Si le rap a véritablement explosé tant aux USA qu’à travers le monde vers la fin des années 80, cela ne l’empêche pas de traverser une période difficile. En effet, de nombreux incidents se produisant lors de concert viennent ternir le tableau, mais aussi et surtout construire une image négative du rap. Les médias s’emparent du sujet, mettant en avant les dangers pour le public de se rendre à un concert de rap… Et ils n’ont pas vraiment tort. On dénombre 40 blessés graves lors d’un concert finalement annulé de Run-D.M.C en Californie alors qu’au même moment à Brooklyn un jeune de 14 ans est tué d’une balle dans la tête lors de la Monster Jam ’86. Deux ans plus tard, des débuts d’émeutes survenues lors d’un concert dans le Queens serviront de justificatif au bannissement du rap dans le Nassau Coliseum. Une agression fatale à l’arme blanche aura lieu lors d’un concert d’Eric B & Rakim, Doug E. Fresh et Kool Moe Dee. De nombreuses autres agressions au couteau ont été déclarées quelques semaines plus tôt lors d’un concert de Run-D.M.C. En réponse à ces événement, le cofondateur de Boogie Down Productions, KRS-One décide, en collaboration avec l’auteur et journaliste Nelson George et Ann Carli de Jive Records, de sortir un morceau dans lequel ils demandent aux mcs de se rassembler afin de restaurer l’ordre dans les rues où le Hiphop vit. Le morceau « Self Destruction » était né. Le mois suivant la sortie du son, le clip sera tourné à Harlem, dirigé par Ralph McDaniels et Lionel « Vid Kid » Martin.
Parallèlement à tout cela, McDaniels prépare un documentaire d’une heure sur les origines du son et de la vidéo, incluant le témoignage de George, l’une des victimes du concert du Nassau Coliseum. On y retrouve également les commentaires des participants au clip tels que Delite de Stetsasonic, Kool Moe Dee, MC Lyte, Heavy D, Chuck D et Flavor Flav de Public Enemy ou encore Kool DJ Red Alert. Et si l’on vous en parle aujourd’hui, c’est parce que McDaniels vient d’uploader ce documentaire qui 30 ans plus tard garde toute sa force et tout son sens comme vous pourrez le constater.

L’un des passages les plus marquants du son est sans conteste l’œuvre de Kool Moe Dee lorsqu’il rappe « I never had to run from the Ku Klux Klan / And I shouldn’t have to run from a Black man ». Kool Moe Dee nous livre une explication de texte à la 29e minute : « They’re just going for theirs like, I’m going to get as much jewelry or as much as I can, and they’re not looking at what they’re doing to the race as a whole. » D-Nice nous explique également la manière dont il a abordé la production du son « It took me two days to mix it ». « I stayed in the studio for about 36 hours straight just to make sure that everybody on the record could have their own spotlight even though they were already established artists », « But I wanted to make it seem more than just everybody’s rapping on this one record, so I’d switched the beat under…like if Public Enemy was rapping, I’d put ‘Funky Drummer’ because they’re known for using ‘Funky Drummer.’ I put ‘Talking All That Jazz’ while Stet’ was rhyming, and the same thing goes for Lyte and Heavy D. »

On retient également les commentaires de Nelson George qui nous parle de la commercialisation de la violence à Hollywood et plus généralement dans la pop culture américaine: « The idea of Stop The Violence, Self-Destruction, putting those ideas out in a world where kids are confronted by Rambo and images of violence is celebrated, not by Black media but the mainstream of Hollywood, and try and give them something else to deal with. » ou encore « When you talk about violence, when you see a rapper in a video with a gun, he doesn’t have a gun necessarily because the dope-man has a gun. He has a gun because everything in American culture tells him that to be a man is to have a gun. That to be Sly [Stallone], that to be Arnold [Schwarzenegger], to be even Eddie Murphy, to be any of these icons of the culture, to be John Wayne, Don Johnson, is to have a gun and to force your will through violence. » Puis il continue « That’s the kind of mentality we’re fighting. We’re not just fighting a ghetto mentality, at all. We’re fighting a cultural mentality that’s celebrated every Saturday night in this country. »
Et si 30 ans plus tard il semble que rien n’a vraiment changé, il est important de se souvenir qu’il est important que la communauté Hiphop s’unisse afin de faire évoluer les choses dans le bon sens, de retrouver un semblant d’unité afin de rendre positif notre environnement, pas seulement pour défendre une culture, mais surtout pour aider nos semblables.