Nécessitant plusieurs écoutes, difficile d’accès. C’est de cet acier qu’est forgé « Club de poésie ». Peut-être l’apanage des classiques, serais-je tenté de dire. Projet logiquement ultra-solide du marekageux Deza’Roi, revenu dont ne sait où ; mais à découvrir absolument.
« Mais file-moi une page blanche et je l’alimente/Crache encre et protéine, je sais beaucoup voudraient m’ôter le bic/ Parce que ma poésie flotte loin de vos fosses septiques, mais là où diminue la pression atmosphérique ».
Surréel et métaphysique : Le projet de Deza’Roi fait converger le psychisme en roue libre et ses questionnements. 2 en 1. Dez’ et sa prose talentueuse (le morceau « Métaphysik » est à juste titre une leçon d’écriture) planent quelque part en apesanteur, perdus dans la stratosphère, entre ozone et vapeur d’eau. L’apesanteur, la vraie. Pas une timide poussée d’Archimède qui ferait passer les effets de la force pour une similigravité zéro. Non, ici plus moyen de se repérer dans l’espace, de distinguer le haut du bas : c’est à y perdre la tête. La portée quasi céleste de ce « Club de poésie » en fait une des sorties les plus envoûtantes et réussit de ces dernières années, rien de moins.
De bonnes références risquent fort de faire un bon mc. Et à ce jeu-là, Deza’Roi s’élève à nouveau. De très répandues (illuminatis, Dr. House/Foreman) à relativement pointues (Ra’s al Ghul, Reakwon, « Juvenile Hell », Yellow Stone), elles peuvent le devenir encore plus : Richard Reed, Get Busy, Groove, «Cannibal Holocaust », « Bring the pain » ou encore “Tu parles, ils voudraient qu’on s’encule entre frères/Comme chez Philippe de Villiers”.
On apprécie beaucoup. Un seul obstacle conduit à la redescente sur terre, celui de perdre l’auditeur dans des pensées difficilement détricotables, mais peut-être est-ce un choix délibéré de son auteur. Florilège :
« J’veux m’arracher mais pas en Suisse, comme une dent en or dans les années 40/ Pas laisser mes phalanges chez Allianz » et « Tu me diras que j’suis fou si j’affirme que les proprios de la pyramide préparent une guerre climatique…ou qu’une marée de merde est ressortie du trône britannique » ainsi que « Et moi j’écris sur l’écorche d’un péché/Et si tout n’était pas écrit, la télé ne backerait pas mes phrases/ En même temps, c’est pas une création très saine/Un monde libre, abreuvé de séries policières »
Avis à l’intéressé pour l’éclaircissement de lanterne sur ces 3 morceaux choisis.
Skywalk
Pour écouter et soutenir Deza’Roi, un petit tour sur son bandcamp
Et en bonus, on vous offre le clip éponyme, réalisé par Douves Productions :
Bon alors!
En ce qui concerne la première citation, je fais référence aux nazis qui blanchissaient leur or – provenant notamment de dents ainsi que d’autres objets de valeur appartenant à des juifs – en Suisse .
Je mêle ces tristes faits à mon envie de voyager plus loin que la frontière la plus proche.
Ensuite,
« …Pas laisser mes phalanges chez Allianz »:
Ce qui veut dire que je n’ai pas envie d’être dépendant d’un taf qui me bouffera toute ma vie sous prétexte que c’est lui qui me donne à manger!
En gros, je ne veux pas y laisser ma santé physique et/ou mentale, même en étant assuré!
A noter qu’ Allianz est à la base une entreprise allemande… ça tombait parfaitement vu la phase d’avant.
Pour l’histoire du trône britannique je joue sur la propagande en mêlant une théorie de guerre climatique à venir, à des faits réels que sont la famine (les enfants du tiers-monde au ventre gonflé par la faim) et la dernière marrée noire en date en Grande-Bretagne.
Je compare cette supposition de guerre aux vérités ensuite citées, afin de la rendre aussi certaine et de faire comprendre qu’elle pourrait très bien se produire.
Une « Guerre Des Étoiles » qui serait orchestrée par nos amis les Illuminatis, et qui prendrait racine en Alaska, au sein du site scientifique et militaire HAARP.
Un programme qui en dehors de ses recherches viserait à utiliser le climat à des fins funestes.
Enfin bref!
Pour finir c’est une interprétation plus personnelle que j’ai faite d’une chose qui m’échappe autant qu’elle m’amuse:
« …Mais si tout n’était pas écrit la télé n’ backerait pas mes phrases… »
Je parle ici de ces coïncidences lorsqu’on dit ou pense à un mot et qu’on l’entend simultanément à la télé, la radio… ou prononcé par une personne à quelques mètres de nous.
Pour moi ça pourrait signifier que cet instant était prédestiné, et que ces balises seraient là pour guider les moins confiants en terme de destin.
Ça m’arrive aussi quand j’écris ou que j’rap.
Mais comme d’un point de vue « terrestre » et rationnel je n’ai pas de preuve concrète de ce que j’avance et que pour moi comme pour beaucoup d’autres la télé n’est sans doute pas le meilleur émetteur de signes divins, je laisse aussi une opposition planer.
(« …En meme temps c’est pas une création très saine… »
Ce qui m’amène à la dernière mesure du refrain,
« …Un monde libre abreuvé d’ séries policières. »
Je trouvais ça intéressant de faire le parallèle entre le monde libre dans lequel on « semblerait » vivre, et l’abondance de séries policières, synonyme donc d’enfermement!
Pour ce qui est de « l’écorce d’un péché » disons que j’ai eu des cas de conscience vis à vis de certains de mes écrits.
Voilà, j’espère que ces explications vous auront éclairé!
Deza’Roi (Marekage Streetz)
Woa,j’en attendais pas tant! merci pour les précisions 🙂
Ok ben ça valait la peine que je demande: j’étais passé à côté du rapprochement dent en or/nazi. La merde du trône britannique, je voyais absolument pas à quoi elle faisait référence et « l’écorce d’un péché »,il me manquait cette précision. Sinon, j’avais cerné le reste. Quand tu veux pr l’itw sinon.
Perso j’aurai une petite question en plus, qui porte sur la phrase de début de « Dimanche Soir »: « Faut pas chercher plus loin, savoir s’arrêter pour pas givrer comme iron-man… ». Un ami s’étant fait cette réflexion en l’écoutant, se demandait si c’était une référence/opposition directe avec « Icar-Ailes de cire-Soleil »…? Si oui, c’est très très bien vu! Si non, c’est bien vu aussi haha!!! bref, Bic up!
ahah de rien! Ok cool pour l’interview j’te redis quand j’peux.
RaideLabel j’allais te répondre sur FB d’ailleurs!
Ton pote a bien développé ça. Est ce qu’il en est revenu givré?!
Effectivement ça se rapproche de ce que j’ai voulu dire même si c’est pas cette référence qui m’est venue.
En fait ce soir là j’ai fait une crise d’angoisse et j’ai mis ça sur le compte de ce qui était sans doute ma « quête de vérité », ou plutôt de ces « gens/démons » dont je pensais avoir trop parlé, et qui d’après moi
tendaient à me manipuler!
Je suis alors sorti et j’ai écrit ce texte en marchant toute la soirée.
La comparaison avec Iron Man est inspirée de la scène dans laquelle il veut aller beaucoup trop haut et que son armure commence à givrer.
D’où l’image de devenir « givré » à vouloir tout savoir.
Pour ce qui est de l’opposition cire/givre j’y avais pas pensé!
Voilà pour cette phase!