait Public Enemy, de dire les choses, de revendiquer, de parler au peuple. Je pense que la manière dont se déroulent actuellement les choses les artistes comme moi doivent utiliser leur voix, leur musique pour parler aux gens, à la manière dont Bob Marley pouvait le faire. Le hiphop a ce pouvoir, toutes les musiques ont ce pouvoir. » On a beaucoup évoqué le Hiphop, mais sans jamais vraiment le définir durant notre rencontre, qu’est-ce que c’est selon lui ? « Le Hiphop est un langage universel, la musique est universelle, mais le hiphop a ce truc en plus, il est mondial, il parle toutes les langues. Je suis en Suisse en ce moment grâce au Hiphop, j’ai rencontré des gens à travers le monde grâce à lui, des gens qui ont appris l’anglais par le Hiphop, qui se sont éduqués à travers le hiphop, c’est pour moi quelque chose d’unique au Hiphop. » Et si le Hiphop se tenait devant nous là, qu’est-ce qu’il lui dirait ? « Hiphop je te remercie de m’avoir donner l’occasion d’exprimer ma personnalité, de communiquer, de pouvoir parler à des gens à travers le monde. Merci de m’avoir permis de voyager, de rencontrer, d’échanger… continue de permettre tout ça! » 
Et pour terminer, et parce que c’est un peu la tradition, c’est quoi repreZent ? « Quand je pense à repreZent je me dis que si tu ne te lèves pas pour quelque chose tu tombes pour tout. Tu dois rester debout pour quelque chose, tu dois te repreZenter, faire ce que tu as à faire. »

On voulait terminer sur ces mots, mais finalement on n’a pas pu résister à l’envie de savoir ce qu’il nous préparait pour le futur, on se quittera donc en regardant vers l’avenir.
« Je travaille actuellement sur un nouveau projet, si tout se passe bien pour la fin de l’année. Ce sera très instrumental, je travaille avec beaucoup de musiciens. Je pense que ça va être très différent de ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant. J’ai besoin d’explorer la musique, de montrer aux gens que je peux faire bien plus que rapper, comme performer, comme artiste. »